Déchainement de violences à Ouangani

Le week-end fut particulièrement agitée, en tout cas en nocturne de ce samedi soir pour les habitants de Ouangani dont la nuit a été ponctuée de tirs de grenades lacrymogènes, avec en fond sonore, les pales de l'hélicoptère de la gendarmerie. Une horde de vandales avait pris d'assaut des artères du village. Des émeutes ont également eu lieu à Passamainty.

En fin de journée, et pendant une bonne partie de la nuit, les habitants de Ouangani ont été pris au piège, notamment par des barrages érigés en différents point d’accès, beaucoup de voitures ont été saccagées, voire incendiées.

Nous avons fait le point avec le colonel Casties, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte. « Ce n’est pas une énième guerre entre bandes », explique-t-il dans une volonté de « ne pas banaliser ces agressions » à répétition. « Nous étions en présence d’une envie d’en découdre, entre eux et contre nous, avec des jets de pierre qui visaient la tête des gendarmes. » Le militaire était dans l’hélicoptère qui est resté en stationnaire une bonne partie de la nuit : « Avec le phare de recherche et les jumelles à vision nocturne, nous suivions les déplacements des 50 à 10 émeutiers, extrêmement mobiles, qui ont jeté des pierres sur une vingtaine de véhicules qui ont eu les vitres brisées. »

L’Écureuil de la gendarmerie en vol de nuit pour repérage des bandes (Archives)

Sont intervenus à la fois des gendarmes mobiles, « pour la séquence de retour à l’ordre public », à coup de nombreuses grenades lacrymogènes, et des gendarmes départementaux, « pour la phase de judiciarisation ». Les premiers ont fait face à des jeunes extrêmes déterminés, « la brutalité développée exprime une violence qui va jusqu’au mépris de la vie, donc mon objectif était de préserver ces vies, chez eux comme chez nous ». Quant aux interpellations par les territoriaux, le gendarme ne veut pas donner plus de détails, « je peux juste souligner que d’un côté, nous avons préservé les personnes et les biens, et de l’autre, nous sommes repartis avec une somme considérable d’information en vue d’une judiciarisation ».

Le risque que la flambée de violence reprenne ce dimanche soir était élevé, « ce n’est pas la première fois que nous avons des soucis sur ce village. Nous avons maintenu un fort dispositif de sécurité pour rassurer la population. »

Ce samedi, des émeutes ont également eu lieu à Passamainty. Elles ont pour cadre la démolition de cases en tôle en construction par le maire dans le cadre du délit de flagrance qui l’autorise à les démolir dans les premières heures de leur érection. Ambdilwahedou qui n’a pas manqué de réagir, et c’est assez rare pour le signaler. Il condamne notamment les faits de violence et appelait à un retour au calme tout en remerciant « les parents qui ont récupéré leurs enfants afin de faire cesser ces violences urbaines ». À l’inverse, il rappelle « aux parents dont les enfants commettent ces actes que « le père et la mère, en tant qu’ils exercent l’autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux » (article 1242 du code civil). »

A.P-L.

Au regard de ces dramatiques événements, la mairie de Ouangani a instauré de manière temporaire, ce dimanche 19 novembre 2023 un couvre-feu entre 18h et 5h, visant la circulation des mineurs non accompagnés

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Grève des barges : confusion, colère et tensions sur les quais

Ce lundi, une grève illimitée a fortement perturbé les traversées entre Dzaoudzi et Mamoudzou. Les rotations ont été réduites, l’information aux usagers a manqué et la tension est montée aux débarcadères. Passagers et conducteurs ont attendu plusieurs heures sous le soleil pour espérer embarquer, dans une atmosphère d’incompréhension, de fatigue et de colère.

Mayotte n’a pas « raflé » l’aide européenne : elle a encaissé le cyclone le plus dévastateur de son histoire

Derrière les chiffres de Bruxelles, une réalité physique et humaine saute aux yeux : Chido a pulvérisé un territoire déjà fragilisé. Si l’Union européenne accorde quatre fois plus à Mayotte qu’à La Réunion, c’est parce que le désastre y a été total — et structurel.

Du Togo aux Seychelles : six jeunes de Mayotte partent pour des missions internationales

Le Togo, Maurice et les Seychelles, dans quelques mois, 6 volontaires du programme Territoires Volontaires (TeVo), rejoindront l'une de ces destinations pour une durée de 8 à 12 mois. Ce lundi 6 et mardi 7 octobre, ils préparent leur voyage lors d'un stage de deux jours au Comité Régional Olympique et Sportif de Mayotte.

Des décombres à l’émotion : le cyclone Chido revisité par la création artistique

À l’Office du Tourisme de Mamoudzou, l’exposition “Les mémoires du vent” a été inaugurée vendredi soir. Elle a rassemblé peintures, photographies et installations sur le thème du passage du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024. Les artistes ont offert un espace de mémoire et de résilience à une population encore marquée par la catastrophe.