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Mamoudzou

Ben, ce héros mahorais né de l’imaginaire des apprentis du BTP

C’est à l’initiative commune des classes de 1ère du lycée professionnel Tani Malandi de Chirongui, ainsi que de leur professeur de Lettres-Histoire, que la genèse des aventures de Ben, l’Enfant de Vents, originaire de Sada, prend sa pleine et touchante essence.

C’est une bien belle histoire que ces élèves de 1ère, du bac pro Aménagement et finition du bâtiment (AFB), ont écrite tant sur le plan métaphorique que concret. Parti d’un cours interactif qu’on pourrait appeler géo-démographie, en lien notamment avec les communes richesses historiques et paysagères de notre île, le choix de créer un conte éducatif à destination des 6-12 ans est né permettant ainsi à leur professeur, Stéphane Vermeersch, d’intégrer de manière directe une pédagogie des plus nobles alliant créativité, magnificence culturelle, parallèle linguistique shimaoré-français, enrichissement lexical et indéniable stimulation participative pour ces jeunes qu’il serait aisé de cataloguer « peu littéraires » si nous tombions dans la stérile facilité des raccourcis.

Dada Aly, l’un des auteurs désormais en terminale AFB : « C’était une expérience très riche et je vais faire la surprise à ma maman de lui amener mon livre… »

Une sensibilisation environnementale 

Il aura fallu deux ans pour finaliser ce projet dans les esprits, les échanges et sur le papier. Deux annuités où respectivement, la promotion 2021 a entamé les festivités et celle de 2022 les a conclus et, de surcroit, en beauté. « Tout n’est pas parfait ! » comme le précise le professeur « mais c’est avant tout, eux, leur identité, leurs choix et surtout l’envie de souligner l’importance de protéger notre île ». Une approche ludique à caractère environnemental à destination des enfants et de leurs parents mais aussi à tous ceux tombés sous le charme de ce petit caillou puissant et verdoyant qu’il faut impérativement préserver notamment contre ce grand démon qu’est la pollution sous toutes ses formes. Ils auront donc été 30 élèves au total, quasiment sans absence, à mutualiser la singularité de leur vision, hors cadre horaire dédié aux cours magistraux, ce qui démontre une fois de plus l’importance éducative et sociétale de valoriser tout un chacun. « Ma volonté première, depuis 36 ans que je fais ce métier, c’est de montrer aux jeunes qu’ils sont capables. Mon rôle est juste de leur faire la courte-échelle pour les élever et leur donner confiance, envie et facilité dans leur future insertion », nous confie avec bienveillance Stéphane Vermeersch.

Un projet rentrant parfaitement dans le cadre du PEAC

Aussi appelée parcours d’éducation artistique et culturelle, cette approche du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse, impulsée nationalement depuis presque 8 ans, offre à tous les élèves la possibilité d’acquérir un bagage culturel et artistique combinant connaissances et compétences.

(de g. à d.) Stéphane Vermeersch et Ali El Khattari, proviseur adjoint du LPO et soutien indéfectible de cette belle initiative

En somme, dans le cadre de nos lycéens professionnels de Chirongui, une sorte de mise en pratique intelligemment divertissante de leurs cours, à la fois de langue française, d’histoire et de géographie. Une mise en pratique qui avait volonté d’employer un double langage afin d’unifier les cultures locale* et nationale. Véritable support éducatif, ce conte a aussi pour rêve et aspiration future de devenir un outil allié au sein des différentes écoles primaires de notre département ce qui est loin d’être négligeable au regard de la réaffirmation du rectorat d’appuyer l’emploi courant et la pleine stimulation de la langue française dès le primaire. 

Financé à 100% dans le cadre du projet PEAC, cet ouvrage a déjà été tiré il y a quelques semaines à 1 000 exemplaires, disponibles dans toutes les librairies de l’île ainsi que la boutique du Jardin Maoré.

Une identité visuelle qui n’est pas inconnue 

Lorsque l’on parcourt les magnifiques illustrations de ce livre au format magazine, il est une douceur familière qui s’en dégage, à la limite des teintes traditionnelles propres à l’histoire crayonnée qui s’est inscrite, à travers les annuités, sur les murs de Mayotte. Une histoire que les nostalgiques de Bao notamment, pourront comprendre et retrouver. Et c’est bien dans cette dynamique classique, juvénile et un peu rétro que Stéphane Vermeersch est allé chercher l’illustrateur Pascal Quéret — qui a été emballé dès le début de l’aventure — car il souhaitait justement que transparaisse cette connaissance des paysages et de la culture locale. Un voyage dans un passé imaginaire, entre Sada et Bouéni, fantastique, littéraire et visuel à travers 20 pages qu’il est doux de raconter à ses enfants le soir, avant de se coucher. Un conte écrit par des adulescents qui deviendront un jour parents… Quelle touchante boucle dans ce monde réel qui a aussi besoin de rêver. Alors chers amis, courrez chez votre libraire le plus proche car, en plus de vous délecter de ces écrits, sachez que l’intégralité des fonds seront reversés, entre autres, à une association locale de protection de la Nature, de la Faune et de son environnement.

MLG

* La traduction de cette ouvrage, notamment en shimaoré a été réalisée grâce la pleine participation du président de l’association Shimé, Rastami Spelo.

À Mayotte, Ben, l’Enfant des Vents originaire de Sada

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