Des faux billets en circulation aux Comores ? Cela n’est pas nouveau mais c’est probablement la forme et la nature qui accordent une nouvelle couleur au phénomène. Des alertes sont souvent émises des années, des réseaux sont démantelés mais avec des coupures de billets de la monnaie locale. Cette fois, ce sont des billets en euros et en dollars qui sont dans le collimateur des services en charge de la lutte contre la contrefaçon.
«La lutte contre la contrefaçon des billets de banque a toujours constitué une préoccupation majeure de la Banque centrale», a indiqué l’autorité monétaire qui a rappelé les actions engagées ces dix dernières années pour sécuriser les billets. «Les billets de 500 FC, 1000FC, et 2000 FC ont une bande iridescente verticale a effet bicolore turquoise et rouge qui change selon l’inclinaison du billet. Les billets de 5.000 FC et 10.000 FC ont une bande holographique partiellement métallisée qui change selon l’inclinaison avec l’inscription BCC ou l’étoile d’Anjouan», a-t-elle expliqué.
Une enquête approfondie en cours
Un jeune d’une trentaine d’années a été arrêté ce mercredi 31 mai au nord de Moroni avec un billet contrefait de 100 euros et a été remis à la police. «Il est entré à la boutique et demande à échanger son joli billet de 100 euros contre des francs comoriens. L’épicier a immédiatement constaté que c’était un faux en touchant le billet. Il a appelé la police. Le jeune a été emmené au commissariat», a indiqué un témoin oculaire. Les billets en euros sont devenus la cible. Un autre homme a été arrêté en début d’après-midi par la gendarmerie après des informations croisées par le Service des renseignements financiers (SRF) et des services de la DNDPE (Direction nationale de la documentation et de la protection de l’Etat).
«Pour les opérations en devises (Euros et Dollars), la Banque centrale recommande à la population et aux opérateurs économiques, conformément à la réglementation des changes, de s’adresser aux banques et aux institutions financières, qui disposent de l’expertise requise pour détecter rapidement les faux billets », indique le communiqué de la Banque centrale qui a demandé à «la population d’abandonner les habitudes d’utilisation des devises pour les paiements de leurs achats».
La perpétuité pour les faux-monnayeurs
La plus grosse opération de démantèlement du réseau de faux billets remonte à l’année 2001 avec la saisie de matériels sophistiqués. Mais les préjudices n’avaient pas été estimés à l’époque. D’autres saisies de faux billets avaient été opérées en 2012, en 2015 et en 2021. La Banque centrale des Comores (Bcc) n’a pas précisé, pour l’instant, l’ampleur du phénomène de la circulation de ces faux billets dans les îles. L’institution a appelé simplement à la grande vigilance, demandant, dans un communiqué, à «la population et aux opérateurs économiques d’accroître leur vigilance dans leurs transactions en espèces».
La loi comorienne est stricte en matière de contrefaçon de billets de banque. «Quiconque aura contrefait, falsifié ou altéré des signes monétaires ayant cours légal sur le territoire national ou à l’étranger sera puni de la réclusion à perpétuité et d’une amende décuplée de la valeur desdits signes et au moins égale à 30.000.000 (trente millions) de francs comoriens », indique l’article 84 du code pénal. Les communications relatives à la saisie de billets contrefaits et à l’arrestation de faux-monnayeurs sont rares aux Comores. Il y a quatre ans, un réseau de citoyens d’Afrique de l’Ouest avait été démantelé à Moroni mais on ignore les suites judicaires accordées à cette affaire.
A.S.Kemba, Moroni