Pour entrer dans le vif du sujet, ce qui caractérisera une dynamique ESS en comparaison d’une approche plus classique, ça sera son impact sur le territoire en termes social et économique donc mais aussi, dans une certaine mesure, environnemental. La démarche se veut fédératrice et conscientisée. Lorsqu’on parle de porteur de projet, instinctivement les freins qui sautent à l’esprit sont ceux des challenges administratifs, financiers ainsi que l’amorce basique de savoir à quelle porte on doit frapper et vers qui s’adresser. Il en est de même lorsqu’une entreprise, quelle qu’en soit la taille ou une association, souhaitent évoluer. Tout ce labyrinthe informatif, les acteurs de France Active et de la Cress l’ont bien conscientisé et cette matinée riche de données se voulait telle une sorte de bilan de ce qui existe déjà sur notre territoire, des difficultés potentiellement rencontrées mais aussi de ce qui s’implante et se développe en matière d’alternatives et d’outils financiers.
L’Iedom à la rescousse !
Présent à cette réunion, le responsable du service économie de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer à Mayotte, a présenté un dispositif d’accompagnement et de soutien notamment en faveur des TPE (Très petites entreprises ayant au maximum 4 salariés). Ce dispositif permet d’offrir une réelle médiation dans le cas où l’entrepreneur ou la structure se serait vu(e) refuser une demande de crédit. « Le principe est simple, face à des difficultés financières, on ne doit jamais laisser seule l’entité concernée » introduit Daoulab Ali Charif. Bien qu’il n’existe aucune obligation légale infligeant à une banque d’octroyer un crédit, un individu est tout de même en droit de refuser la décision de rejet de cette dernière et d’avoir accès à certains recours.
Se positionnant comme médiateur, après refus précisons bien, l’Iedom analyse et évalue à son tour les réceptivité et faisabilité du projet/dossier et accompagne l’intéressé(e) pour une entrevue tripartite en vue de trouver concrets compromis. Et il en va de même pour la réévaluation d’un montant de découvert (car considéré légalement comme une forme de crédit).
Au final, très peu connues par les entrepreneurs ainsi que les structures d’accompagnement, ces solutions présentées ce jour, furent l’occasion d’offrir soutien supplémentaires aux chefs d’entreprise(s) ou potentiels futurs responsables d’une association et/ou société estampillée ESS.
Ayant conscience que les responsabilités transversales — qui incombent notamment aux chefs d’une TPE — ne sont pas toujours assimilées, l’Iedom propose également des outils pédagogiques ainsi que des réunions d’informations à même les structures d’accompagnement afin de former ces derniers. En ce sens, une convention avec Oudjerebou a été signée le mois dernier.
La Cress aussi propose son micro-crédit
Baptisé Créa-Sol et disponible sur notre territoire depuis l’année dernière, ce microcrédit dédié à l’Économie sociale et solidaire vise avant tout les entrepreneurs économiquement catégorisés comme fragiles et qui n’auraient guère le profil financier adéquat pour pouvoir prétendre de but en blanc à un crédit bancaire classique. Plafonné à 15 000 euros pour un taux d’intérêt fixe de 5,90%, sa durée dans le temps s’étale au maximum à 5 ans et peut, bien entendu, être cumulé avec d’autres aides et dispositifs au besoin.
Créa-Sol appuie justement ses partenariats auprès de la BGE, du Réseau Initiative France et de France Active. Il va sans dire que l’éligibilité du demandeur est à minima étudiée en amont — un apport personnel parallèle est toujours bien vu — tout comme il faille que l’entreprise soit déjà immatriculée lors de la constitution de son dossier. À noter que les associations, dans l’immédiat, ne peuvent prétendre à ce microcrédit qui se veut, au final, encore en phase de test et d’implantation sur notre département.
Fraîchement arrivé mais déjà en active expérimentation
Réseau associatif national créé en 1988, France Active est l’un des plus importants, pour ne pas dire le premier, acteurs nationaux en matière de microcrédit; volet ESS inclus. Officiellement implanté à Mayotte depuis septembre 2022, son expérimentation vise à structurer et centraliser les différentes entités relatives à l’accompagnement des porteurs de projets en matière d’approche financière. En somme, la Cress chapeaute l’aspect social et France Active le volet pécuniaire ESS. En plus de cette centralisation informative globale des outils financiers disponibles sur notre territoire, France Active, piloté par le conseiller local qu’est Mickael Clockers, propose également des solutions à destination des entrepreneurs. Là encore, ces dispositifs viennent en complément de ceux déjà existants, peuvent être cumulés avec certains et apportent tout de même une certaine innovation, notamment auprès des financeurs.
Comme son nom l’indique, la Garantie bancaire a pour objectif de faciliter l’accès au prêt bancaire d’un public plutôt fragile (bénéficiaires sociaux, demandeurs d’emploi, jeunes de moins de 26 ans, structures solidaires ou d’insertion…) et ce, dans de bonnes conditions. En effet, France Active couvre jusqu’à 80% du montant du prêt bancaire et peut atteindre 100 000 euros de montant de garantie. Cet argent étant concrètement mis de coté, cela rassure grandement les banques. Ce dispositif vise avant tout l’accompagnement des entrepreneurs dans leur création de TPE.
Concernant l’accompagnement, le développement voire même la transformation d’une structure déjà existante, il est proposé le Prêt solidaire. À destination des associations, coopératives, entreprises labellisées ESUS* ayant un fort impact sur le territoire, le Prêt solidaire, toujours basé sur un principe de co-financement, permet là encore d’apporter une garantie sécuritaire auprès des financeurs, grâce à des fonds provenant d’une épargne nationale de l’ESS. En somme, vous banque vous prêtez de l’argent mais nous, France Active, également car nous croyons à ce projet — que nous avons bien étudié en amont, business plan inclus — et accompagnons de surcroît l’entreprise concernée dans la pérennisation globale de tout cela.
D’un taux d’intérêt variant entre 2,5 et 4%, ces respectifs dispositifs ont déjà grandement fait leurs preuves avec plus de 35 500 entreprises accompagnées nationalement en 2022, permettant par la même occasion la création et /ou consolidation de 60 000 emplois.
Avec la présence des structures telles qu’Oudjerebou, Pépite Optimum, la BGE ou encore le Cabinet mahorais conseil, pour ne citer qu’eux, cette réunion fut l’occasion de présenter les respectives missions et compétences de chacun afin de se diriger de manière efficiente vers cette transparente mutualisation tant aspirée dédiée aux entreprises et porteurs de projets baignant dans cette saine sphère qu’est l’ESS. Dès ce jeudi, France Active ira à la rencontre des différents acteurs financiers privés mais également publics afin de continuer cet état des lieux global en faveur des offres de service et de financement à destinations de ces chefs d’entreprises et entités engagées.
MLG