Comme annoncé officiellement par le nouveau ComGend, lors de la phase d’amorce de l’opération de décasage du village de Hamourou, quelques semaines en amont, c’est donc un cinquième d’escadron — provenant cette fois-ci de Chatellerault — qui vient gonfler les rangs de la mobile présente sur notre territoire et ce, au moins jusqu’aux prochaines vacances, à la mi-octobre.
Le mode opératoire en lui même, qui semble faire ses preuves depuis déjà un certain temps, n’a pas vocation à être profondément chamboulé bien qu’un nouveau format d’intervention se dessine. En effet, là où cette massive présence des forces armées fait la différence en cette rentrée, notamment en des points sensibles bien connus de l’Éducation nationale, c’est dans son approche anticipatoire et préventive comme l’indique le préfet de Mayotte : « Cet escadron vient avant que les troubles commencent, plutôt que d’attendre que cela se passe mal et d’être obligé de les faire venir en urgence de Paris. Ce sont des enseignements que nous avons pu tirer du passé; plutôt que de subir, essayons à nouveau d’anticiper, de se mettre en position et d’être présents plus facilement ».
C’est pas la taille qui compte….
…c’est la compétence ! Une compétence bien spécifique notamment en matière de lutte préventive, capacité judiciaire décuplée incluse, au regard de l’économie informelle qui est légion, surtout en notre territoire. Tsihisa* donc les filières immigration kwassa-kwassa, le travail illégal sous toute ses formes, la petite bouéni à la maison sous-payée, non déclarée, tout comme les artisans constructeurs des 3ème étages express ou encore les marchands de sommeil qui profitent impudemment de la facile misère humaine depuis des années et autres activités souterraines alimentant sans surprise les dérives démographiques et sécuritaires que nous connaissons tous, en ce 101ème territoire de la République française ?
« Dès ce début septembre, il nous sera envoyé des spécialistes, à la fois gendarmerie et police en matière de volet judiciaire. Rien que pour le ComGend, il sera question d’une task force de 15 professionnels; cela équivaut quasiment à une deuxième section de recherche pour une période donnée et avec une seule thématique justement, celle de la lutte contre l’économie souterraine, sous la direction du Procureur de la République bien évidemment » souligne le général Lucien Barth.
Garantir la sécurité scolaire dans son ensemble
Pour les 2 400 élèves du LPO de Kahani et leurs quelques 200 enseignants, c’est une nouvelle rentrée plutôt calme qui s’amorce ce mercredi matin et ce, aussi grâce au travail de proximité et de terrain entre la direction de l’établissement et les gendarmes. Situé à directe juxtaposition d’un hub qui se veut point central des ramifications de nombreux autocars provenant des 4 coins de l’île, il est vrai que la zone du centre-ouest mahorais concernée a souvent bénéficié d’une volcanique et véhémente réputation en matière de point névralgique pour les guerres de gangs, de villages, chefs de bandes inclus.
Pour préserver la partie intra-muros, 10 agents de l’équipe mobile de sécurité (EMS), équipés de détecteurs de métaux, ce qui, d’une part, fluidifie et simplifie grandement la fouille matinale — avant sonnerie de début des cours — et, d’autre part, apporte son lot efficient en matière de métal trouvailles, objets contendants, armes blanches et plus si créatives affinités… Point positif, avec le temps, bien qu’il ne faille systématiquement noircir le tableau dans son extrême (pour susciter le stérile buzz), les choses tendent à s’apaiser; les stylos et cahiers reprenant leurs droits sur les lames aiguisées, redorant ainsi le blason de cette tertiaire institution, aussi synonyme d’excellence, qui a su révéler bien des talents aux dires de sa direction, les propulsant jusqu’aux portes des grandes écoles de la Métropole.
La réactive efficacité terrain n’est plus à prouver
Dans cette sorte de chapitre 2 de l’opération Wuambushu et de la lutte globale contre la délinquance et les violences, notamment en zones limitrophes scolaires, qui sévissent sur notre territoire, le préfet Thierry Suquet a tenu à préciser que la dynamique des opérations de sécurisation se veulent avant tout évolutives et adaptées à la réalité de terrain, avec un dialogue permanent entre les chefs d’établissements, le rectorat, le ComGend, la préfecture, les maires mais aussi les acteurs de proximité, indispensables leviers informatifs de ce qui se passe dans l’envers du décor. Des acteurs tels que les parents d’élèves, les associations de quartiers ou encore les collectifs de villages qu’il est important de convier aux réunions pour que leur implication soit valorisée et que les informations soient régulièrement actualisées.
Le préfet interpellé par des membres de la CGT
Après quelques poignées de main et des échanges protocolaires de circonstance, notamment avec la direction de l’établissement, le préfet a aussi pris le temps d’échanger avec des enseignants délégués syndicaux de la branche CGTiste Educ’action qui ont confié leur besoin d’accompagnement, notamment dans la mise en place de process de sécurité clairs : « Vous voyez derrière, ce sas qui est complément neuf, nous avons du mal à l’utiliser. En cas de caillassage, si nous ouvrons les portes en grand, nous risquons aussi de faire entrer des personnes qui n’ont rien à faire dans l’établissement etc. On ouvre, on ferme, on ne sait pas et c’est pour un tas de choses de ce type que nous ne sommes pas avisés, pas préparés. L’expertise des forces de l’ordre nous serait fort utile ».
Dans une autre approche, les modalités d’expulsion des élèves sans-papier a aussi été évoquée rappelant que cela ne relevait pas des compétences de la préfecture mais bien d’un juge et ce, dans une procédure complément légale. Les enseignants syndiqués ont souhaité souligné le caractère important de l’État, d’au moins accompagner les élèves jusqu’à leur examen final, sans crainte d’être interpelés et ce, même s’il est question de jeunes majeurs. De son côté, Thierry Suquet a souligné l’importance de cette opération Wuambushu aussi dans une autre vision : « Être dans l’obligation de retourner dans leur pays d’origine, c’est aussi pouvoir faire le nécessaire pour obtenir un acte d’état-civil, un passeport qui va leur permettre par la suite, en tant que citoyens par exemple comoriens, de suivre des études un peu partout. Là aussi, oui les jeunes sont dans le système scolaire français, nous leur devons des obligations de réussite etc. mais il est tout de même important que les Comores prennent aussi leurs responsabilités. Ils sont leurs concitoyens vivant ici à Mayote, à eux de leur fournir des papiers d’identité, de les gérer pour que si, par exemple, ils font des études, ils puissent partir avec un passeport comorien et non avec un titre de séjour français alors qu’ils n’ont pas le droit de se maintenir sur le territoire » explique-t’il. Du côté du service de l’immigration de la préfecture justement, toujours bloqué par le Collectif des citoyens de 2018, le seul accord récent de négociation qui a pu être trouvé, nous apprend le préfet, étant celui de la délivrance de visas pour les jeunes bacheliers étrangers souhaitant aller étudier à la Réunion, en Métropole, voire même à l’étranger.
À part quelques caillassages sur les communes de Koungou et de Ouangani, où un bus a été la cible de ces actes stupides et gratuits, dans l’ensemble, il fut question d’une rentrée relativement calme; pourvu que ça dure…
MLG
*Fini/Terminé