Comores : une pénurie d’enseignants inquiète les autorités éducatives

Le pays a aujourd’hui besoin de « 2500 enseignants » pour combler le vide créé par les départs massifs à la retraite et la désertion de certains pour de raisons diverses. Le ministère de l’Education nationale et celui de la Fonction publique viennent de lancer officiellement un appel à candidatures. Il manque un nombre important d’enseignants dans le primaire, « 1372 », soit plus de la moitié des besoins. Les autorités privilégieront les enseignants bénévoles souvent pris en charge par les communautés mais jamais recrutés.

Une pénurie d’enseignants inquiète les autorités comoriennes. Il y a deux semaines, le Conseil des ministres a reçu une note alarmante du ministère de l’Éducation nationale, faisant état d’un besoin de « 2.500 enseignants » à déployer dans les écoles primaires, les collèges et les lycées du pays. « Nous avons appris un vide dans nos établissements d’enseignement. Le gouvernement a donc ordonné le recrutement immédiat d’enseignants. Le ministère de l’Education nationale prendra les mesures nécessaires dans ce sens », a souligné le porte-parole du gouvernement Houmed M’saidié.

« 42% des besoins à Anjouan »

Il y a un total de 295 écoles primaires pour un effectif de 19.654 élèves. On compte 70 collèges pour 21.301 apprentis et 38 lycées pour 12.122 élèves, selon la direction de la planification et des statistiques du ministère de l’Éducation. Il faut aussi noter que l’école privée concentre plus de 60% des effectifs des élèves aux Comores. Les responsables éducatifs ont noté un manque d’enseignants des disciplines scientifiques. Le phénomène demeure inquiétant surtout sur l’île de Ndzuani (Anjouan) où l’on enregistre « 42% des besoins », selon un inspecteur pédagogique.

Un appel à candidatures vient d’être lancé cette semaine par le ministère de l’Éducation nationale et celui de la Fonction publique. « Dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique de renforcement de l’enseignement public afin de résorber le déficit chronique en enseignants dans les établissements publics concernés, le gouvernement de l’Union des Comores a autorisé le ministère de l’Éducation nationale à procéder à un recrutement d’instituteurs et de professeurs des collèges et lycées », indique une note du ministère de l’Éducation nationale, publiée mardi 24 octobre.

Cette campagne de recrutement vise ainsi à combler le vide crée par les départs massifs à la retraite et la désertion de certains pour de raisons diverses. De nombreux enseignants quittent le pays souvent pour de raisons privées, en France notamment, pour un regroupement familial, laissant leurs postes vacants. Mais la précarité salariale explique en grande partie ce manque d’intérêt pour le métier d’enseignant qui ne nourrit pas son homme. Salaires misérables, absence de primes ou encore gel des carrières, le secteur de l’enseignement n’attire pas grand monde en dépit de légères améliorations de ces dernières années caractérisées par des avancements de salaires.

Une précarité salariale chronique

L’école publique souffre d’un déficit d’enseignants

Les autorités ont procédé, en janvier 2023, à une hausse du point d’indice qui passe de 1600 à 1800, soit une hausse de 12,5% de leurs salaires. La dernière hausse du point d’indice remonte au mois de juillet 1994.  Le salaire d’un enseignant du primaire se situe entre 150 et 180 euros, 220 et 630 euros dans les collèges et lycées et 700 à 940 euros à l’Université des Comores en fonction du diplôme et de l’ancienneté de l’enseignant. L’État consacre en moyenne 22% du budget à l’Éducation, soit 4% du Pib, loin des 10% recommandés. Et les ressources financières servent à 90% au paiement des salaires des personnels.

L’école publique aux Comores souffre d’un récurrent problème de stabilisation des effectifs. Le secteur de l’Education sert souvent de tremplin pour intégrer la Fonction publique aux Comores. Mais une fois la personne recrutée en tant qu’enseignant, elle finit par intégrer un autre corps, laissant son poste vacant et obligeant les autorités à recruter à nouveau. A ce manque d’enseignants s’ajoute le défi de la qualité des enseignements. Les autorités souhaitent organiser cette année des assises nationales sur l’Éducation.

On apprend que la vision de l’État dans le secteur se résume à « la mobilisation des infrastructures scolaires, la formation des personnels de l’enseignement à tous les niveaux pour une meilleure gouvernance de l’école, la révision des programmes scolaires, l’introduction de nouvelles méthodes d’apprentissage qui incluent les nouvelles technologies, le développement des filières techniques et professionnelles et la recherche ».

A.S.Kemba, Moroni

 

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