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Le CHM se pare de fleurs et de bonne humeur…

Remises de médailles d’honneur et festive cérémonie, ce jeudi, dans l’enceinte du Centre hospitalier de Mayotte afin de saluer l’engagement et l’ancienneté de 32 salariés, tout corps de métier confondu, rattachés à cette institution publique majeure pleinement (dé)vouée à la Santé des Maorais.

Dès les grilles de l’entrée principale du CHM, une certaine émulation se fait ressentir accompagnée d’un mouvement de foule plutôt inhabituel. Nous suivons le flot de cet attroupement bien apprêté. Mouvement social ? Épidémie ? Grève surprise ? Le code vestimentaire, les sourires et l’ambiance ne s’y prêtent pas. Après avoir bien marché, traversé quelques couloirs et dévalé quelques marches d’escalier, nous arrivons enfin en la cour centrale du lieu et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du monde et ce, même au balcon et à tous les étages d’ailleurs !

Matthieu Guyot remettant la médaille d’argent à Roukaya Toilibou, adjointe des cadres hospitaliers recrutée le 15 juin 1999

Les tenues civiles s’entremêlent à celles du corps hospitalier. Buffet soigné, chapiteau dressé et tapis rouge déroulé; à n’en pas douter, les célébrations vont être doublement belles sachant qu’elles n’avaient pu être organisées, ces dernières années, pour cause sanitaire. Des célébrations dédiées à ces fourmis de l’ombre; des fourmis fidèles à minima depuis 20 ans* : « À Mayotte on parle beaucoup de turnover et pourtant regardez autour de vous. Malgré les crises plutôt cadencées qui se sont succédées sur le département depuis toutes ces années, nombreux sont les personnels loyaux à l’établissement et qui se lèvent chaque jour bien souvent très tôt pour venir travailler. Il faut qu’ils entendent ô combien ils sont indispensables et pour cela, cette cérémonie sera l’occasion de les remercier grandement » nous confie Matthieu Guyot, directeur adjoint du CHM.

Un honneur personnel pour une joie commune de l’équipe des ambulanciers du CHM

La Médaille d’honneur régionale départementale et communale 

Équivalent à la médaille du travail dans le secteur privé, cette distinction vise à récompenser les annuités de service et le dévouement octroyés à l’établissement public dans lequel on passe parfois plus de temps que chez soi.

(à d. et au c.) J.M Defour et B. Ahmed, médaille d’or pour 42 ans de service dans la Fonction publique

Tout un symbole de louable résilience pour ces femmes et ces hommes, incarnant la majorité silencieuse du réseau hospitalier mahorais, qui ne laissent nullement indifférent Jean-Mathieu Defour, directeur général depuis avril 2022 : « Travailler au CHM c’est très dur, très compliqué et cela, tous les jours. Entre le réveil aux aurores, les embouteillages, la non assurance de ne pas se faire agresser sur la route, partir à 3h du matin pour revenir le soir, le tout sans eau; tout cela ajoute difficulté sur difficulté en plus de l’évolution phénoménale des besoins et des techniques depuis ces 2 dernières décennies. Alors, honnêtement, un immense merci ».

Les différents grades

Ce sont donc l’ouvrier principal Bacar Ahmed et l’aide-soignant Massoundi Saindou dit Jao Stars, respectivement 42 et 40 ans dans la Fonction publique qui ouvrent le bal avec l’obtention d’une médaille d’or reçue sous l’oeil fier et ému des familles, amis et collègues présents. Les légitimes honneurs se succèdent passant par l’échelon vermeil (30 ans de service) et les majorités des autres médailles se voulant d’argent et équivalentes à 20 ans au minimum de service. En 20 ans, on peut dire que les choses changent comme nous le confirme Inchati Abdallah, affectée aux cuisines et recrutée au CHM depuis le 15 décembre 1999 : « J’ai commencé, je ne savais même pas ce qu’on appelait un ordinateur, je n’y connaissais rien. J’ai du apprendre à me servir de tout ça, j’ai dû me moderniser et honnêtement, je trouve cela génial d’évoluer et je suis infiniment reconnaissante et émue ».

Massoundi Saindou et son épouse, tous deux très émus et heureux de cette reconnaissance

Certains, moins timides que d’autres, ont tenu à prendre la parole comme Zaïna Bacar, cadre supérieure de santé paramédical qui, dans un discours émouvant, rappelle aussi tout le sens de ce qu’à pu être son engagement : « Cette médaille revient également à mes enfants que j’ai souvent laissés à la maison pour des gardes parfois non-stop au sein des dispensaires. Merci aussi à mon conjoint qui m’a beaucoup soutenue lors mes formations et à l’ensemble de mes collègues avec qui nous avons noué de véritables liens. Oui les conditions de travail sont de plus en plus difficiles; pas dans l’activité en elle même mais plutôt par rapport à des paramètres extérieurs qui dégradent la situation. Il ne faut pas se décourager, les obstacles il y en aura d’autres mais nous en avons déjà beaucoup surmontés. Le CHM c’est un travail d’équipe, c’est une famille où nous sommes tous liés et il ne faut pas l’oublier. Une personne peut impacter toute la dynamique d’un service alors il est important que tout le monde y mette du sien… ».

Inchati Abdallah, la reine des cuisines du CHM et sa fille pleine d’émotion et de fierté de voir sa maman récompensée

Parce qu’il y a aussi de belles choses à notifier 

Cette cérémonie protocolaire à échelle nationale intervient dans un contexte où le milieu de la Santé de manière globale rencontre bien des défis et Mayotte n’est pas épargné faisant face à de nombreuses difficultés notamment au sein du CHM. Une raison supplémentaire de ne pas assombrir plus qu’il n’en faut un tableau qui, au final, ne se veut guère si bilieux : « Les informations ou bruits de couloir qui peuvent être relayés à l’extérieur ne sont réellement que le fruit d’une minorité. La fidélisation parle d’elle même. Regardez tous ces gens qui, au prix de sacrifices personnels et familiaux se sont accrochés pour évoluer et faire carrière ici. Le CHM c’est une famille et récompenser nos anciens aujourd’hui c’est une fierté qui nous donne encore plus la motivation de continuer, moi le premier et pourtant je suis là depuis 2002 » nous explique Aynoudine Salime, directeur des soins avant de poursuivre : « Il y a toujours mieux ailleurs mais honnêtement, la Santé c’est quelque chose de magnifique et évoluer ici, sur le plan professionnel, humain et même financier, honnêtement, on est bien. On nous a mis en place des bus pour nos transports, nous avons des primes pour nous soutenir, nous avons des tickets restaurant à 11 euros, ce qui est une première pour le domaine hospitalier… Beaucoup de choses sont faites pour aller dans notre sens et croyez-moi, il n’y a pas que des gens tristes ici. Les gens ne viennent pas à reculons. La joie que vous voyez autour de vous, c’est ça le vrai visage du CHM ».

Aynoudine Salime

C’est dans une légitime euphorie dansante, nourrie de photos et selfies à profusion que nous laissons tous ces gens profiter de cette journée qui leur est quelque part dédiée. Médaillés ou non, merci à tous ces personnels muzungus ou mahorais, résidents ou de passage qui oeuvrent chaque jour avec passion à veiller sur nous et notre santé.

Marahaba et Tsihou Féréchéya !

 

MLG

*Créée par décret du 22 juillet 1987, la Médaille d’honneur régionale départementale et communale est destinée à récompenser une réelle compétence professionnelle et un dévouement constant au service des régions, des départements, des communes et de leurs établissements publics ainsi que des offices publics d’habitation à loyer modéré et des caisses de crédit municipal.

  • l’échelon argent pour 20 ans de services
  • l’échelon vermeil pour 30 ans de services
  • l’échelon or pour 35 ans de services
    Jour de fierté en famille
    Les colliers d’honneur remis par les familles et collègues étaient parfois en (trop) grand nombre…

     

    Imbadi Harouna et son épouse également dans les soins qu’il tient à remercier publiquement « il est arrivé des périodes où je croisais à peine ma femme; moi travaillant de jour, elle de nuit. J’ai eu des doutes et ai failli tout arrêter mais elle m’a poussé à croire en moi, à continuer à me former et à aller au bout de ce qui me plaisait. Cette médaille est aussi la sienne »

     

L’émotion se lisait vraiment sur tous les visages

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