Cela fait maintenant 11 ans que le concours « 24h by Webcup » existe, dont Mayotte a d’ailleurs organisé la première édition en 2013. Son objectif est de mettre en valeur les développeurs web professionnels ou non de la Région en regroupant des participants de 6 îles de l’océan Indien (Comores, La Réunion, Maurice, Madagascar, Rodrigues et Mayotte) qui s’affrontent pendant 24h afin de créer un site web. Après la victoire des Mahorais en 2022, c’est Madagascar qui l’a remporté l’année dernière. L’île aux parfums a donc à cœur de récupérer son titre.
Pour cette édition 2024, pas moins de 111 équipes ont participé représentant environ 300 développeurs web répartis sur les 6 territoires. Cette année une nouveauté était mise en place concernant le choix des sujets. En effet chaque équipe devait tirer au sort un sujet, alors que les années passées elles avaient toutes le même. A titre d’exemple, l’équipe « Ouboutou » qui a remporté le premier prix avait comme sujet : la création d’un centre de formation pour super héros. « On ne s’attendait pas à ce genre de sujet, même si on se doutait qu’il y en aurait des un peu farfelus », indique Eyina, membre de la team « Ouboutou ».
La jeunesse de la population mahoraise : un atout pour les métiers du web
Pour Rakin, autre membre de l’équipe Ouboutou, la difficulté principale cette année a été de communiquer avec certains de ses coéquipiers « Eyina et moi on était les seuls présents à Mayotte, les deux autres membres de l’équipe étaient dans l’Hexagone, on a dû s’appeler souvent en vidéo pour échanger sur la conception du site, explique-t-il. Aussi, nous n’avons pas utilisé de template, nous avons fait tout le codage de A à Z. Cela nous a demandé beaucoup d’efforts car nous n’avions que 24h pour faire ce site, alors que normalement cela peut prendre plusieurs semaines. De plus, il fallait qu’il soit éco indexe, c’est-à-dire aux normes environnementales, on était à B. Je pense que cela a joué en notre faveur, mais aussi l’esthétisme de notre site ainsi que ses fonctionnalités. On voulait un effet « Wahou ! » dès qu’on se connectait dessus ».
Aussi chacun savait ce qu’il avait à faire et les tâches qu’il devait accomplir. Ainsi, sur les quatre membres de l’équipe, trois se consacraient au développement web tandis qu’Eyina s’occupait du scénario et du contenu. « J’étais chargée d’orienter et de conceptualiser la formation des super héros afin qu’ils ne soient pas une menace pour la société mais qu’ils fassent le bien, sourit-elle. J’ai ainsi décliné les services d’un centre de formation mais pour super héros à travers les processus de formation, les recrutements, les inscriptions etc. C’était très enrichissant car cela nous a poussé à être plus créatifs et à sortir de notre zone de confort ». Quant à savoir pourquoi Mayotte caracole souvent en tête de ce concours avec Madagascar depuis maintenant plusieurs années, les deux lauréats sont unanimes : « C’est dû à la jeunesse de la population mahoraise ! Elle s’intéresse de près aux secteurs du digital et du web. Pour ma part, je suis autodidacte, j’ai appris à coder tout seul en 2016 quand j’avais 18 ans. A Mayotte il n’y a pas de formation de développeurs web…», raconte Rakin.
C’est ce que confirme aussi Eyina, « Les jeunes sont à l’affût des nouvelles tendances, des nouveaux métiers. Ils sont par ailleurs très agiles ce qui leur permet de s’adapter très facilement aux changements et ainsi saisir les opportunités présentes dans les secteurs du digital et les nouveaux métiers qui y sont associés ». Nos lauréats sont ainsi confiants pour la grande finale régionale qui aura sans doute lieu en octobre ou novembre prochain. « On espère gagner bien sûr ! Les rôles sont bien répartis… Mes coéquipiers sont très bons. Je n’ai aucune inquiétude sur leur efficacité et leur compétences », déclare Eyina.
B.J.