La Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte apporte son soutien aux porteurs de projets

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte (CCIM) et la Communauté de Communes du sud ont organisé hier la 6e édition de la « Journée pour entreprendre » à la MJC de Bouéni. Plusieurs organismes étaient présents afin de proposer un accompagnement à la création, au développement ou bien apporter des solutions aux différents porteurs de projets.

« La journée pour entreprendre » est un dispositif mis en place par la CCI en partenariat avec le fonds européen Feder et les cinq intercommunalités de l’île. Comme l’indique Catherine Mkadara, responsable évènementiel et attractivité au sein de la CCI, « L’objectif de cet événement est de réunir en un même lieu toutes les structures d’accompagnement comme BGE, l’ADIM, le GIP, la Mission locale, … afin d’informer les gens et notamment les porteurs de projets sur les structures d’accompagnement présentes sur le territoire. Nous souhaitons ainsi nous rapprocher des habitants ». Durant toute la matinée plusieurs intervenants ont fait des présentations sur les différents organismes et structures.

Les visiteurs, simples curieux ou potentiels porteurs de projets, pouvaient ainsi avoir des réponses à leurs questions à l’image d’un jeune bachelier venu s’informer pour reprendre l’entreprise de son père. « Nous lui avons proposé de l’accompagner d’un point du vue administratif et comptable, précise Catherine Mkadara. La CCI s’occupe d’aider à monter les dossiers, souvent de A à Z, pour qu’ils soient déposés et acceptés afin de bénéficier d’un fonds. On les accompagne jusqu’à l’obtention du prêt ou d’une subvention, complète la responsable évènementiel et attractivité.

Le bus France service, un véhicule itinérant qui sillonne les villages du sud pour aider les habitants dans leurs démarches administratives.

Ainsi il y a un agent dans chaque intercommunalité capable d’accueillir, d’orienter et de conseiller un porteur de projet. Nous souhaitons vraiment informer les gens sur les dispositifs dont ils peuvent bénéficier ». Catherine a ainsi accompagné très récemment un porteur de projet qu’elle a inscrit à un concours. « On est très fier puisque le projet a été récompensé au challenge national, organisé par l’ensemble des CCI en métropole. Ce concours a pour but de valoriser un commerçant ou un entrepreneur porteur de projet. C’était la première fois qu’un territoire d’Outre-mer y participait… et ce projet mahorais, dont l’activité est l’installation de logiciel dans les caisses enregistreuses, a eu le coup de cœur du jury dans la catégorie innovation. Nous allons donc retourner en métropole au mois octobre pour récupérer le prix », se réjouit-elle.

Cette matinée fut également l’occasion de présenter plusieurs projets phares dont notamment le bus France service, un véhicule itinérant qui sillonne les villages du sud pour aider les habitants dans leurs démarches auprès des services publics. « Le but est d’être au plus près de la population pour accompagner les personnes âgées ou autres dans leurs démarches administratives, les prises de rendez-vous, l’accompagnement pour déclarer ses impôts, ses droits à la sécu, … », explique Tchanazi Mcolo, coordinatrice du bus France service. Cela fait maintenant deux ans que ce bus existe et tous les jours il se rend dans un endroit différent du sud de l’île.

La passion d’un comptable

Plusieurs porteurs de projets étaient présents durant cette journée afin de montrer leur création. C’est le cas d’Ahmed Ali Abdallah Gera, comptable de profession mais amoureux de l’art. Son projet s’appelle « GER ART » et il vend des tableaux qui ont été fait non pas avec un pinceau, mais avec un stylet. « C’était il y a cinq ans environ, j’accompagnais régulièrement un ami artiste-peintre vendre ses toiles dans les foires et sur les marchés. C’est là que j’ai commencé à aimer l’art, raconte-t-il. Je me suis intéressé petit à petit. Vu que je n’avais pas de pinceau et n’ayant pas forcément de la dextérité, je me suis dit : Pourquoi ne pas utiliser les outils actuels. J’ai donc acheté une tablette numérique avec un stylet et je me suis mis à dessiner ».

Pour ses tableaux, Ahmed utilise un logiciel de création graphique dans lequel il intègre ses dessins et ses couleurs. « Je personnalise une image avec mon ressentis et ma créativité. Je n’ose pas appeler cela des toiles, car le métier d’artiste demande beaucoup de temps, assure-t-il. Pour ma part, il me faut un peu près quatre heures pour faire une œuvre entre l’idée principale, la recherche d’image et la création en elle-même ». Une fois cette étape terminée, Ahmed fait de l’impression sur toile. « A l’heure actuelle je dessine à Mayotte et je fais imprimer en Allemagne. Sur le territoire il n’y a qu’un seul prestataire et malheureusement les prix sont très élevés alors que mon objectif est de rendre ces toiles abordables, en dessous des 100 euros », explique-t-il. Aussi, comme le processus est assez long entre l’impression en Allemagne et la réception à Mayotte, Ahmed ne propose pour l’instant que son stock. « L’idée serait de personnaliser les tableaux, ce que je peux faire en métropole mais pas ici, le temps est trop long… Aussi j’aimerais être aidé financièrement par la CCI ou un fonds afin de pouvoir m’acheter une imprimante sur toile, mon but étant de faire un produit 100% Mayotte ! », espère-t-il.

Plusieurs exposants étaient présents pour vendre leurs produits

Pour l’instant Ahmed n’a pas de boutique, il est présent sur les réseaux sociaux, dans les foires et sur les marchés. Il collabore notamment avec la boutique Uvaga à Mamoudzou et souhaiterait étendre ses partenariats afin d’avoir des points de vente un peu partout dans l’île. En ce moment, il propose des tableaux compris entre 60 euros (60cm x 40cm) et 80 euros (80cm x 60cm). Même si pour l’instant cette activité est extra-professionnelle, Ahmed fait son petit bonhomme de chemin, « L’art c’est aussi une passion, confie-t-il. Pour l’instant j’écoule mon stock avant de me développer davantage ». Hier matin en l’espace de deux heures il avait déjà vendu trois tableaux. « Les gens sont solidaires, ils sont prêts à soutenir et à encourager les projets entrepris par les mahorais ».

B.J.

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