« Est-ce que te souviens de ton arrivée ?
C’était une arrivée facile. J’avais eu la chance de venir de temps en temps en France, donc j’étais pas totalement dépaysée. J’avais déjà une attache, mon frère y était depuis 2012. J’avais une personne pour m’accueillir, m’aider dans mes démarches. Au final quand je suis arrivée tout s’est fait plutôt facilement.
Qu’est-ce qui t’a surpris en arrivant ?
Dans le milieu scolaire, j’ai mal vécu les discriminations. J’ai voulu faire un stage à Mayotte pendant la période du Covid, et on me l’a refusé sous prétexte que Mayotte ne faisait pas partie du territoire français. Ça m’a marquée. C’était ma première expérience professionnelle, et je m’étais dit : autant la faire directement à Mayotte, pour voir comment est le marché, comment il évolue.
As-tu envie de retourner à Mayotte ?
Mon but aujourd’hui n’est pas de rester en France après mes études. Mon but est vraiment d’acquérir de l’expérience pour pouvoir rentrer exercer à Mayotte. Je ne me vois pas travailler ici, je me sens chez moi à Mayotte, ça rentre en jeu bien sûr. Mais il y a aussi le fait de vouloir développer tout ce qui est commerce B to B (ndlr : de l’anglais “Business to business”, il s’agit de relations commerciales d’une entreprise vers une autre d’entreprise).
Je me dit que ça peut créer de l’emploi. Si à Mayotte les sociétés, les infrastructures peuvent arrêter de faire appel à des prestataires extérieurs pour tout ce qui est maintenance, installation… Alors pourquoi pas rentrer à Mayotte, et continuer directement là-bas.
En arrivant à Toulouse, as-tu bénéficié d’un accompagnement ?
Non pas du tout, parce que je ne l’avais pas demandé…et je pense que c’était une grosse erreur. Quand je parle d’accompagnement, je pense directement aux aides du département. Je sais qu’il y avait une prime d’installation. Je ne l’ai pas demandée, ni la Bourse, mais avec un peu de recul je me dis que j’aurai dû.
Quand je suis arrivée, à part mon frère et quelques personne de la famille, je connaissais pas grand-monde. Donc pendant les première années je pense qu’il me manquait cet environnement mahorais, que j’ai pu retrouver avec Caribou Maore. L’association permet de faire le lien entre les étudiants mahorais et de ne pas se sentir seul.
Durant tes études, quelles difficultés as-tu rencontrées ?
Toutes les difficultés que j’ai eu, je les ai « cherchées ». Typiquement, pour ma première année, avec un peu plus de concentration j’aurais été parfaite. Mais en fait quand je suis arrivée je me suis reposée sur mes acquis. À part ça, tout s’est bien passé.
Quels souvenirs vas-tu garder de ces années ?
Déjà que la vie d’étudiante est une très belle vie. Là je perds tous les avantages d’étudiante, étant donné que je deviens salariée. Je retiens qu’il ne faut pas lâcher, qu’il faut être persévérante. C’est vraiment clé pour pouvoir réussir. Donc un bilan plutôt positif : si c’était à refaire, je referais mes études. »
Propos recueillis par Marine Wolf