Le président des Comores a fait sa première apparition en public, sept jours après l’attaque au couteau dont il était la cible dans une localité de la Grande Comores. Azali Assoumani était absent à la traditionnelle célébration de la cérémonie marquant la célébration de la naissance du prophète, le Mawlid officiel du gouvernement, le dimanche 15 septembre à la Place de l’indépendance à Moroni. Une première depuis 2016. Il a aussi reporté le Conseil des ministres qui a lieu traditionnellement le mercredi.
Une sympathie à l’égard du président Azali
Deux évènements qui ont alimenté les spéculations et les fantasmes sur son « empêchement » supposé dans l’exercice de ses fonctions. La constitution n’a pas déterminé clairement une situation précise et un délai d’inexercice pour assimiler l’empêchement en question et statuer sur le cas en l’espèce. L’apparition en public du dirigeant comorien, six jours après l’attaque au couteau, a mis fin à ces spéculations. Azali Assoumani a dirigé le Conseil des ministres pour marquer la continuité de sa fonction. On ignore toutefois si le dirigeant comorien se rendra à New-York pour assister à la 79eme session de l’Onu déjà ouverte cette semaine.
La tentative d’assassinat du président des Comores a été vivement condamnée par presque toute la communauté internationale, à travers des communiqués officiels relayés par la presse comorienne et étrangère. Des messages de réconfort et de soutien ont également été enregistrés par les services du palais de Beit-Salam. Le chef de l’Etat comorien a bénéficié de la sympathie, notamment de ses collègues africains, entre autres, et de nombreux dirigeants d’organisations régionales et internationales comme, entre autres, l’Union africaine, l’Organisation de la Conférence islamique (Oci), la Ligue islamique mondiale (Lim), la Commission de l’Océan indien (COI) à travers la délégation des Comores.
Des suspicions sur la mort du jeune gendarme
La classe politique comorienne a presque condamné à l’unanimité la tentative d’assassinat du président Azali Assoumani, qualifié de « lâche et de barbare ». Mais des voix s’élèvent aussi pour exiger des réponses sur les circonstances ayant entrainé la mort d’Ahmed Abdou alias « Fanou » dans sa cellule d’isolement quelques heures après avoir été maîtrisé par les forces de sécurité du pays. Le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid, a annoncé que les enquêteurs ont découvert son corps inanimé dans sa cellule, refusant de livrer des détails et promettant de communiquer des informations « une fois reçu son certificat de décès ».
Des hommes politiques et des organisations de la société civile comorienne ont un niveau de suspicion élevé sur le décès d’Ahmed Abdou en cellule. Le jeune militaire avait des troubles mentaux qui altéraient ses capacités cognitives, selon une source confirmée par le parquet de Moroni. Des Comoriens, avides d’informations sur les conditions de sa garde-à-vue, ne connaissent pas officiellement les circonstances de sa mort. Des partis politiques ont profité pour rappeler avec regret des cas de décès de personnes, en prison ou pendant leur garde-à-vue, et appellent à la transparence de la justice, demandant « un dialogue national » pour réconcilier les Comoriens et assoir de bonnes pratiques en matière de bonne gouvernance et de respect de l’état de droit.
A.S.Kemba, Moroni