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Pour que chacun puisse parcourir les Routes de la Transe…

Lancement officiel, ce vendredi 2 juin, du webdocumentaire intitulé Les Routes de la Transe; projet immersif et pluridisciplinaire, fruit d’un travail d’initiation par le terrain, offert notamment aux étudiants du Centre universitaire de Mayotte.

Et si la différence était la simple résultante évolutive d’une même source commune et surtout, similaire ? Et si les oppositions culturelles ou bien même géographiques n’étaient pas tant marquées que cela, précisément du point de vue traditionnel, auditif et musical ? C’est ce que la journaliste/artiste autodidacte, musicienne, productrice, caméléon et respectueusement nomade, Christine Coulange et son organisation Sisygambis, ont souhaité faire découvrir aux étudiants mahorais, au travers de masterclass éphémères — estampillées Cufr et initiées par la pleine implication du Pôle culture et de son directeur, Jean-Louis Rose — les ayant conduits en divers lieux régionaux de notre Bassin Mozambique et océan Indien ainsi que des destinations bien plus lointaines.

La découverte par l’apprentissage concret 

Immersion et prise de son lors de la Masterclass de Nosy Bé sous la professionnelle direction de C. Coulange (à g.) (DR)

S’immerger, c’est être un spectateur privilégié, observateur attentif mais bienveillant et discret. Ce sont toutes ces petites ficelles, fruits d’un long travail personnel, nourri d’aventures internationales aussi intensives, diverses que variées que l’artiste et réalisatrice du projet les Routes de la Transe offre à ces chanceux jeunes mahorais, le temps d’une aventure, hors de leur micro-insularité.

Une aventure à caractère avant tout humain, ayant pour aspiration la découverte sous toutes ses formes, tant dans l’aspect professionnel et technique numérique, que dans une approche modestement plus anthropologique. En véritable et talentueuse touche-à-tout, Christine Coulange, parfaite transmettrice de savoirs, positionne ces jeunes et nouveaux stagiaires tels de véritables techniciens du monde de l’Audiovisuel afin qu’ils soient partie prenante des tournages faits lors de leur(s) noble(s) excursion(s) hétéroclite(s) qui alimentent en images et en sons ce qui constituera divers micro documentaires accessibles désormais à tous.

Les étudiants Cufr des masterclass deviennent acteurs techniques et participent au tournage de leur voyage. Ici, immersion en Guyane (DR)

En sommes, les étudiants découvrent d’autres cultures, s’imprègnent mais ont aussi un rôle dans l’immortalisation et la captation de tout cela qui constituera un support final visionnable qui n’aura de cesse de s’enrichir au gré des vents et des terres foulées afin de transmettre à d’autres.

Dans un des e-documentaires disponibles via la plateforme des Routes de la Transe, le Chercheur en Musicologie, Victor Randrianary, évoque les nombreuses influences extérieures qui ont conduit à l’identité  »traditionnelle » musicale de Mayotte

From Mayotte to(ut) le Monde…

Dans la continuité d’un travail antérieur, en lien avec La Route de la Soie*, qui relève de l’œuvre personnelle en divers lieux plus ou moins reculés de ce globe et porté par l’artiste féminine précitée, les Routes de la Transe ont pour genèse cette volonté de développer l’approche numérique et 2.0 désormais incontournable tout en montrant que, malgré la distance, il existe de forte similarités culturelles liées à une Histoire qui n’a eu de cesse d’être en perpétuelle évolution nourrie de migrations et d’inter-échanges. Une Histoire au final où chaque civilisation et/ou territoire est venu(e) s’imprégner un peu de son voisin pour en ramener un bout chez soi et se l’approprier à sa manière. Une richesse de patrimoine immatériel qui se veut diversifiée mais qui, au final, doit sa portée à l’aspect fraternel de la chose. Et c’est bien cette notion qu’il est important de réaliser, de se remémorer afin d’ouvrir humblement ses synapses de reconnaissance et de tolérance en bien des points. Comprendre qu’une culture n’est en aucun cas la création à 100% d’un lieu tant dans l’approche vestimentaire que, dans ce cas précis du projet, musicale. Et ce sont ces rythmes captés aux 4 coins du Monde, leur symbolique et une partie de leur histoire que sont allés quérir Christine Coulange et ces étudiants mahorais.

Pour An-Ichat Kafe, il est important d’observer pour ensuite aller vers l’autre sans jugement « on ressort de ces voyages avec un intellect bien plus élargi »

Les territoires régionaux ont été visés prioritairement tout comme les autres insularités ultramarines françaises permettant ainsi de mettre en lumière cette incroyable révélation ressentie comme nous le partage An-Ichat Kafe, étudiante en 3ème année de licence de Géographie, qui a eu la chance de partir sur une masterclass en Guyane mais aussi en Polynésie française : « Nous nous sommes rendu compte que le son des percutions traditionnelles utilisées en ces territoires lointains faisaient vraiment écho à ce que nous connaissions exclusivement de Mayotte. Lorsque nous sommes arrivés là-bas, nous nous sentions tout de suite bien avec cette indescriptible sensation de familier et rassurant ».

Entre le travail autonome de la structure Sisygambis et la coopération avec les masterclass du Cufr, ce sont au bas mot 31 villes à travers 9 pays et/ou territoires qui sont à découvrir dans ce webdocumentaire. Mayotte, Madagascar, La Tanzanie, les Comores, Zanzibar, le Kenya, l’Égypte, le Maroc mais aussi la Guyane; et s’en suivront d’autres…

Un webdocumentaire évolutif 

Évolutif, interactif, intuitif mais surtout, absolument pas figé dans le Temps. Là était une volonté réelle des équipes pour que chacun, chaque intervenant, étudiant et/ou volontaire encadrant acteur de ce projet, puisse justement être source d’alimentation de cette virtuelle bible, riche de sa diversité, de ses paysages, de ses témoignes et du contenu qu’elle propose. Via une carte, il est possible de faire voyager son esprit et son curseur vous permettant ainsi de découvrir dans l’ordre que vous souhaitez ces divers micro-documentaires qui seront amenés à se multiplier peu à peu. Une extraordinaire opportunité immersive sonore et visuelle afin d’en apprendre davantage sur l’Histoire de notre région insulaire Sud-Est africaine; berceau du Monde et de la Musique…

Les voyages continue dans l’océan Indien et nombreuses sont les similitudes avec nos voisins malgaches

L’expérimentation pédagogique qui tend vers l’internationalisation 

C’est sous cette étiquette qu’avance pas à pas le Pôle Culture du Cufr à travers ses programmes d’immersion et de masterclass proposés régulièrement à ses étudiants.

Pour Nadjib Ahmed, étudiant en L1 de Droit, parti récemment pour une masterclass à Nosy Bé, ces voyages sont « vecteurs de fraternité et l’occasion de reconnecter les files et liens qui étaient pensés perdus… »

Des programmes qui se veulent avant tout de coopération et d’échange depuis Mayotte vers d’autres territoires, certes, mais le retour se veut tout autant concret. C’est en sens que 2 étudiants malgaches sont venus participer à des masterclass, ici, au centre universitaire mahorais et l’aventure des fertiles vases-communicants ne fait que commencer sachant, de surcroit, la proche montée en puissance de notre structure post-baccalauréat, au 1er janvier 2024, qui pourra prétendre, sous son statut d’Institut national universitaire (INU), élargir et créer ses propres filières de formations diplômantes que l’actuel directeur,  Abal-Kassim Cheik Ahamed, souhaite bien pousser à l’internationalisation régionale  : « Cette université c’est avant tout celle de ses étudiants et l’Avenir qu’ils souhaitent y donner. Il est important de se connaitre soi, d’être curieux de son île pour mieux s’ouvrir aux autres. Nous visons le développement de l’Excellence sur notre territoire et ce, aussi à travers les pays voisins; il est impératif de nous ouvrir. Il est temps de prendre conscience que l’étudiant mahorais doit être un étudiant international ».

Pour le directeur du Cufr (à g.) il est une richesse incroyable que de pouvoir s’ouvrir au Monde

Une ouverture de plus en plus palpable et la création de nouveaux cursus et diplômes que l’on doit aussi au Pôle Culture après des expérimentations antérieures réussies via ces programmes d’immersion et d’apprentissage proposés qui, indiscutablement, poussent ces étudiants en des prises de conscience, des perceptions de distance et des visions bien plus tolérantes et élargies sans parler de l’indéniable enrichissement intellectuel. « La rencontre est une source de cohérence sociale, d’élévation, de fraternité et de partage. Même les langues régionales se veulent de racines communes » nous explique Jean-Louis Rose qui compte bien appuyer ses aspirations de formations communes internationales, notamment entre Mayotte et Madagascar avec, à l’issue, la création d’un diplôme commun international et reconnu… Cela en prend la positive voie.

J.L. Rose et C. Coulange, acteurs incontournables de cet incroyable projet offert aux étudiants mahorais et indirectement aux autres à travers le Monde

Au programme de ce bel outil interactif qui vise également son utilité régionale ET internationale, la version sous-titrée en Kibushi (ou Shibushi) des documentaires déjà disponibles qui devrait sortir le 13 octobre 2023 prochain. D’ici là, la rédaction du JDM vous invite à partir en voyage, depuis votre canapé, sans passeport ni contrainte de jetlag ou de visa, afin de vous délecter des paysages qui sentent ce je ne sais quoi de chaleur humaine propre à l’Hémisphère Sud et toute la simple et noble générosité qui les caractérise. Attachez vos ceintures, ouvrez grand vos yeux, ajustez vos oreilles et surtout, Bon Voyage…

MLG

 

Cliquez et laissez vous emporter

*Des travaux antérieurs de types webdocumentaires s’entremêlent et s’encastrent dans cette continuité de projet les Routes de la Transe. Des travaux en lien avec des coopérations telles que l’Université de Paris 8, le Ministère de la Culture, de l’Intérieur et des Outre-mer, l’Enseignement Supérieur, la Drajes, l’Institut du Monde Arabe, Cahire Unesco-ITEN, la Friche Belle de Mai etc.

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