L’ancrage du debaa mahorais dans la culture française doit notamment à une chercheuse italienne, Elena Bertuzzi, qui a consacré une thèse à ce chant dansé et partagé par une communauté de femmes créé dans les années 60.
En 2015, une box recouverte d’un drap noir alimente les commentaires place de la République à Mamoudzou. Quelques jours après, levée du suspens : l’anthropologue Elena Bertuzzi et sa comparse Laure Chatrefou avaient conçu une « boite à debaa », dans le cadre des Journées du patrimoine. Un labyrinthe de voilage à l’intérieur qui se renvoyaient des images de danses et de chants des femmes mahoraises, avec quizz pour les visiteurs et plusieurs attractions qui les faisaient plonger « au cœur du debaa », titre de l’exposition.
Une idée géniale qui avait valu à la « boite à debaa », d’être couronnée par le Grand prix «Arte Laguna 2017» du Pavillon de l’Arsenal de Venise, un concours international qui réunit des artistes du monde entier.
Une médiatisation renforçant les actions menées sur place par le MuMa qui permettait au debaa d’intégrer en 2015 le patrimoine immatériel français.
Nous avions consacré un sujet approfondi à la thèse soutenue par l’anthropologue et chorégraphe, intitulée « s’imposer en dansant : créativité et prestige des femmes de Mayotte », fruits de 7 ans de recherche. Elena Bertuzzi était venu ensuite la présenter au conseil départemental. Elle faisait notamment état de la dynamique impulsée par les femmes à Mayotte, des différents procédés qui composent le chant du debaa notamment la coordination entre les sons et la qualité gestuelle des femmes, dans un concept de « solfège du mouvement », et la place laissée à leur créativité.
Une thèse qui vient d’être couronnée. A la suite de l’évaluation des 66 candidatures reçues et des délibérations du jury, le prix Rémy Leveau, décerné par le Bureau Central des Cultes du ministère de l’Intérieur, a été attribué à Elena Bertuzzi, pour sa thèse « S‘imposer en dansant. Créativité et prestige des femmes de Mayotte ».
Le jury, présidé par Sabrina Mervin, directrice de recherches au CNRS (IREMAM), était constitué de chercheurs et enseignants-chercheurs membres du comité de pilotage de l’Institut d’Etude de l’Islam et des sociétés du monde musulman, du Conseil Scientifique du GIS Moyen-Orient et Mondes Musulmans.
A.P-L.