Barrages routiers : Le rectorat envisage des mesures pour assurer la continuité éducative

La situation ne semble pas s’améliorer concernant les barrages érigés à des endroits stratégiques sur tout le territoire de Mayotte. Les automobilistes voulant se rendre sur leur lieu de travail se retrouvent bloqués pendant plusieurs heures et sont souvent obligés de faire demi-tour. Quant aux élèves, ils sont privés de cours faute de pouvoir aller à l’école, et ce en dépit du maintien de l’ouverture des établissements scolaires.

Les nombreux barrages érigés chaque matin sur les routes et les ronds-points de l’île par des villageois excédés par les incivilités et des violences récurrentes commencent à engendrer de sérieux problèmes pour les habitants, les élèves et les entreprises du 101e département français. Les gens ne pouvant se rendre à leur travail, de nombreuses sociétés fonctionnent en sous-effectif, au ralenti, en travail partiel, ou sont carrément obligées de fermer faute de salariés présents. Plusieurs manifestations et événements ont même dû être annulés ou repoussés sine die.

Le réseau du transport scolaire est fortement perturbé à cause des barrages routiers

Les élèves de Mayotte sont également très impactés par ces blocages puisque beaucoup d’entre eux ne peuvent se rendre dans leur établissement car le transport scolaire fonctionne en mode dégradé. Ainsi le réseau de transport halO’ a fait savoir dans un communiqué mercredi matin, « qu’en raison de nombreux barrages qui sont positionnés sur différents axes routiers de l’île depuis le lundi 22 janvier 2024 et qui se sont intensifiés ce jour, le ramassage scolaire est fortement perturbé. Actuellement la circulation est possible uniquement sur Petite-Terre et le grand sud ».

La scolarisation à Mayotte étant déjà souvent perturbée pour des raisons de crise de l’eau, de violence, ce blocage des routes pénalise une fois de plus les jeunes élèves mahorais. Sans compter les gardes d’enfants qui se trouvent également impactées. Aussi, si la situation devait perdurer, le rectorat a décidé de mettre en place plusieurs mesures pour compenser la perte des cours pour les élèves.

Des cours via les chaînes hertziennes

Contacté par téléphone, le recteur Jacques Mikulovic, qui se trouve actuellement en métropole pour une réunion au ministère de l’Éducation nationale avec la nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra, déplore la situation. « Nous faisons tout pour maintenir les établissements ouverts, la plupart le sont d’ailleurs. Néanmoins des dispositifs sont en cours… En outre, les enseignants peuvent transmettre les devoirs via internet et mettre les supports pédagogiques sur la plateforme Pronote qui permet l’accès aux ressources numériques. Cependant, ce n’est pas la seule solution car on connait la difficulté de certaines familles mahoraises pour avoir accès à internet…

Jacques Mikulovic doit rencontrer cette semaine la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra

Je comprends les revendications des habitants, mais il serait souhaitable qu’ils laissent passer les élèves se rendant à l’école, ainsi que les bus scolaires », explique-t-il. Le recteur est à Paris cette semaine pour rencontrer, d’une part, la ministre fraîchement nommée, mais aussi pour tenter de « négocier des moyens supplémentaires afin d’assurer la continuité ». Le rectorat travaille ainsi à la mise en place d’une diffusion hertzienne de contenus éducatifs à destination des élèves, via les chaînes de télévision Mayotte la 1ère et Kwezi TV. « Cela va dépendre des tarifs qu’ils vont nous proposer… », complète Jacques Mikulovic.

Aussi, le recteur redoute que cette situation perdure et que les mesures qui seraient mises en place ne soient contreproductives. « Notre crainte est cependant d’installer un dispositif qui aurait l’effet inverse, à savoir le non-retour des élèves et des enseignants dans leurs établissements. Il ne faut pas que l’on se tire une balle dans le pied. Ce n’est pas un confinement à durée définie, il n’y a pas de date de fin de blocage. Il nous faut donc être prudents faute de visibilité et on espère que les élèves et les enseignants pourront rapidement tous revenir au travail. Quoi qu’il arrive, on va faire face ! », assure Jacques Mikulovic.

En effet, espérons que cette situation ne s’étale pas trop dans le temps car les journées d’école perdues sont malheureusement un handicap supplémentaire pour les élèves mahorais.

B.J.

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