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Mamoudzou

Un futur centre dédié à nos tortues

C’est face à la vasière des Badamiers, ce mercredi matin en Petite-Terre, que l’association Oulanga na Nyamba avait donné rendez-vous à ses convives, pour un événement particulier, plus ou moins protocolaire mais surtout riche de symbole, d’innovation et de sens pour offrir pleine valorisation à cet incontournable emblème de notre île qu’est la tortue marine. Par la pose de sa première pierre, la Kaz’a Nyamba sera le tout premier centre pédagogique de découverte et de soins dédié à nos aquatiques chéloniens.

Tant adulée de par le Monde, où nombreux sont les gens à se précipiter dans des agences d’excursion et de loisirs, afin de quérir l’extraordinaire opportunité de l’observer de près, d’assister à l’éclosion de ses oeufs ou bien même, climax féérique de la chance suprême, de nager avec, oui…on peut aisément dire que la tortue marine fascine ! Une fascination ancestrale dont on retrouve la trace jusqu’aux tréfonds des civilisations indiennes, chinoises, amérindiennes ou encore chez nos homologues insulaires polynésiens où elle incarne un véritable totem et une indiscutable, mais non moins respectueuse, attractivité touristique.

Depuis 2010, Oulanga na Nyamba a identifié 78 tortues (DR)

Totalement inoffensives, les tortues de mer font malheureusement partie de ces espèces menacées pour diverses raisons, principalement humaines (tourisme de masse, urbanisation, pollution, ingestion de plastique, prise accidentelle dans des filets de pêche industrielle ou artisanale…) et notre lagon mahorais ne déroge guère à ce triste constat avec, de surcroit, cette accablante et récurrente médiatisation de faits de braconnage. L’Être humain client de ce marché noir serait-il à ce point là si égocentrique, privilégiant son petit bien-être gastrique immédiat, au détriment d’une perdurable richesse environnementale laissée aux générations futures ? À chacun de pousser sa propre réflexion. En attendant, lentement mais sûrement, à l’image de leurs protégées, l’active et historique association Oulanga na Nyamba, créée en 1998, poursuit ses diverses et louables actions de terrain, non pas pour jouer les stériles donneurs de leçons mais bien pour rendre actifs les différents acteurs de notre département, au profit de ces majestueux reptiles des mers.

C’est toujours une incroyable chance que de pouvoir observer ces paisibles créatures dans leur aquatique habitat naturel (MLG®)

Une clinique des tortues mais pas que

Les premiers études de faisabilité lancées en 2015, il a fallu dans un premier temps créer sur le papier ce qui ressemblera à ce futur bâtiment et, accessoirement, trouver le foncier… Et c’est bien parce que certaines mentalités des élus locaux s’éveillent, que cette étape a pu être franchie en 2019, grâce à la mise à disposition d’un terrain par la commune de Dzaoudzi-Labattoir.

La Kaz’a Nyamba accueillera en son sein un musée ludique et pédagogique appelé la Maison de la Tortue

La Kaz’a Nyamba se voudra telle une sorte de laboratoire pluridisciplinaire voué, bien entendu, à la prise en charge et la médicalisation des tortues retrouvées blessées mais également lieu pédagogique, informatif et attrayant pour le tout venant passionné ou bien le curieux qui ne demandera qu’à s’émerveiller. Et niveau émerveillement, tout se goupille harmonieusement. L’accessibilité, le cadre et la bâtisse en elle-même, éco-responsable dans ses matériaux, sa configuration et alimentation électrique en partie produite par une centrale photovoltaïque. Que demander de plus ? Et bien que ça ouvre justement et cette ouverture tant attendue, offrant enfin un lieu concret d’accueil dédié à nos tortues de mer, se table pour le 1er semestre 2024

Jeanne, biologiste marine et directrice de l’association depuis 2020

. « C’est un projet que nous portons avec profonde conviction depuis 2010. Nous avons légitimement dû bien ficeler le tout en le murissant étape par étape mais nous avons hâte qu’il ouvre car il faut bien comprendre que ce centre se voudra bien sûr pour les tortues mais aussi pour la population et le futur des jeunes générations, dans une dynamique de centre de référence et pourquoi pas de formation des métiers des soins animaliers, de plus en plus porteurs et ayant du sens » nous confie Jeanne Wagner, directrice de l’association.

Le centre de soins sera équipé de 6 bassins alimentés en eau de mer afin d’accueillir les futurs patients

Place aux jeunes 

Dans ses actions de terrain, de valorisation et de protection des tortues — ciblant notamment la surveillance d’une cinquantaine de plages — Oulanga na Nyamba n’a pas pour politique de s’imposer tel le défenseur strict et protocolaire des tortues. Son approche se veut justement plus finement fertile et nuancée, au plus près des populations, dans une volonté d’invitation participative et de transmission.

En plus de leur staff salariés, l’association Oulanga na Nymaba compte une trentaine de bénévoles

C’est ainsi que chaque mercredi, les membres et volontaires de l’association accueillent leurs Nyamba Kids. Super petits ambassadeurs en devenir, ces jeunes adhérents apprennent, s’imprègnent et se voient intelligemment sensibilisés et stimulés à la cause des tortues et environnementale en générale. Cette préservation de l’écosystème et la mise en valeur de notre extraordinaire biodiversité, c’est une volonté politique aussi menée par les équipes du Conseil départemental, co-financeur de ce projet comme nous le souligne Maymounati Moussa Ahamadi : « À Mayotte, nous avons la chance d’avoir 5 espèces de tortues marines et paradoxalement, c’est plutôt dans les autres territoires et/ou pays que nous allons les observer. Il faut que les visions et mentalités changent car notre île regorge de richesses naturelles, faune et flore confondues. Nous sommes extrêmement fiers d’appartenir à ce projet qui est un pas de plus vers le développement conscientisé et respectueux de notre île. Nous y croyons avec conviction. Pour parler abruptement, il est temps de réaliser qu’une tortue marine vivante rapporte bien plus qu’une braconnée alors avançons… ».

Anffane Touffail, fier président de cette association

Pour Anffane Touffail, président d’Oulanga na Nyamba, il est évident que cette nouvelle relève est une opportunité majeure dans cette dynamique de prise de conscience : « Ce combat contre le braconnage est celui de toute la population de Mayotte et il commence justement par nos jeunes. La prise de conscience et le sérieux sont de plus en plus palpables et je m’en réjouis car cela va à l’avantage de la population; et d’autant plus si on veut developper l’écotourisme sur île. Arranger et protéger notre environnement est indispensable ».

Entre 2018 et 2022, ce sont plus de 300 cas de braconnage qui ont été recensés par Oulanga na Nyamba (DR/PNM Mayotte)

En plus de tout ce travail pédagogique et de préservation, l’association met un point d’honneur à recruter, uniquement sur critère de motivation, des plus grands dans le cadre du Service Civique, notamment pour des missions de surveillance sur les plages auquel peut s’enchainer un contrat Parcours emploi compétences (PEC). Une riche opportunité d’offrir de l’expérience concrète bien souvent à un public quelque peu en marge du système scolaire et apprentissage classiques. Et les saines révélations sont souvent à clé ! Souhaitons à la Kaz’a Nyamba ce bel avenir mérité tant pour nos amies à carapaces que pour notre département.

MLG

En 2022, ONN® a organisé 67 sorties de pontes
La Kaz’a Nyamba sera en partie électriquement autonome grâce à la mise en place de panneaux solaires

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