« Le bilan de ces 2 mois et demi d’opération Place Nette est globalement positif car nous avons fait plus avec moins de moyens », a déclaré le préfet François-Xavier Bieuville aux journalistes au sortir de la 3ème conférence de sécurité avec les élus mahorais. « L’un de nos objectifs était l’interpellation de 60 chefs de bandes, en réalité des cibles prioritaires désignées par le procureur de la République. Nous en avons en fait interpelé 100 depuis le début de l’opération, dont quelques mineurs », s’est-il félicité en confirmant également la mise en place d’une « nouvelle stratégie » par rapport à l’opération Wuambushu de l’année dernière.
Autre point positif : 4.200 étrangers en situation irrégulière ont pu être reconduits à la frontière. La plupart aux Comores car, malgré la fixation émotionnelle d’une partie de la population contre les migrants venus d’Afrique continentale, la principale filière d’immigration clandestine à Mayotte reste bien la filière comorienne. Ce qui ne veut pas dire que l’Etat néglige la filière africaine, plus récente. François-Xavier Bieuville a en effet annoncé que l’Etat avait initié un travail avec les autorités du Congo Kinshasa « pour l’identification de leurs ressortissants et la délivrance du laissez-passer consulaire, document sans lequel toute reconduite est impossible ». Cinquante personnes ont ainsi été reconduites vers le Congo Kinshasa au cours de l’opération Place Nette. « Nous souhaitons prochainement étendre ce dispositif au Burundi, à la Tanzanie, au Rwanda et tenter aussi de l’étendre à la Somalie », a annoncé le préfet.
« L’objectif décasage » retardé
Le bilan est un peu moins positif concernant les décasages, puisque seulement 650 cases ont été détruites au cours de ces 2 mois et demi d’opération, contre les 1.300 visées. « L’objectif était sans doute trop ambitieux, mais je pense néanmoins qu’il sera tenu d’ici la fin de l’année », a déclaré le préfet. Ses services se sont heurtés à plusieurs problèmes : le refus de beaucoup habitants d’être décasés et donc relogés et surtout le déficit en force de l’ordre pour le grand décasage de Mavandzani (Koungou) pour lequel le préfet a préféré anticiper les affrontements possibles. « Il s’agit d’un quartier difficile et, comme 2 escadrons de gendarmerie ont été renvoyés dans l’Hexagone pour les JO, j’ai préféré retarder l’opération. Elle aura lieu en septembre. Aussi, 474 cases seront détruites, ce qui nous rapprochera de l’objectif fixé », a-t-il déclaré. Autre problème : il manquait 5 millions d’euros pour finaliser l’opération Place Nette. Ils ont été obtenus tout récemment.
Plusieurs opérations visant à détruire l’écosystème de l’économie illégale à Mayotte ont également été faites, ainsi que de nombreux contrôles routiers qui, d’après le préfet, « renforcent le sentiment de la population que l’île est tenue ». D’après ses dires, de nombreux élus l’auraient félicité de l’efficacité de Place Nette, lui ayant fait part de leur constat selon lequel « moins d’exactions violentes étaient commises sur le territoire ». François-Xavier Bieuville a néanmoins admis que « le chemin était encore long avant qu’un véritable sentiment de sécurité ne soit rétabli au sein de la population mahoraise », mais qu’il « continuerait le travail tous les jours pour y parvenir », car c’est « l’objectif principal de son travail sur l’île ».
N.G