« Pourquoi es-tu parti étudier en Métropole ?
J’avais envie de découvrir de nouvelles choses. J’ai candidaté principalement dans le Sud puisque j’avais de la famille basée sur la côte méditerranéenne, et j’ai été accepté à l’université de Nîmes pour une licence d’administration économique et sociale.
Ça ne s’est pas très bien passé. La transition entre le lycée Younoussa Bamana et l’université, je l’ai très mal vécu dans la mesure où je n’étais pas préparé pour les études supérieures. Je n’avais pas la bonne méthodologie pour m’organiser, et il y avait le fait d’arriver dans un nouvel environnement. Je ne connaissais pas du tout la Métropole !
Comment as-tu réagi ?
Au bout de 6 mois, j’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer dans cette filière, que j’avais un peu choisie par défaut. Je n’avais pas vraiment de projet professionnel détaillé à cette époque. J’ai pris du temps pour réfléchir et je me suis demandé ce qui me faisait plaisir dans la vie de tous les jours.
Je suis passionné d’aéronautique, je passais beaucoup de temps à l’époque à me documenter sur l’aviation. Je me suis dit que ça pouvait m’intéresser, et j’ai décidé de viser les métiers de l’aérien. Mon objectif était de travailler pour une compagnie aérienne. En me documentant j’ai appris qu’un établissement allait être inauguré en 2015 et proposer une formation axée sur le tourisme : le lycée Christian Bourquin à Argelès-sur-mer, dans les Pyrénées Orientales. J’ai candidaté, j’ai été retenu et j’ai commencé à suivre le cursus.
Est-ce que cette fois-ci ton ressenti a été différent ?
J’y ai pris beaucoup de plaisir, et j’ai remarqué que plus je prenais du plaisir, plus je réussissais à m’organiser. Mes résultats étaient bien meilleurs qu’à l’université. Il y avait ce contraste avec les amphithéâtres bondés de la faculté, alors qu’en BTS on était en petit comité. On avait une proximité avec les professeurs, ils pouvaient vraiment nous accompagner. Ce que j’ai aimé aussi avec cette filière, c’était la possibilité d’effectuer une immersion professionnelle au cours de l’année.
J’ai eu l’opportunité de vivre ma première expérience professionnelle à Mayotte, auprès du représentant d’Air Austral à Mamoudzou. Au départ je suis quelqu’un d’assez réservé et être en contact avec la clientèle était un vrai défi pour moi. C’était une manière de repousser mes limites. J’ai bien aimé l’expérience, que j’ai réitérée l’année d’après.
Qu’as-tu fait après avoir obtenu ton diplôme ?
Une fois diplômé, j’avais envie de continuer dans le monde de l’aérien. Pour travailler dans une compagnie aérienne, il fallait absolument maîtriser l’anglais. Je voulais partir en Nouvelle Zélande avec un Permis Visa Travail, qui donne un visa et la possibilité de travailler sur place. C’était pour moi l’option la moins onéreuse pour améliorer mon niveau d’anglais. J’ai décidé de retourner à Mayotte pour travailler, histoire d’avoir des ressources financières.
À cette époque, je me suis rendu compte que les sites touristiques de l’île n’étaient pas assez bien répertoriés. J’ai réalisé que si jamais un touriste voulait organiser de lui même un séjour à Mayotte, ce n’était pas un exercice facile. Je me suis dit qu’il y avait un travail à faire là-dessus. Ça m’a intéressé, j’ai découvert que c’était le travail des chargés de développement touristique local.
Tu as donc eu envie de travailler dans ce domaine ?
J’ai décidé de reprendre mes études, ce qui n’a pas été un choix évident, notamment vis-à-vis de ma famille. J’étais inséré professionnellement, j’avais mes amis qui avaient une vie personnelle et professionnelle stable. Et je suis retourné en Métropole pour une formation aux métiers de manager dans le secteur du tourisme, avec une mise en avant de la dimension environnementale. J’avais toujours mon idée en tête, je suis revenu pour mon stage de fin d’année à Mayotte, où je suis actuellement.
Pour revenir à ton arrivée en Métropole, est-ce que tu te souviens de ce qui t’avais marqué la première fois ?
La taille des amphithéâtres, je n’étais pas habitué à ça. Et la maitrise de la langue : je ne pratiquais pas le français en dehors de l’école à Mayotte. J’avais des lacunes, ce n’était pas forcément évident parfois de comprendre certaines notions en cours.
Des conseils pour les jeunes qui partent faire leurs études ?
La lecture, c’est ce qui m’a le plus aidé. Personnellement je lis surtout des livres sur le sport, parce que ça me passionne. Et sourire aux autres. C’est ce qui m’a permis d’échanger avec mes camarades et d’améliorer mes capacités linguistiques. »
Propos recueillis par Marine Wolf