26.8 C
Mamoudzou
mardi 4 mars 2025

Tribunal judiciaire : Quelles peines pour les personnes atteintes d’un handicap mental ?

Un jeune homme comparaissait ce mardi pour agression sexuelle imposée à une mineure de moins de 15 ans qui n’était autre que sa nièce. En outre, le prévenu était atteint d’un handicap mental rendant parfois difficile la tâche du tribunal pour juger cette affaire.

Les faits remontent à plusieurs années maintenant lorsque le rectorat de Mayotte fait un signalement auprès des autorités concernant une fillette qui a été agressée sexuellement par son oncle quelques années auparavant, lorsqu’elle avait 3 ou 4 ans. En effet, c’est lors d’une sensibilisation sur le thème du harcèlement sexuel faite en milieu scolaire que la jeune fille a commencé à faire des crises d’angoisse pendant le cours. Ne se sentant pas bien son professeur lui dit de se rendre à l’infirmerie et c’est là qu’elle avoue, en pleurs, à l’infirmière qu’elle a subi une agression sexuelle étant plus jeune. Des souvenirs ont soudainement ressurgi puisqu’elle aurait dit à l’infirmière : « mon oncle a fait des choses… ».

Mayotte, scooter, accidents
Le prévenu était accompagné de son tuteur à la barre du tribunal

Elle ne voulait pas porter plainte car son oncle est handicapé mental, de plus, il n’avait jamais recommencé et était gentil avec elle. En mai dernier, elle est auditionnée par les enquêteurs à qui elle va raconter qu’étant petite elle restait chez sa grand-mère pendant que ses parents travaillaient. Un jour elle a voulu rentrer chez elle pour attendre ses parents (ndlr, toute la famille habite dans le même bâtiment) mais qu’étant trop petite pour ouvrir la porte c’est son oncle qui l’a aidée, puis ils seraient allés tous les deux dans la chambre… Selon les conclusions des médecins qui l’ont examinée par la suite, elle avait « tous les symptômes d’une victime de violences sexuelles durant son enfance ».

Un prévenu difficile à juger

Dans cette affaire, au-delà du fait que l’agresseur est un proche de la victime et qu’ils vivent encore actuellement dans le même bâtiment, la difficulté résidait dans le fait qu’il est atteint d’un handicap mental. Lors de l’audience son tuteur était à ses côtés afin d’être sûr qu’il comprenne ce qu’on lui reprochait et de pouvoir répondre aux questions du tribunal. Par moment ce fut assez laborieux puisqu’il ne souhaitait/ ne pouvait pas répondre ou bien ne se rappelait plus des faits, déconcertant plus d’une fois les membres du tribunal. Les experts, psychologue et psychiatre, qui ont examiné le prévenu en ont conclu « qu’il était conscient de son geste malgré sa déficience mentale, et qu’il en avait honte ».

Pour la procureure, Fanny Gauvinsp, « Cette audience est un peu déconcertante, le prévenu est taiseux… », puis elle a rappelé à l’ordre son tuteur afin qu’il ne réponde pas à la place du prévenu, « Il va au-delà de son rôle, il n’est pas son avocat ! Je veux que le prévenu réponde lui-même à mes questions », a-t-elle insisté. Autre complication dans cette affaire, le prévenu avait reconnu les faits lors de son audition devant les enquêteurs ainsi que devant les experts médicaux. Or à la barre, il n’avait pas l’air de bien comprendre et faisait preuve de mutisme. Difficile donc pour le tribunal d’avoir un avis précis.

Le prévenu encourait jusqu’à 10 ans de prison

Dans son réquisitoire, la procureure a rappelé que la peine encourue était de 10 ans de prison pour de tels faits. Toutefois, elle a pris en considération le handicap du prévenu et n’a pas sous-estimé le traumatisme subi par la jeune fille. « Elle a été victime d’une injustice… Il faut lui permettre de se reconstruire maintenant, c’est le but de cette audience… Aussi ce sera une peine d’avertissement ». Elle a donc requis 3 ans de prison avec sursis, l’impossibilité d’exercer une activité bénévole ou autres avec des mineurs, une inéligibilité pendant 5 ans, et l’inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).

Dans son délibéré, le tribunal a considéré que le prévenu était coupable des faits qui lui étaient reprochés et a suivi entièrement les réquisitions du ministère public.

B.J.

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Cyclones Chido et Garance : des phénomènes climatiques dévastateurs aux impacts contrastés

Le 14 décembre 2024 et le 28 février 2025, le cyclone Chido à Mayotte puis le cyclone Garance à La Réunion ont frappé l’océan Indien, provoquant des répercussions extrêmes sur ces deux départements français, l’un apportant des pluies dévastatrices, l’autre des vents dignes d’une tornade géante.

Transport scolaire : « Notre objectif est que tous les bus soient équipés avec des vitres en polycarbonate à la prochaine rentrée scolaire »

Le directeur de Transdev Mayotte, Frédéric Delouye, s’est entretenu avec le JdM pour faire un bilan de l’année 2024, tracer les priorités pour 2025, mais aussi évoquer les caillassages encore trop nombreux.

Les aides post-Chido votées par le Conseil départemental lors de sa séance plénière

Après avoir été suspendue en raison du malaise de Daniel Zaïdani, vendredi dernier, le Conseil départemental a terminé ce lundi 3 mars, sa séance plénière. Plusieurs mesures pour aider les personnes âgées et les personnes en situation de handicap ont été votées.

Date de début du Ramadan : pas de choix à géométrie variable implore le Ré-MaA

Alors que commence un mois de prière et de travail sur soi, des dissensions se font de nouveau jour sur la date de début du mois sacré à Mayotte. Avec la crainte d’une influence extérieure venue des Comores.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com