Le terme e-santé est en quelque sorte « le mariage de l’informatique et de la médecine », résume le docteur Martine Eutrope. Ce terme a été défini officiellement à la fin des années 1990 et au début des années 2000 comme « L’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé ». La e-santé concerne donc la télésanté ou encore la télémédecine qui permet d’avoir accès à des soins à distance par l’intermédiaire de la téléconsultation, de la télésurveillance ou bien de la téléassistance, entre autres.
Une histoire de l’évolution de l’informatique et de la médecine souvent en parallèle
Martine Eutrope et Emeric Blanchin ont tour à tour retracé brièvement les principaux moments importants de ces deux disciplines. Ainsi, en 1628 fut découvert la circulation du sang. En 1796, le premier vaccin contre la variole et 1885, le vaccin contre la rage de Louis pasteur. En 1928, ce fut les antibiotiques pour arriver en 1983 et la découverte du VIH par le professeur Montagnier et en 2005 la réalisation de la première greffe du visage. En parallèle de ça, l’informatique s’est développée à partir de la Seconde Guerre mondiale avec la machine de codage enigma inventée par les allemands. Puis cela s’est poursuivi dans les années 50’, 60’ et 70’ avec l’évolution de l’informatique bouleversant le quotidien.
En 1980, ce fut l’apparition du Personal Computer (PC) et l’entrée de l’informatique dans les hôpitaux. Dans les années 90’, c’est l’apparition du multimédia et des logiciels de gestion, notamment de patients dans les cabinets médicaux libéraux, ainsi qu’internet. Les années 2000 consacrent le web 2.0, la généralisation de la télétransmission des feuilles de soins à la sécurité sociale, … pour aboutir en 2022 au fameux Chatbot GPT. L’informatique a ainsi permis, au fur et à mesure du temps, de simplifier la pratique de la médecine comme l’a constaté Martine Eutrope. « Il est vrai que d’avoir notre dictionnaire des médicaments le fameux Vidal et ses 3648 pages dans notre ordinateur nous a simplifié le travail et nous a permis de faire des prescriptions immédiates. En cela l’informatique nous aide à la prescription, au diagnostic ainsi qu’au recueil des données médicales pour les patients ».
Qu’en est-il du développement de la e-santé dans les années à venir ?
Comme le rappelle le docteur Eutrope, le système de santé à Mayotte est soumis à une évolution démographique médicale constante, à une inégalité territoriale dans l’accès aux soins, à une hausse des maladies chroniques, ainsi qu’à une prise en charge de la dépendance, même si Mayotte est moins touchée par le vieillissement de la population. La crise sanitaire de 2020 a en quelque sorte démocratisé la télémédecine avec des consultations faîtes en visio par écrans interposés. « Même si les outils de la télémédecine comme le téléphone, les applications whatsApp, Zoom, les cabines ou les plateformes peuvent être utiles pour renouveler une ordonnance, cela ne permet pas de voir le fond d’une gorge ou de faire une coloscopie en ligne, sourit-elle. Les relations humaines doivent être plus importantes que les outils et la technologie. Elle doit nous servir mais nous ne devons pas être à son service », poursuit-elle.
La crise sanitaire a accéléré la e-santé en permettant notamment la continuité des soins, même à distance, en faisant des consultations en direct à l’aide de mallettes équipées de machines permettant d’ausculter, de faire des électrocardiogrammes, des échographies, etc. Cela a bouleversé la pratique de la médecine. « Les objets connectés permettent d’aider les médecins mais ne peuvent remplacer les mains du praticien, notamment pour les douleurs intestinales. Il faut ainsi adopter un guide d’éthique de la téléconsultation », insiste le docteur Eutrope.
L’informatique a ainsi révolutionné la pratique médicale, on ne peut pas dire pour l’instant comment sera le patient de demain et où s’arrêtera la e-santé. Selon Emeric Blanchin, d’ici 2030 nous assisterons à une démocratisation de la e-santé car « la médecine sera régit par le numérique, l’IA (intelligence artificielle) qui permettront de faire des prédictions et déceler des cancers par exemple. Les masques à réalité virtuelle et augmentée, la cyber anatomie, la modélisation du cerveau, les exosquelettes seront autant d’outils qui vont faire partie de notre vie au risque de voir disparaitre certaines fonctions et certains métiers ».
B.J.