La concentration et le stress pouvaient se sentir avant même de pénétrer les locaux de « Oudjerebou ». En effet, des élèves issus de quelques établissements de Mayotte, accompagnés de leurs professeurs référents, devaient passer devant le grand jury du concours jeune entrepreneur.
De l’originalité
Malgré le stress, un groupe d’élèves, provenant du Cap management du commerce au lycée des Lumières de Kaweni, a répondu à nos interrogations. Ces derniers ont comme projet, « Maylumijeu », un jeu de société original et local. Ce dernier se présente sous forme d’un quizz qui traitera de divers thèmes sur Mayotte. D’après leur professeur référent, cette idée « sort du lot » car « il n’existe pas de jeux de sociétés de ce genre qui traite de Mayotte et de son histoire ». S’instruire sur notre département sous forme de jeu, pourquoi pas ? Ils sont en lice dans la catégorie « lycée ».
Infos à savoir
On imagine que les interrogations restent nombreuses quant aux contours de ce concours. Raison pour laquelle Djenade Thestina, chargé de communication et de projet événementiel à Oudjerebou, nous met dans le contexte : « Ce concours vise à sensibiliser l’entreprenariat auprès des jeunes. Il se présente sous forme de deux catégories : étudiants et lycéens. Au début, chaque établissement avait ses représentants, ses porteurs de projets. Aujourd’hui c’est le grand jury, afin de déterminer les grands gagnants de Mayotte. En tant que ‘couveuse d’entreprise de Mayotte’, nous accompagnons les porteurs de projets dans leurs démarches tels que les demandes de subventions ou les ‘business plan’. En organisant ce concours, nous voulons initier les jeunes à l’entreprenariat, dès leur scolarité. Cela peut créer de l’emploi, entre autres. Vous savez déjà que la plupart des structures du département sont saturées, il est donc primordial d’en créer de nouvelles. La plupart de ces jeunes ont de belles idées, il faut juste les accompagner de manière efficiente. »
League Only For Mayotte, une appli 100% sports
Les belles idées, ce n’est pas ce qui manque, en effet. Un groupe d’élèves provenant de la « mention complémentaire sports » au lycée de Sada, était en lice dans la catégorie « étudiants ». Ce binôme constitué d’Abdou-Attoumani et de Fazal-Karim a comme projet, une application 100% sport répondant au nom de « League Only For Mayotte ». Cette dernière, en collaboration avec plusieurs instances sportives, notamment la ligue Mahoraise de Football, ainsi qu’avec plusieurs associations sportives, va proposer divers services : par exemple, l’organisation de rencontres amicales pourra se faire directement via l’application. Améliorer la communication entre les associations sportives est le premier mot d’ordre ! Et il n’y a pas que le football qui est visé, le handball, le basketball, le volleyball et le rugby font aussi partie du lot. D’autres fonctionnalités seront également possibles, comme un vote des joueurs de l’année. » Si les deux acolytes disent avoir « stressé au début » face au jury, ils restent néanmoins « confiants » après leur présentation.
Quelques mots du jury
Le jury était constitué de quelques membres de Oudjerebou et du Rotary club Hippocampe de Mamoudzou, mais aussi d’autres acteurs du monde économique mahorais. Voici quelques uns de leurs propos, à la suite de l’ensemble des passages : « Il y a de l’idée et de l’envie d’entreprendre qui est significative. Le seul bémol est matérialisé par une certaine méconnaissance du marché financier. Il doit donc y avoir un peu plus d’accompagnement, et nous sommes là, en partie, pour ça. Il doit aussi y avoir un suivi au niveau scolaire bien évidemment. On peut quand-même noter des projets majoritairement tournés vers les nouvelles technologies, tout en respectant une certaine sensibilité environnementale. »
Les membres du jury avaient conclu par cette phrase : « pour réussir dans l’entreprenariat, il faut tester son projet, voir son efficacité, avant de demander de possibles subventions. » Des mots qui ont sûrement été entendus. La remise des prix aura lieu ce samedi au lycée des Lumières, de 9h à 12h. À la clé, une somme de 8000€, de quoi favoriser le début d’un projet d’envergure, pourquoi pas ?
Houmadi Abdallah