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Comores : le président Azali face à « trois grandes urgences » après son investiture

La situation économique et les fractures au sein de la classe politique devraient dicter les premières mesures et dominer l’agenda du président investi le 26 mai dernier, à en croire de nombreux milieux aux Comores. Face à une hausse vertigineuses des importations et une montée des prix des matières premières à l’international, l’archipel, en l’absence de plans audacieux, risque inéluctablement une paupérisation pouvant amplifier la méfiance du peuple envers les politiques.

Le président Azali Assoumani a entamé un nouveau mandat de cinq ans, jusqu’en mai 2029. La cérémonie de prestation de serment, organisée ce dimanche 26 mai au grand stade de Maluzini, a vu la participation de cinq chefs d’Etat dont le Congolais, Denis Sassou Nguesso, le Mozambicain, Felipe Nyusi ou encore le Malgache Andry Rajoelina. Le décor était au rendez-vous. Même si l’affluence n’était pas aussi importante qu’an 2019.

La vie chère, la crise énergétique et les fractures politiques

Après cette investiture, nombreux sont ceux qui estiment que le président devrait s’atteler à trouver une solution rapide à « trois grandes urgences » : la vie chère, la crise énergétique et les fractures de la classe politique. Azali Assoumani a, lui-même, reconnu les difficultés récurrentes posées par l’inflation galopante, les délestages ainsi que les tentations et les agissements quasi réguliers contre l’ordre public. «Je mesure les responsabilités qui m’incombent pour solutionner nos maux mais il faut que cela se fasse dans pays uni et stable, c’est pourquoi je lance un appel au rassemblement», a-t-il souligné dans son discours en langue nationale.

S’agissant de la vie chère, les Comores subissent une inflation importée avec un déficit commercial qui se creuse d’année en année, frôlant les 18% du Produit intérieur brut (PIB). La situation économique est peu reluisante. La croissance peine à dépasser les 3% depuis trois ans avec un nouveau de production assez faible, selon de nombreuses données de la Banque centrale des Comores (BCC). Les Comores n’assurent que 29% de leurs besoins alimentaires de base, d’après une note de la Direction générale des stratégies agricoles, 70% des produits consommés aujourd’hui sont donc importés. En l’absence de plans audacieux, elles risque inéluctablement une paupérisation pouvant amplifier encore davantage la méfiance du peuple envers les politiques.

Un dialogue avec l’opposition annoncé par Azali

La vie chère devient insupportable pour une grande majorité des Comoriens

Une situation qui est à l’origine des tensions sur les prix des produits de première nécessité (PPN). Le secrétaire général du gouvernement Daniel Ali Bandar a annoncé l’organisation des Assises sur la vie chère. Au niveau de la dette, les Comores ont un niveau jugé « modéré » par le FMI, représentant près de 26% du PIB. Sauf que les mesures nécessaires à prendre pour améliorer les performances économiques du pays peinent à venir. Un programme triennal avec le FMI est annoncé et devrait aider à redynamiser l’action de l’Etat en matière fiscale et lui permettre de diversifier et consolider les ressources publiques.

L’autre grand défi n’est autre que le problème d’électricité. De nombreuses régions sont régulièrement plongées dans le noir à cause des capacités limitées de production. Les Comores ont besoin de 20 mégawatts pour répondre aux besoins de la population. La Société nationale d’électricité des Comores (SONELEC) ne produit, à peine, que la moitié, entrainant des coupures fréquentes de nombreuses jours dans plusieurs régions et de quelques dans les grandes villes comme Moroni. Le pays veut promouvoir le mix énergétique et vient de lancer un chantier de construction d’une centrale photovoltaïque dont les travaux sont assurés par la société française Innovent.

La dernière grande urgence n’est autre que la pacification du terrain politique aux Comores, miné par des divisions persistantes et une fracture profonde. Les tensions sont aujourd’hui larvées entre pouvoir et opposition. En dépit d’une reconnaissance unanime de la réélection d’Azali Assoumani par la communauté internationale, des candidats continuent toujours à contester sa reconduite à la tête du pays. Un dialogue politique est jugé indispensable pour apaiser les tensions post-électorales. Le président Azali a tendu la main à l’opposition et a promis d’engager des discussions pour aplanir les divergences. Reste à savoir le contenu du dialogue et l’impact de ses décisions sur l’avenir politique de l’archipel.

A.S.Kemba, Moroni

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