L’élection de Rachadi Abdou (divers droite) à la tête de la commune de Kani Keli en juin 2020 par 11 voix d’avance sur son challenger, avait été annulée par le conseil d’Etat, avant qu’il soit de nouveau confirmé par les urnes en 2021.
Sa gestion est jugée défaillante à l’issue d’un contrôle budgétaire de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) puisque le compte administratif de la commune, qui permet de vérifier que les dépenses annoncées lors du budget primitif sont bien celles réalisées, fait apparaître pour 2023 un déficit égal à 107 % des recettes de la section de fonctionnement.
Problème, le budget primitif de 2024 a été voté « en équilibre apparent » par le conseil municipal. Les services de la préfecture ont alors demandé à la CRC de contrôler la sincérité des montants mentionnés. Bien vu, puisque l’avis du contrôle budgétaire corrige les sections de fonctionnement de la commune et d’investissement. La première apparaît en déséquilibre de 408.621 euros, et la seconde, de 6,8 millions d’euros, soit un budget 2024 en déséquilibre global de 7,3 millions d’euros. Conséquent sur un budget de 32 millions d’euros.
Difficulté supplémentaire, la saisine étant tardive, la commune ne pourra appliquer les mesures de la Chambre pour résorber son déficit cette année, mais en 2025.
La bourse ou les aménagements
Cette dernière émet un prévisionnel de retour en équilibre du budget qu’en 2028, et ceci à la condition de faire entrer 500.000 euros supplémentaires dans les caisses. Pour cela, vue la situation, une seule solution, taper dans le porte-monnaie des contribuables, avec une recommandation d’augmenter la taxe foncière de 34%, la taxe d’habitation de 45% (qui ne subsiste que pour les résidences secondaires) et celle sur les propriétés non bâties, de 16%. Les électeurs de Rachadi Abdou apprécieront.
Si le maire ne veut pas accroitre les taxes dans cette proportion, il peut aussi « différer dans le temps certaines opérations d’équipements » de la commune.
Quant à savoir pourquoi Kani Keli est dans cette situation, la réponse tient en partie dans sa mauvaise gestion de l’engagement des dépenses et des recettes d’équipement, « avec des projets d’une telle envergure, elle gagnerait à se doter d’une gestion pluriannuelle de ses investissements par le procédé des autorisations de programme et crédits de paiement », indique la CRC.
En lien avec cette difficulté de gestion, la commune peine à honorer ses échéances de remboursement de sa dette, induisant des pénalités qui accroissent les charges financières, « un critère alarmant supplémentaire », conclut la Chambre.
A.P-L.