L’auditorium du Pôle culturel de Chirongui avait des airs de salle de concert la semaine dernière. Une quinzaine d’adolescents, âgés de 10 ans à 17 ans et venant des quatre coins de l’île, étaient en stage de musique afin d’apprendre à se servir de certains instruments mais aussi en vue de restituer une création musicale devant un public. « Le but de ce stage est que des adolescents puissent créer une chanson originale de A à Z en imaginant la musique, les paroles et en jouant eux-mêmes des instruments » explique Maya Gana. « Christin, professeur de piano et moi, on leur montre juste comment se servir des instruments, notamment au niveau de la rythmique et de la musicalité, mais c’est à eux de trouver les accords et la mélodie », ajoute-t-elle.
La plupart des adolescents présents n’avaient jamais joué de basse, de guitare, de batterie, ou encore de piano. « C’est impressionnant ! » S’exclame-t-elle. « Certains ont un talent fou ! Nous avons commencé mardi matin en leur faisant découvrir tous les instruments et en seulement deux jours certains d’entre eux étaient déjà super à l’aise pour jouer ». L’avantage de ce genre d’atelier musical, c’est que cela permet de créer de l’empathie et de la solidarité. « Il vaut mieux que les jeunes se rencontrent au travers de la musique plutôt que par une confrontation entre bandes rivales. A travers ce stage, ils se mélangent et changent de comportement, ce qui est très positif », souligne Maya.
Ainsi parmi la quinzaine d’adolescents présents, certains étaient placés dans des familles, d’autres sont venus de loin, comme Tsoundzou 1 par exemple, et marchaient tous les jours jusqu’à Tsararano pour essayer d’avoir un taxi et se rendre au pôle culturel de Chirongui.
Un mini concert pour couronner la semaine de stage
Ainsi, vendredi dernier avait lieu la dernière répétition avant le concert de restitution du samedi. Même si l’ambiance était bon enfant et détendue, Maya n’a pas manqué de rappeler à ses musiciens en herbe que pendant le concert ils allaient se retrouver devant un public nombreux, et qu’ils n’auraient pas droit à plusieurs essais pour être au point. Il fallait donc être sérieux « pour assurer ». Car en effet, ce n’est pas moins d’une douzaine d’adolescents présents sur scène pour jouer de la batterie, de la guitare, de la basse, du piano, de l’harmonica, … ainsi que trois chanteurs. « Je leur ai fait essayer à chacun tous les instruments. Puis après ils ont choisi celui ou ceux avec lequel ils étaient le plus à l’aise, en fonction de leur sensibilité, indique la musicienne. Nous avons ainsi voulu créer des liens entre les différents styles de musiques, à la fois instrumentale, traditionnelle avec des gaboussi par exemple, mais également avec la musique moderne comme le hip-hop, avec des percussions électroniques notamment ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que les élèves qui ont suivi ce stage ont été très créatifs tant sur les paroles que sur la mélodie. « Tous les jours ils étaient assidus et ils ont rédigé. Je les ai juste accompagnés et un peu entourés, c’est tout ! Ils ont écrit les deux morceaux tout seuls. Christin et moi on leur a juste donné le nom des notes et puis débrouillez-vous ! » Indique la professeure de chant.
La finalité de ce stage est de donner l’envie de créer et que chacun des élèves participe en jouant selon ses capacités et son envie. « C’est aussi l’occasion de les faire réfléchir sur des paroles censées… Pour l’instant nous avons deux morceaux, mais nous allons essayer d’en proposer un troisième. On espère avoir beaucoup de monde pour le concert de ce week-end», confie Maya.
Samedi était donc le grand jour. Après la représentation de restitution par les jeunes du stage de musique avait lieu un concert de MAYA & SHAYAKA pour finir la soirée en beauté. En musicienne avertie, Maya avait concocté à ses élèves un petit imprévu. « Nous allons jouer avec eux pour leur faire une surprise, sourit-elle. Puis Christin et moi nous allons donner l’opportunité aux gens présents d’écrire quelque chose que nous jouerons en live sur scène, l’objectif étant de créer du lien avec les spectateurs ».
B.J.