Rappelons que le FEDER de l’enveloppe 2014-2020 se montait pour Mayotte à 268 millions d’euros, dont la moitié a été consommée, et seulement 1,7% consacré à l’eau. « La tuyauterie est percée ? », une interrogation dans le plus pur style du journal.
Nos lecteurs se souviendront de nos révélations sur la mauvaise gestion des fonds européens par les SGAR successifs, des sous-préfets qui n’avaient eu de cesse de rassurer pourtant sur la bonne consommation des fonds. D’où la méfiance là encore des habitants quant à la parole institutionnelle. Le rapport de la Commission interministérielle de coordination des contrôles (CICC) qui intervenait en 2019 à la demande du préfet Dominique Sorain avait mis en évidence une succession de négligences au sein de ce service de la préfecture, ressources humaines, compétences, querelles internes, services déconcentrés immatures…
Serrage des boulons pour ouvrir les vannes
Le Canard enchainé en remet une couche en évoquant seulement 4,5 millions d’investissement sur les 38 millions d’euros prévus, et en citant un membre de la commission européenne, « les projets d’approvisionnement et d’assainissement de l’eau sont très techniques, et les compétences manquent cruellement à Mayotte. » Et en revenant sur la suspension des remboursements des fonds européens en 2020.
Il faut rajouter qu’en face, c’est un syndicat intercommunal des eaux de Mayotte sur lequel pèse de graves chefs d’accusation sur cette période, notamment de détournements d’argent public, qui n’a donc pu mener des investissements qui ont fait flop.
Côté préfecture, le recadrage par l’équipe actuelle du SGAR est rapporté dans l’article qui évoque « des ajustements », pour éviter les dégagements d’office de retour des fonds à l’envoyeur, « au budget de la Commission… à l’eau les projets ! »
Interrogée par le Canard, la préfecture assure que « le nouveau rythme de certification » permettra de « récupérer tous les fonds ». Rappelons que le FEDER de la nouvelle enveloppe (2021-2027) se monte à 347 millions d’euros, « dont 77 millions consacrés à l’eau », sous réserve « de déployer du personnel compétent ».
Rajoutons le plan « Marshall » déployé par le ministre Vigier de 30 millions d’euros, en espérant qu’il n’y ait pas cumul des axes d’investissements avec le FEDER, et le contrat en cours signé par LEMA de 350 millions d’euros, qui devrait permettre en toute rigueur – mais c’est là le problème – de booster la production.
Merci à l’hebdomadaire de s’être fait le porte-voix d’investissement évaporés dans une nature autre que mahoraise, privant une population qui en a soupé !
A.P-L.