Les Outre-mer malgré l’hétérogénéité juridique, démographique, culturelle, économique et sociale demeurent confrontés à des difficultés communes à l’instar des taux de chômages et de pauvreté systématiquement plus élevés que dans l’Hexagone. « Au regard des difficultés que connaissent les établissements d’enseignement supérieur dans ces territoires, il est important que l’allocation des moyens soit suffisante et répartie de manière équitable, ce qui n’est pas toujours le cas », indique la chambre régionale des comptes (CRC) dans un communiqué.
L’Université de Mayotte doit davantage se structurer pour être plus efficiente
L’UMAY est aujourd’hui installée sur un site unique de 2,3 hectares avec une surface utile brute de près de 4.000 m². Elle propose une offre de formation pluridisciplinaire structurée au sein de quatre départements de formation et de recherche : droit, économie, gestion ; lettres et sciences humaines ; sciences et technologies ; et sciences de l’éducation. Avant sa transformation en EPSCP (établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel) sur le modèle d’un institut national universitaire, le statut de CUFR ne lui permettait d’être accrédité pour des diplômes nationaux, qui sont dès lors délivrés par des universités partenaires dans des conditions fixées par convention. Devenu depuis le 1er janvier 2024 un EPSCP, dénommé « Université de Mayotte » (UMAY), il accueille désormais près de 2.000 étudiants.
Les services proposés aux étudiants sur le territoire se sont renforcés depuis le 1er janvier 2023, avec la transformation du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de La Réunion en Crous La Réunion-Mayotte et l’ouverture d’un bureau local implanté au sein de l’UMAY. Toutefois, « le territoire manque de solutions d’hébergement pour les étudiants », note la CRC. En outre, l’activité de recherche est limitée sur l’archipel, constate la Chambre. « Seuls deux organismes sont représentés : le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). De fait, l’UMAY représente l’essentiel des chercheurs sur le territoire (30 maîtres de conférences et deux professeurs des universités) et constitue un acteur incontournable en matière de recherche. Elle n’est toutefois pas encore identifiée comme tel et doit renforcer son ancrage ».
Aussi, la Cour encourage l’UMAY à cibler prioritairement des formations centrées sur les besoins du territoire. Ainsi, « le suivi et la mise en œuvre des conventions avec les universités partenaires pourraient néanmoins être améliorés. La convention avec l’Université de La Réunion portant sur les masters métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) pourrait en particulier être simplifiée à l’occasion de son renouvellement en 2024. Le nouveau statut de l’UMAY doit également être l’occasion de poursuivre la structuration du département de formation, de renforcer le pilotage de l’offre et des dispositifs d’accompagnement à la réussite des étudiants. L’établissement a indiqué être en train d’élaborer un schéma directeur de formation initiale et continue pour la période 2024-2040 tenant compte de la démographie étudiante, des contraintes de locaux, des schémas régionaux d’enseignement supérieur ainsi que des priorités du territoire en termes d’orientation et d’insertion. Cette approche intégrée semble en effet indispensable ».
La CRC remarque enfin que les locaux sont saturés depuis plusieurs années alors que les effectifs de l’établissement continuent d’augmenter. « La contrainte d’espace obère la capacité à développer tant des activités de formation, que de recherche, qu’en faveur de la vie étudiante. Si la saturation des espaces rend indispensable la construction de nouveaux locaux, ces opérations sont néanmoins un point de vigilance : leurs financements ne sont pas sécurisés, la réflexion sur l’usage des nouvelles surfaces est insuffisante, et l’augmentation des coûts de fonctionnement et des besoins logistiques n’est pas anticipée. L’adoption d’un schéma pluriannuel de stratégie immobilière, aujourd’hui manquant, est une priorité ».