L’ambiance était à la fête ce lundi au collège de Koungou, pas seulement pour fêter les vacances scolaires qui approchent à grands pas, mais aussi pour souffler les vingt bougies de l’établissement. Après avoir fait la visite des lieux au recteur, l’actuel principal, Gérard Chané, a pris la parole dans la cour devant les élèves du collège, réunis pour l’occasion, mais aussi devant leurs parents présents pour célébrer ce moment de partage et de communion.
Le collège Frédéric d’Achery, un établissement pas comme les autres
« Je suis fier d’être ici ! » a lancé Gérard Chané envers un public déjà conquis. Puis il a remercié l’ensemble des personnels de l’établissement pour leur travail et leur implication pour la réussite des élèves. Il a salué le parcours effectué depuis vingt ans, notamment à l’adresse de Stéphane Planchand, principal du collège de 2003 à 2005. « Par votre engagement personnel, vous avez bâti les bases fondamentales qui nous permettent aujourd’hui de valoriser nos élèves et pour cela je vous en remercie ».
Puis ce fut au tour de de l’adjointe au maire de Koungou en charge des affaires scolaires, de l’enfance et Éducation, Louhenvelle Leroux, de s’adresser à l’auditoire. « Ce collège connait beaucoup de réussite malgré un contexte social difficile. La commune continue de s’engager envers la jeunesse afin qu’elle réussisse. Pour cela elle aide et finance les activités sportives et la réussite scolaire. Vous pouvez ainsi compter sur nous pour vous accompagner, a-t-elle déclaré. Jacques Mikulovic a également prononcé un discours pour rendre hommage à l’ancien principal mais également pour valoriser les élèves du collège. « C’est un bel espoir pour vous, a-t-il dit. De nombreuses personnes s’investissent pour que vous réussissiez. Il y a des perspectives intéressantes pour peu que vous soyez sérieux dans la réussite scolaire. Sachez aussi, que votre collège est le plus grand de France et même d’Europe ! », a déclaré le recteur devant une foule d’adolescents en liesse à l’écoute de cette « distinction ». Le recteur en a profité aussi pour indiquer qu’un second collège allait voir le jour à Koungou « d’ici quelques années mais que rien ne remplacerai le collège Frédéric d’Achery ».
Et comme un moment de bonheur n’arrive jamais seul, le collège a organisé la première cérémonie de remise de récompense à douze élèves pour leur résultats académiques bien-sûr mais aussi pour leur investissement dans la vie sociale et scolaire du collège. « Non seulement vous avez les félicitations et la reconnaissance de l’ensemble de vos professeurs, mais vous avez aussi brillé par votre comportement et contribué à la bonne réputation du collège », s’est félicité Gérard Chané avant de laisser la parole à Stéphane Planchand.
Un petit pincement au cœur pour l’ancien principal
« Vingt ans c’est énormément d’émotions, raconte Stéphane Planchand. C’est émouvant de revenir ici à Mayotte. J’ai vu ce collège évoluer, grandir dans la continuité. Voir autant de photos sur le panneau d’affichage à l’entrée du collège avec toutes ces personnes, c’est très émouvant. J’ai vécu une extraordinaire aventure ici durant deux ans », reconnait-il. Puis vient le moment des souvenirs et des anecdotes qui font que Mayotte est unique, comme le raconte Stéphane Planchand à l’occasion de la première rentrée scolaire, fin août 2003, où ce sont les membres de la Légion étrangère qui ont débarqué de Petite-Terre avec leurs camions pour installer le matériel. « Le collège était encore en travaux et le bateau qui contenait l’ensemble du matériel scolaire avait quelques jours de retard, il n’était pas encore arrivé dans l’île pour la rentrée des classes. Les légionnaires ont alors installé tout le matériel nécessaire qu’ils avaient pour que nous puissions faire notre rentrée », se souvient-il.
Ou encore cet autre exemple où des centaines de familles partageaient un repas en commun lors d’une cérémonie. « On ne vit ce genre de choses nulle part ailleurs », confie-t-il. Quant à savoir ce qu’il pense des élèves mahorais et de ce collège, il ne tarit pas d’éloges : « Ils sont adorables, doux, souriants, ils ont de l’appétence. Lors de mon départ, certains avaient organisé un barrage pour m’empêcher de partir, se remémore-t-il en souriant. Dans le village je connaissais les gens, il y avait une proximité avec la population. Le collège apportait quelque chose aux villages…C’était l’école de la République. Dès qu’il y avait un problème avec des élèves concernant la religion, j’allais voir le fundi et tout s’arrangeait, c’était l’ordre républicain. Le fait d’avoir été principal dans ce collège et de l’avoir inauguré est un moment qu’on vit rarement dans une carrière, c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’émotions de revenir vingt ans après », conclue-t-il.
B.J.