Ne pas savoir peut coûter cher
Le 2 août 2024, peu avant l’aube, alors qu’il a bu plusieurs cocktails d’alcool à base de vodka et de red bull, un jeune homme de 20 ans se rend au domicile d’un dénommé Atchoupi à la recherche de son frère. Avec insistance, l’individu demande à un adolescent de 14 ans, présent sur place, s’il sait où se trouve son frère. Alors que le jeune homme ne peut répondre, l’homme gifle l’adolescent et le blesse grièvement au bras à l’aide d’un couteau récupéré à son domicile, alors que l’adolescent tente de s’enfuir par la fenêtre. Prévenus de l’altercation, les gendarmes interviennent et interpellent le prévenu.
Un prévenu anciennement victime
Avoir agi sans réflexion préalable et sous l’effet de l’alcool, sont les seules explications du mis en cause, dont la gravité du geste surprend d’autant plus le tribunal, qu’il a lui-même été violemment agressé, quelques mois plus tôt : « La victime pouvait ne pas savoir où était votre frère, pourquoi être allé chercher un couteau chez vous et avoir blessé cet adolescent alors qu’il tentait de fuir ? », demande le président du tribunal. « J’ai fait ça sans réfléchir (…) Je ne sais pas ce qu’il m’a pris (…) C’était pas pour le tuer », explique le prévenu, qui avait perdu un rein, lors d’une précédente altercation. « Comment expliquer cela, vous qui avez été victime de violence, vous devenez aujourd’hui l’agresseur », s’étonne le tribunal.
Des problèmes d’alcool non avoués
En couple et bientôt père pour la première fois, le jeune homme de 20 ans aurait absorbé une grande quantité d’alcool, par simple ennui et sans objectif initial : « Si je travaillais, peut-être que la nuit je dormirais oui, donc je n’aurais pas fait ça », explique-t-il après une question de son avocat, Me Dedry. D’après son conseil, son inactivité professionnelle serait à l’origine de cet excès de violence : « Les faits sont graves, certes. Mais mon client a un problème d’alcool et d’inactivité. Si on trouve une solution à ces deux problèmes, pour moi ce Monsieur on ne le reverra plus ici. Il faut l’occuper. »
La justice ne le connaissait pas
Le comportement du prévenu a d’autant plus surpris le tribunal que celui-ci n’était pas connu de la justice. « On a du mal à comprendre ce qu’il s’est passé. La dispute part de quelque chose qui n’existe pas, sauf dans sa tête (…) Un tiers calme les choses et ça ne va pas suffire, malgré le fait que sa compagne soit enceinte, qu’il ait été agressé (…) C’est étonnant car il n’est pas connu de la justice », s’interroge le parquet. Les réquisitions du ministère public de condamner le prévenu à 18 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de 24 mois, d’une obligation de travail, d’une obligation de soins pour traiter ses addictions, d’une obligation d’indemniser la partie civile et d’une interdiction de porter une arme, pendant toute la durée du sursis probatoire, ont été suivies par le tribunal.
Mathilde Hangard