Les faits se sont déroulés au début du mois de juillet 2018. La gendarmerie de Sada est alors sollicitée pour se rendre à côté de la station d’épuration de Chiconi suite à la découverte d’un corps près de la rivière. A cet endroit, gisait un homme allongé, sans vie et à moitié dénudé. Plusieurs plaies et blessures étaient présentes sur sa main droite, son visage et sur son corps.
L’ombre du multi délinquant Magnele ?
Comme souvent dans les affaires de meurtre la victime se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Ainsi une bande d’une dizaine d’individus, originaires de Tsoundzou, décide un soir, à la tombée de la nuit, de commettre des cambriolages du côté de Coconi et de Sada. Pour cela, ils se scindent en deux groupes et décident de se retrouver une fois arrivés sur place. Un premier groupe arrivant du côté de Coconi aperçoit une camionnette blanche garée sur un petit parking et décide de détrousser les occupants. A l’intérieur du véhicule, un retraité de 65 ans visiblement en plein ébats avec une prostitué. Les délinquants tentent de s’en prendre aux occupants et une altercation éclate entre les trois jeunes et le retraité qui décide de s’opposer à ses agresseurs et refuse de remettre les clés de son véhicule ainsi que son téléphone portable.
A trois contre un la victime avait peu de chance, sachant que ses agresseurs étaient déterminés et organisés. Pendant qu’un premier individu le maintient, un autre l’étrangle avec un châle, tandis que le dernier lui assène des coups de couteaux. Selon l’autopsie effectuée quelques heures après son meurtre, il serait mort d’asphyxie. « La mort est due à une insuffisance respiratoire causée par une forte pression ayant occasionnée une fracture de la région du cou et des cervicales, ainsi que des lésions hémorragiques importantes. Des hématomes et des plaies ont également été remarqués dans le dos, le cou et sur certaines parties du corps », concluent les différents médecins qui l’ont examiné.
Les témoins, encore pris d’émotion plusieurs années après les faits, ont des récits similaires à savoir « un corps allongé, en partie dénudé près de la rivière ». Puis c’est au tour des proches du défunt de témoigner. Son frère déclare qu’on l’a appelé tôt le matin pour lui dire que son frère était allongé et mort. « Je suis allé sur place, j’ai pris un drap et je l’ai couvert. C’était un père attentionné, quelqu’un de normal qui n’avait pas de problèmes, qui n’avait pas de dettes », et qui s’occupait avec ses frères et sœurs de leur mère souffrante. La fille du défunt prend la parole, la voix tremblante, visiblement encore marquée par le meurtre de son père. « J’étais partie travailler et j’ai reçu un coup de fil le matin me disant que mon père était mort. Quand je suis arrivée sur place, il était allongé et couvert. Il avait une blessure à la main droite avec du sang, du sang partout. Il avait les pieds sales comme si on l’avait trainé. Il y avait plein de monde sur place ».
Les accusés reconnaissent les faits mais contestent leur peine
Déjà reconnus coupables en première instance, les prévenus avaient tous été condamnés à 22 ans de réclusion criminelle en juin 2022. Estimant que leur peine était trop lourde, deux d’entre eux ont décidé de faire appel. La présidente du tribunal, Nathalie Brun, convoque à la barre, tour à tour, les deux accusés présents et leur demande : « Pourquoi avez-vous fait appel et reconnaissez-vous les faits ? – La peine est trop lourde et il y a des doutes sur les faits. – Nous verrons cela plus tard, mais reconnaissez-vous avoir étranglé la victime ? Poursuit-elle – Oui c’est moi. Tout le monde était là, Magnélé, M’Dere, … J’avais peur de ces gens-là », répond le premier accusé. La présidente lui précise, pour le coup, que les dénommés Magnele et M’Dere ont été mis hors de cause dans cette affaire. Le second accusé s’avance à la barre et répond aux mêmes questions. « La peine est trop importante, explique-t-il. Je reconnais les faits, mais je ne suis pas coupable, ce n’est pas moi qui ai fait ça », indique-t-il devant le tribunal.
Puis c’est au tour du directeur de l’enquête à l’époque d’être entendu par le tribunal en visioconférence depuis la métropole. Il revient sur les faits et la découverte du corps de la victime. « Aux alentours de 7h45 le 2 juillet 2018, la gendarmerie a été appelée après la découverte d’un corps près de Chiconi. Nous avons ouvert une enquête pour homicide et procéder à une enquête de voisinage. Le défunt était père de famille, il était également pratiquant. C’était un homme charitable avec une bonne conduite aux dires de ses voisins. Il cultivait des parcelles agricoles pour vendre quelques fruits et légumes afin de subvenir aux besoins de sa famille », raconte l’enquêteur.
Des prélèvements ont été fait sur la victime afin de déterminer les causes de sa mort. Sous un de ses ongles de main est découvert un ADN masculin autre que le sien en lien avec des faits de violence avec arme dans une autre affaire. Par ailleurs, « plusieurs profils génétiques étaient également présents sur ses vêtements », indique devant le tribunal un expert. L’enquête aurait pu stagner à ce niveau, mais coup de théâtre fin mai 2019, une personne vient trouver les enquêteurs et leur révèle que son compagnon lui a confié qu’il connaissait les auteurs du meurtre. La gendarmerie poursuit ses investigations et interpelle les trois individus en question qui seront condamnés en juin 2022.
En ayant fait appel, deux des trois meurtriers peuvent voir leur peine diminuer à l’issue de ce procès. Mais comme cela s’est déjà vu par le passé, ils peuvent également écoper d’une peine plus lourde de réclusion criminelle. Seuls les jurés ont leur destin entre les mains. Ils seront fixés sur leur sort en fin de semaine.
B.J.