Empire capital Investissement, l’accès au financement basé sur le chicoa

Pour accéder à des sommes qui peuvent aller jusqu’à 1.000 euros pour répondre à des besoins financiers exceptionnels, pas d’intérêt, mais une cotisation dans un esprit de financement participatif. A l’origine du dispositif, deux Mahorais qui comptent bien le généraliser hors les murs.

Si le nom de l’entreprise de Nomani Boinaidi et Rénaldi Ngikila, Empire capital Investissement (ECI), sonne comme une multinationale, c’est tout au contraire vers les petits qu’elle se tourne, en proposant un financement solidaire des projets. Les deux amis mahorais sont partis de la pratique très ancrée culturellement du chicoa, pour proposer le même principe au plus grand nombre.

Le chicoa est mis en place au sein d’une communauté, et permet par un système de cofinancement, d’avoir accès chacun à son tour à des sommes importantes, pour financer par exemple, les grands mariages. Ce n’est pas l’objectif ici, mais seulement la méthode qui est retenue.

« Nous fonctionnons sur un principe d’abonnement qui correspond au chicoa. Chaque personne porteuse de projet ou qui a simplement besoin d’un financement plus important que ce dont elle dispose, peut adhérer à ECI, explique Rénaldi Ngikila. Il cotise pendant une certaine période, ce qui lui permet un déblocage des fonds ». Plafonnées à 1.000 euros, les sommes sont obtenues après une période de latence, « ça peut aller jusqu’à 8 mois dans le cas de l’abonnement Gold pour obtenir 1.000 euros ».

C’est une aide à l’épargne en quelque sorte, ou à provisionner en cas de besoin d’argent. « Bien sûr, aucun intérêt n’est appliqué, c’est vraiment la contribution par abonnement qui permet de débloquer les fonds ». Et on a vu que les remboursements des chicoa étaient très bons puisqu’ils avoisinent les 100% étant donné qu’il s’agit d’une communauté qui se connaît.

Des voyages à tarifs préférentiels

A chacun son montant d’abonnement adapté à ses besoins

Pas de partenariat financier avec des banques donc, « l’objectif c’est d’épauler les jeunes ou ceux qui n’ont pas accès aux prêts bancaires justement ». Ce ne sont pas forcément des projets qui seront financés, « ça peut être un étudiant qui n’arrive pas à payer son voyage en métropole aussi bien que celui qui veut créer son entreprise de lavage de véhicules ». Pour cela, Nomani Boinaidi et Rénaldi Ngikila, tissent un réseau.

Avec notamment le cabinet Etudes Ingénierie Conseil (EIC) qui va apporter son expertise, ou encore avec Broke And Abroad, une plateforme de voyage « créée par des jeunes franco-africains », qui a pour objectif de rendre le voyage plus inclusif et plus accessible à un public oublié par les acteurs traditionnels du tourisme, comme les 18-35 ans, jeunes étudiants, jeunes actifs. « Elle permet de bénéficier de tarifs de voyage préférentiels ».

Et les deux potes ont eux aussi de l’expertise à apporter au regard de leur profil. Après une scolarité effectuée à Mayotte au collège de Doujani puis au lycée Bamana pour Rénaldi Ngikila, 25 ans, qui a ensuite décroché un BTS puis une licence de Commerce international. Nomani Boinaidi a effectué sa scolarité à Sada, après une licence pro Management et Gestion des organisations, il poursuit actuellement en Master.

Le chicoa est traditionnellement utilisé pour financer les grands mariages

ECI se rémunère sur les frais de dossier. « En fonction des sommes empruntées, ils peuvent être de 3,50 euros ou 6,50 euros par mois, et s’arrêtent à la fin de la cotisation. »

C’est un dispositif qui doit coller à la réalité de Mayotte, mais pas seulement jugent-ils : « Nous souhaitons le dupliquer dans l’ensemble des DOM où les habitants ont les mêmes problèmes qu’à Mayotte d’accès à des montants qui permettent de débloquer des situations, et pourquoi pas, en métropole. »

Actuellement, le projet est en phase de lancement, axée sur la communication, « essentiellement sur les réseaux sociaux, et d’ici deux semaines, nous mettrons un numéro de téléphone à disposition. »

Anne Perzo-Lafond

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