« Revenir aux savoirs fondamentaux », ça vous dit quelque chose ? C’est le martelage de l’actuel recteur de Mayotte dans la continuité de son prédécesseur pour (re)donner les bases aux élèves mahorais en grande difficulté. C’est la volonté du nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, qui évoque l’urgence à élever le niveau sur les savoirs fondamentaux, les mathématiques et le français, « qui conditionnent la réussite dans toutes les autres disciplines », analyse-t-il dans Le Monde, en illustrant une baisse continue du niveau scolaire dénoncée par profs et parents d’élèves : « En 2018, un élève de 4e avait le niveau d’un élève de 5e de 1995. A l’entrée en 6e, un élève sur trois ne sait pas lire correctement, un sur deux ne sait pas dire combien il y a de quarts d’heure dans la fraction ‘trois quarts d’heure’ ». Il n’y a pas qu’à Mayotte que les inégalités fleurissent.
Ce recentrage sur les savoirs de base c’était l’objectif poursuivi par le dédoublement des classes de CP et CE1 voulu par la réforme Blanquer, mais il faut aller plus loin explique le ministre près à faire évoluer le système de classe au collège pour privilégier des groupes de niveau.

Pour mener cette révolution, une mission que Gabriel Attal nomme « exigence des savoirs », est composée de 4 experts en la matière, où l’on retrouve l’ancien recteur de Mayotte Gilles Halbout, « dont les travaux conduits sur les fondamentaux à Mayotte, lorsqu’il y était recteur, font pour moi référence », souligne même le ministre à nos confrères. Actuellement recteur de l’académie d’Orléans-Tours, et auparavant en poste plus de trois ans à Mayotte, il avait mis en place le plan « Dire-Lire-Écrire », dont l’objectif est de mettre l’accent sur ces trois phases d’apprentissage au moyen de 10.000 manuels identiques pour tous.
Ce qui colle à la volonté ministérielle de combattre « l’hétérogénéité des ouvrages proposés » dans les classes.
Des écoles normales du XXIème siècle

Un appel du pied avait déjà été lancé par l’occupant de la rue de Grenelle lors de son discours de rentrée, « A Mayotte, l’appropriation de la lecture par l’ensemble de la communauté éducative, assortie d’une formation pour les professeurs et d’un travail sur les manuels, a permis une progression rapide dans la maîtrise des fondamentaux : en CE1, là où la moitié des élèves n’était pas entrée dans la lecture, ils ne sont plus qu’1/3, en mi-CP, là où seul 1/3 des élèves était entré dans la lecture, ils sont presque 50%. »
Les défis lancés par le ministre sont nombreux et renvoient pour certains à des problématiques qui se posaient à la fin du XXème siècle, « peut-on continuer à laisser passer en 6e des élèves qui ne savent pas lire, écrire et compter correctement ? », ainsi que sur la formation initiale des enseignants qui avait été revue et corrigées il y a une trentaine d’années avec des résultats mitigés. Mais le terme employé par Gabriel Attal d’une création d’« écoles normales du XXIème siècle », en donne les contours. Une référence aux ancêtres des IUFM, devenus ESPE, puis INSPE.
Aux côtés de Gilles Halbout pour travailler au sein de cette mission, Edouard Geffray, le directeur général de l’enseignement scolaire, Caroline Pascal, la doyenne de l’inspection générale, et Stanislas Dehaene, président du conseil scientifique de l’éducation nationale.
Ils devront rendre leurs copies dans deux mois, pour une mise en œuvre à la rentrée prochaine.
A.P-L.