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Mamoudzou

Avec « Marraines et moi » ma petite entreprise connaît moins la crise

En cette Journée des droits des femmes, le réseau de soutien et d’information aux jeunes créatrices en herbe « Marraines et moi », fêtait la réussite sous le mode soudé de « Tous pour une, une pour tous » !

Si elles ne sont pas toutes à l’aise devant la pose photo obligée devant le panneau des partenaires, c’est que les femmes réunies ce mercredi à Mayan’art Studio à M’gombani ont plus l’habitude de l’incognito derrière leurs écrans d’ordinateur ou de téléphone : les participantes de l’action « Marraines et moi » initiée il y a quelques années par la couveuse Oudjerebou, célébraient ce 8 mars 2023 la femme entrepreneuse.

La présidente de la couveuse, c’est Farrah Hafidou, et c’était déjà elle en 2012 qui, dans le cadre de l’association Entreprendre au féminin, avait lancé l’opération précurseur, « Marraines en action ». Elle partait du principe que la réussite est aussi liée au réseau. Certaines en bénéficient grâce à leurs familles, d’autres non. Et si certains réseaux… opaques, sont déjà constitués, il était indispensable d’en créer un, ouvert à toutes, où les créatrices d’entreprise en herbe seraient « marrainées ».

Ce sont donc 25 filleules dans un premier temps qui ont bénéficié des conseils et accompagnement de 25 marraines. Et la première d’entre elle, Farrah Hafidou, évoquait le challenge avec un brin de lassitude : « A quel moment nous n’aurons plus besoin de fêter la journée de la femme ?! Cela fait 40 ans de combat, et toujours des inégalités à rattraper. Je rêve qu’un jour nous ne serons pas étonnés d’avoir une femme à la tête du pays, de côtoyer une femme noire milliardaire ou de constater que beaucoup d’hommes prennent des congés parentaux. »

Pour Farrah Hafidou, l’équité n’est pas assez rapide

Eclore grâce à d’autres femmes

Parmi les marraines, des visages connus – ou des voix – comme Youmna Ouilda, ancienne présentatrice vedette de la matinale de la 1ère où elle est désormais chargée du numérique, Yasmine Saïd, responsable grands compte chez TotalEnergies, Marlène Fraytag, Touch’du bois, ou Djemilah Hassani, à qui nous avons consacré un portrait pour son talent reconnu par la commission européenne. D’autres moins publiques, comme Marietou Abdou, qui a pu monter son centre de formation grâce à son mari, éclore grâce à l’ancienne maire de Sada, Anchya Bamana, ou Maria Bossa, issue d’une famille modeste, guidée par les personnalités de sa mère et sa grand-mère qui l’inciteront à aller jusqu’au Master 2 en droit des collectivités territoriales, pour prendre le poste de directrice des affaires juridiques et des assemblées à la mairie de Mamoudzou.

Et du côté des filleules, ça déménage aussi côté volonté d’y arriver. Anliati Attoumani a créé Anlia Events, société de traiteur spécialisée dans les jus de fruits qui « cartonne » au point d’ouvrir cette année d’un premier coffee shop*.

Au cœur de l’économie sociale et solidaire chère à l’île, avec R2D2 Mayotte* comme clin d’œil au système D du robot de Star Wars, Nousrat Bousry a décliné le projet monté par Socodem de réparation, reconditionnement, revalorisation de l’électroménager et du mobilier. « Notre centre est à Kangani, et nous revendons ensuite les produits dans les deux magasins Mema, de la rue du Commerce et de Tsoundzou 1 », nous explique la jeune femme de 25 ans, titulaire d’un master 2 Développement Durable. « Le dispositif ‘Marraines et moi’ m’a transmis des éléments clé pour créer le projet et l’amener au bout ».

Une boite à outil pour le patrimoine culturel

Marraines et filleules célébrées ce 8 mars

C’est vers la conservation du patrimoine que s’est tournée Hassanati Anli, « l’entreprise Koko expériences* veut conserver le patrimoine matériel mahorais. Nous proposons donc des ateliers cuisine, de poterie, de construction de bangas traditionnels, etc. Nous travaillons avec un réseau d’agriculteurs, d’artisans, d’artistes, qui va se transformer en coopérative. Nous pouvons nous déplacer partout pour appliquer ce concept en fonction de la demande. » Des établissements scolaires, des associations, des accueils de touristes ont déjà commandé ces services. Des concours incitant les jeunes à participer sont organisés, « ils doivent devenir détenteur des savoir-faire traditionnels. »

La super diplômée de 24 ans est titulaire d’un Bachelor tourisme et hospitalité, d’une licence de tourisme, d’un Master en management des institutions, et d’un MBA en administration et gestion des affaires obtenu au Canada. Malgré tout, le réseau « Marraines et moi » était indispensable, selon elle : « Nous avons des rencontres enrichissantes avec des femmes qui doivent répondre aux mêmes défis, le manque de confiance en soi, le harcèlement sexuel, etc. Nous avons aussi des centres d’intérêt similaires, ce qui permet d’avoir des renseignements sur les droits et aides existants. » Et avec cet été en point d’orgue, un premier recrutement !

Un accompagnement qui est à moitié celui de la Couveuse Oudjerebou, à moitié lié au réseau « Marraines et moi », donc. « Grâce à nos partenaires BGE, CRESS, Pôle emploi et CréA Pépites, nous proposons différentes prestations, commente Kalathoumi Attoumani, Chargée de mission chez Oudjerebou, ainsi, les filleules seront accompagnées sur la présentation de leur projet aux financeurs, sur la recherche de financement, mais aussi, elles peuvent participer à un atelier yoga ou bénéficier d’un coach en développement personnel. »

Les portraits de ces femmes déterminées ont été dévoilés dans la matinée.

Anne Perzo-Lafond

* Anlia Events – 06 39 64 31 00
R2D2 Mayotte – 0639 04 79 49
Koko Expériences – 06 93 01 56 37

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