Le ramadan se passe dans le calme aux Comores. Les traditionnelles activités religieuses sont organisées dans les mosquées. Les prêches tournent à plein régime. Mais en plus de la hausse des denrées de première nécessité, la population se trouve aujourd’hui confrontée, pour la première fois en huit ans, à des problèmes d’électricité qui rendent la vie dure dans certaines régions de l’archipel.
Les zones Est et Nord-ouest de l’île de Ngazidja (Grande-Comores) sont soumises à des fréquents délestages de 16h/24h. Les habitants passent la nuit sans courant. A Anjouan, seule la capitale Mutsamudu est alimentée en permanence. Les autres régions de l’île vivent une situation inédite pendant ce mois de ramadan. «Nous ne savons à quoi bon d’avoir des dirigeants s’ils sont incapables de fournir de l’électricité à leur population», a réagi, un jeune entrepreneur qui a requis l’anonymat.
Une bonne partie des groupes en révision
La capitale, Moroni, n’est pas concernée par les délestages. A Mwali (Moheli), la situation semble stable. Les Comores ont besoin de 18 mégawatts à Ngazidja et de 7 mégawatts à Anjouan pour couvrir les besoins en énergies. On est aujourd’hui respectivement à 9 et 4 mégawatts. Il fut un temps, les Comores avaient réussi à disposer de 16,5 mégawatts. Une source de la Société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec) évoque «un plan de révision des générateurs» pour justifier ce régime sec de délestage qui rappelle le calvaire de l’année 2015.
Le directeur général de la société publique d’électricité avait reconnu un retard de livraison de pièces de rechange destinées à la remise en état de nombreux groupes tombés en panne dans les principales centrales thermiques du pays. «Cela aura un impact sur le calendrier d’approvisionnement du courant», avait expliqué, il y a quelques jours, Soilihi Mohamed Djounaid, lors d’un déplacement à Anjouan. La situation devient de plus en plus compliquée pour les propriétaires des petits commerces qui vivent grâce à une forte d’économie de proximité pour pouvoir joindre les deux bouts.
Les responsables de la Sonelec n’ont pas annoncé de date de retour à la normale. «Nous révisons les groupes, la situation sera stabilisée. Nous ne pouvons pas conformer une date précise, le travail se poursuit», confie un agent du département de la maintenance qui a confirmé que le gouvernement a décidé de ne pas acquérir de nouveaux groupes électrogènes comme il fait d’habitude à chaque période pour fournir de l’électricité 24h/24h à la population.
Un secteur mal en point malgré les milliards injectés
Les Comores connaissent d’énormes problèmes pour stabiliser leur système d’approvisionnement. Malgré d’importants fonds injectés dans le secteur, le pays fait face notamment à la vétusté de son réseau électrique qui date des années 1970 et d’importants coûts d’exploitation qui rendent difficile toute politique managériale ambitieuse. Le prix du kilowattheure devrait revenir à 400 francs (0,8 euro) à cause des couts d’exploitation jugés élevés.
L’Etat apporte une subvention régulière de plus de 10 milliards de francs chaque année pour compenser les pertes et maintenir un prix acceptable pour la population. Il est passé de 132 (0,2 euro) à 198 francs (0,4 euro) depuis juin 2022. Mais le secteur peine à se relever en dépit des multiples programmes soutenus par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (Bad) et d’autres pays amis. Le pays souhaite développer les énergies renouvelables pour limiter le coût. Une première expérience est en marche avec la construction d’une centrale solaire au sud de la Grande-Comores par le groupe français Innovent. Une autre centrale devrait démarrer dans les prochains mois.
A.S.Kemba, Moroni