Madi Velou avait à cœur ce jeudi 27 juin de montrer les avancées du Conseil départemental en matière d’actions sociales. Pour cela, il a réuni les directeurs des différents services sous sa responsabilité pour une conférence de presse, qui a également été l’occasion pour lui de présenter Ségolène Meunier, la nouvelle directrice de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). C’est d’ailleurs par un bilan de ce dernier service que le 7ème vice-président a débuté son tour d’horizon. « Pour bien fonctionner, ce service doit désormais être dirigé par des professionnels éloignés du monde politique », a-t-il affirmé, démontrant une véritable volonté de remonter le niveau d’une MDPH de Mayotte qui tournait pour le moins au ralenti ces dernières années. Ségolène Meunier a d’ailleurs révélé qu’avec les difficultés internes, dont les deux mois de grève des médecins, et les blocages du début d’année, les dossiers avaient pris jusqu’à un an de retard.
Toutefois, la situation avec les médecins s’est apaisée. Ils ont repris le travail, Madi Velou parlant même de « réconciliation ». Avec l’achat de deux « bus-bureaux », la MDPH pourra même se rendre prochainement dans les villages les plus éloignés comme Handrema ou Dapani afin de prendre en charge les personnes handicapées ne pouvant se déplacer. Un projet de création d’une antenne en Petite-Terre est également en cours de réflexion. « L’équipe est presque au complet aujourd’hui. Il nous manque juste un infirmier et un ergothérapeute. La nouvelle assistante sociale arrive le 3 juillet prochain », se félicite le vice-président.
La protection de l’enfance tente de suivre le rythme
Abdou Antoissi, le directeur de la Protection de l’enfance et Amani Halidi, la responsable de l’Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance (ODPE), « outil salué au national » selon Madi Velou, étaient également présents pour dresser le bilan de leurs activités. Madi Velou a pointé du doigt le manque de subventions dans ce domaine, enfin reconnu officiellement par l’Etat grâce à l’enquête menée par la Cour régionale des comptes qui a révélé « un calibrage insuffisant des subventions par rapports aux besoins réels ». « De 2016 à aujourd’hui nous n’avons reçu que 9 millions d’euros de subventions de la part de l’Etat pour la Protection de l’Enfance alors que nos dépenses dans le domaine se sont élevées à 60 millions. Les politiques de protection de l’enfance coûtent très cher et sont impopulaires. Ce n’est pas ça qui me fera réélire », plaisante Madi Velou, conscient pourtant de leur importance pour l’intérêt général puisque ces politiques contribuent à éviter à beaucoup de jeunes de sombrer dans la délinquance. Il n’a cependant pu s’empêcher de lancer une petite pique à l’Etat en affirmant que « Si l’Etat contrôlait mieux nos frontières, nous n’aurions pas besoin de dépenser autant d’argent dans ce domaine ».
La question de la prévention spécialisée a rapidement été balayée par le vice-président qui a affirmé que les 3 associations mandatées pour s’en occuper (Les Apprentis d’Auteuil, la Croix-Rouge et Fahamou Maecha) « n’étaient pas encore à la hauteur des problématiques sévissant à Mayotte ». « Le travail de diagnostic a trainé un peu, sans compter que ce travail s’effectue avec des jeunes en errance, qui ne sortent souvent que la nuit, ce qui génère des problèmes de sécurité pour les salariés de ces associations. D’où le fait qu’il faille mieux orienter et cibler cette prévention spécialisée », a détaillé quant à lui Abdou Antoissi, le directeur de la Protection de l’Enfance.
Grâce à des négociations rondement menées, le Conseil départemental a réussi à obtenir 80 millions d’euros en 2024 pour les problématiques liées à la protection de l’enfance. Malgré cette avancée, Madi Velou estime que c’est encore en deçà des besoins réels du territoire. « Aujourd’hui, on ne peut traiter que les urgences », a déclaré le directeur Abdou Antoissi qui reconnaît que les familles d’accueil sont encore largement surchargées. « Mais c’est mieux que de laisser des mineurs sans protection du tout », se défend-il. Il estime qu’il faudrait deux fois plus de moyens pour que la Protection de l’Enfance puisse faire correctement son travail.
Le garde des Sceaux a signé officiellement pour l’attribution des terrains au Conseil départemental pour la création du centre éducatif fermé (CEF) et de la deuxième prison. « La création de ces structures sur notre territoire évitera l’envoi des délinquants à La Réunion, chose qui attise la haine des Réunionnais à l’égard des Mahorais », estime Madi Velou, qui se félicite de cette avancée, même s’il faudra encore de nombreuses années pour que ces structures puissent réellement voir le jour. « Je voudrais ajouter qu’il y a quand même beaucoup de positif au sein de la protection de l’enfance puisque 1.000 enfants sont placés et 1.500 suivis en milieu ouvert. Nous effectuons un gros travail souvent malheureusement invisible aux yeux de la population », a déploré Abdou Antoissi, appuyé par Madi Velou qui a ajouté « qu’il y avait beaucoup d’avancée dans ce domaine, même si ce n’est pas encore assez aux yeux de la population ».
« Sans les PMI, le CHM exploserait »
« 82% des enfants de moins de 2 ans sont pris en charge par les PMI sur le territoire. Sans elles, le CHM exploserait », a affirmé Madi Velou. Il a annoncé que 4 camions de consultation mobile femmes et enfants vont être reçus dans les prochains mois. Par ailleurs, le maillage du territoire se poursuit. Les PMI de Bandrélé et de Kani-kéli viennent d’ouvrir leurs portes et celles de M’tsamboro et Koungou devraient suivre avant la fin de l’année.
Vers une meilleure prise en charge des personnes âgées
Etant donné le nombre croissant de personnes âgées isolées ou en grandes difficultés sur le territoire, la direction de l’autonomie gérée par le Conseil départemental a mis en place un système de familles d’accueil. Une vingtaine de personnes âgées en bénéficient actuellement sur le territoire. Une plateforme d’écoute téléphonique pour les personnes âgées en difficulté a également été mise en place et a permis au Conseil départemental de mieux prendre conscience de l’ampleur du problème. « Nous ne sommes donc plus contre la création d’un EPAD à Mayotte, mais nous ne voulons pas en faire « une usine à gaz ». Un EPAD de 50 personnes serait toutefois envisageable », estime le vice-président. Un appel à projet va d’ailleurs prochainement être lancé en ce sens.
En conclusion, nous pouvons dire que le Conseil départemental n’a pas chômé concernant la mise en place d’actions sociales, même si celles-ci restent encore à l’heure actuelle bien en deçà des besoins réels du territoire. Mais tout vient à point à qui sait attendre, du moins est-on en droit de l’espérer !
N.G