Le mois dernier, la mairie de Mamoudzou célébrait le mariage de deux femmes, Anisha et Florence. Rappelons que les personnes d’un même sexe ne peuvent se marier que depuis le 17 mai 2013 en France, à la suite de l’adoption de la loi dite « mariage pour tous ». Ainsi, une première union avait été célébrée en septembre 2013 à la mairie de Mamoudzou, entre deux occidentaux, par le sénateur maire Abdourahamane Soihili. Il avait indiqué vouloir assumer ses responsabilités, bien qu’ayant voté contre la loi. Depuis d’autres mariages avaient été célébrés, notamment entre deux mahorais.
Mais celui-ci défraye les chroniques ici comme aux Comores dont Anisha est ressortissante, alors que Florence est réunionnaise. Or, aux Comores, le mariage entre homosexuel est illégal, puni d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans et de 2.000 euros d’amende. Ce mariage fait donc couler beaucoup d’encre et de verbiages sur la toile.
Incitant le Grand Cadi de Mayotte Mahamoudou Hamada Saanda à préciser sa position sur le territoire, où ces mariages sont reconnus civilement mais pas religieusement, « l’islam n’autorise pas l’union et la célébration du mariage entre deux femmes ou deux hommes ».
Pluralisme sans déracinement
Sur ce département français, le Grand Cadi rappelle que « la liberté cultuelle est un principe fondamental aussi bien dans les lois de la République française qu’en Islam. Aussi chacun est libre de pratiquer sa religion ».
Rappelons que pour la religion catholique, le pape a pris position l’année dernière en permettant la bénédiction des couples homosexuels hors liturgie, mais de la même manière, sans donner son accord à leur mariage.
Si donc le droit local mahorais « n’autorise que le mariage entre un homme et une femme », le religieux rappelle que « le pluralisme grandissant des cultures au niveau local conduit naturellement à l’expression de différentes opinions y compris religieuses sur le territoire », ce qu’il qualifie de « richesse », mais met en garde contre un « déracinement de la société mahoraise au nom d’une liberté médiatique ou d’une autre liberté républicaine d’ailleurs. »
Il appelle au « respect des valeurs des uns et des autres », qui « reste le curseur vers la paix civile sur le département de Mayotte ».
Dans un communiqué tombé dans la soirée, le président du conseil départemental, autorité des cadis, déclarait se désolidariser du communiqué du chef religieux, en rappelant « l’attachement de la collectivité aux principes et aux lois de la République au sein de laquelle Mayotte s’inscrit » et regrette l’usage « non-autorisé » par le Grand cadi de l’en-tête du Département dans le communiqué critiqué.
A.P-L.