Contre vents et marées du cyclone Freddy mais aussi de la politique macroniste qui est loin de faire l’actuelle unanimité, le jeune euro-député progressiste, fervent et fidèle soutien du président de la République, fait de plus en plus parler de lui à la première personne du singulier, affirmant au grand jour ses convictions dans un style qui lui est propre. Sa symbolique venue est aussi l’occasion de nous entretenir en tête à tête avec lui.
JDM : Quels sont les axes majeurs de votre venue en ce département qu’est Mayotte ?
SS : Depuis mon élection comme secrétaire général de Renaissance, je réalise des déplacements partout en France, et j’ai souhaité, dès les premiers mois de mon mandat me rendre en outre-mer, et notamment à Mayotte.
C’est ma toute première séquence officielle ultramarine et c’est d’ailleurs la première fois que le chef du parti présidentiel se rend ici.
Je viens d’abord annoncer une bonne nouvelle pour tous les Mahorais : je sais qu’un arbitrage a été rendu par la Commission européenne pour débloquer les fonds européens qui étaient suspendus. Cette décision sera notifiée dans les plus brefs délais au Gouvernement français.
C’est le fruit du travail engagé par la majorité présidentielle depuis plusieurs mois et je veux saluer le rôle déterminant du Sénateur Thani, du député européen Stéphane Bijoux et plus largement du groupe Renew Europe au Parlement européen où je défends avec force la spécificité des régions et départements ultramarins.
JDM : Avez-vous eu une légitime concertation / feuille de route d’Emmanuel Macron en amont ?
SS : Comme vous le savez, je suis chef du parti présidentiel et à ce titre j’ai évidemment des échanges réguliers avec le chef de l’État. Je sais son attachement à Mayotte et sa volonté d’apporter des solutions rapides, concrètes et durables pour ce département. Je pense évidemment aux questions de sécurité, de lutte contre l’immigration clandestine, du soutien aux infrastructures publiques mais aussi à la cohésion sociale de l’archipel que nous devons renforcer.
Beaucoup a été fait sous le quinquennat précédent mais je sais que nous devons encore faire plus et mieux. C’est aussi le sens de mon déplacement.
JDM : Pensez-vous que les enjeux prioritaires pour le développement de Mayotte soient liés à l’alignement national, à la politique budgétaire européenne ou bien à l’ouverture économique géographiquement internationale et limitrophe propre au marché Afrique de l’Est, Canal Mozambique, océan Indien ?
SS : Chez Renaissance nous voulons bâtir une France unie — dans l’hexagone comme en outre-mer — dans une Europe plus forte et un monde plus sûr. Toutes ces questions sont évidemment liées et pas contradictoires.
L’économie et le développement de Mayotte doit s’inscrire dans ces 3 dimensions : nationale, européenne mais aussi naturellement dans l’économie régionale.
JDM : Au regard des lourdes problématiques (économiques, sanitaires, sociales…) notamment liées au phénomène migratoire et clandestin mais également des nombreux instruments sociaux et associatifs locaux qui œuvrent activement pour apporter des solutions concrètes, ne pensez-vous pas, aussi fou soit-il à concevoir, qu’on peut être un pays d’orientation politique globale plutôt droitiste/capitaliste qui a pourtant besoin d’apporter un autre angle politique, notamment plus socialiste, en fonction de certaines collectivités ?
SS : Je crois au dépassement politique, au pragmatisme des solutions mais aussi à une approche adaptée à chacun de nos territoires. Il ne faut chercher à mettre d’étiquette sur les politiques menées : ce qui compte c’est que l’on apporte des solutions pour chacun, du progrès pour tous…et pas nécessairement à essayer de savoir si une réponse est de gauche ou de droite, car les problèmes, eux ne le sont pas. Ce qui compte c’est que demain les Mahorais puissent se dire : mon quotidien a changé positivement et je vis mieux qu’au début du quinquennat. Voilà notre boussole et notre cap !
JDM : En tant qu’ancien adepte et membre du parti socialiste justement, quelle est selon vous la richesse de votre profil notamment pour Mayotte ?
SS: J’ai mon histoire politique, en effet. Je partage avec les Mahorais la défense de la démocratie, le respect du suffrage universel et du vote et leur profond attachement à la République et à la France. « Mayotte est française et le restera à jamais » : cette devise que l’on découvre dès notre arrivée fait chaud au cœur et j’y souscris pleinement.
JDM : À l’heure où les élus des grandes régions en Hexagone s’inquiètent du retour d’une politique plus locale et de proximité, comprenez-vous du côté de Mayotte que la colère soit là au regard d’une éternelle assimilation économique et politique la Réunion – Mayotte ? Comprenez-vous la légitimité des revendications des élus et du peuple mahorais de s’émanciper définitivement de l’amalgame et du giron réunionnais ?
SS: Si j’ai fait le choix d’effectuer ma première séquence officielle ici, à Mayotte, c’est un symbole mais aussi un message : on doit intégrer la singularité et la spécificité de ce département, en lui apportant des réponses différenciées et adaptées. De mon côté, je ne souhaite pas commettre cette erreur : Mayotte et La Réunion ont des histoires et des parcours différents. On doit non seulement le comprendre mais aussi le respecter…et avoir donc des approches différenciées.
JDM : La politique actuelle d’Emmanuel Macron est fortement décriée notamment au niveau de sa réforme des retraites. De notre côté, le département de Mayotte n’est toujours pas aligné avec la politique nationale notamment sur ce volet. Que pouvez-vous indiquer en ce sens ? Comment pouvez-vous répondre aux attentes et inquiétudes légitimes ?
SS : Je veux d’abord rappeler l’objectif de cette réforme : préserver notre système par répartition qui est une fierté mais aussi une chance, tout en corrigeant ses inégalités sans augmenter les impôts ni baisser les pensions. Là-encore, nous avons veillé à respecter la singularité du département : nous savons l’importance de ce sujet et la nécessite d’améliorer les pensions à Mayotte. Concrètement, Renaissance va défendre une hausse historique du minimum vieillesse de + 150€. C’est inédit et ce début d’un équilibrage du montant des allocations entre Hexagone et Mayotte.
C’est très concret et c’est attendu par les Mahorais.
JDM : Si je ne peux être présente en fin de journée à votre conférence c’est aussi pour raison d’heure tardive et du fait que je réside en zone sud de l’île. Une triste logistique qui pousse la population mahoraise à devoir calculer ses heures de déplacement et les éviter la nuit venue pour motif d’insécurité, de risque d’être caillassée ou agressée dans un barrage sauvage de nuit. Une insécurité omniprésente qui rythme le quotidien plutôt restreint de la population. Quelle est votre vision ?
SS : Ici, à Mayotte, nous avons augmenté de 40% les effectifs de policiers et gendarmes (plus 765 policiers et 212 gendarmes), le RAID a été déployé en renfort par le ministre de l’Intérieur et des outre-mer Gerald Darmanin dont je veux ici souligner l’action résolue et l’implication quotidienne, aux côtés du préfet et des services de l’État. Je veux aussi solennellement saluer l’exceptionnel engagement de nos forces. Je sais la force de leur engagement mais aussi leur détermination à protéger les Mahorais et à faire en sorte que chacun puisse vivre en sécurité ici. Je les rencontre d’ailleurs aujourd’hui et je leur dirai de vive voix ma gratitude, mon respect mais aussi notre profonde reconnaissance.
Chacun sait aussi combien l’immigration clandestine déstabilise le pacte social de ce département : nous avons fait beaucoup puisque nous avons retrouvé un niveau de pression migratoire équivalent à celui des années 2010-2012. Nous devons continuer à déployer des forces – et nous le faisons – mais aussi leur donner les moyens de leur action.
D’ailleurs sur cette question, j’observe que le rassemblement national ment et se nourrit des problèmes : nous, nous voulons les résoudre et trouver des solutions.
JDM : Votre visite en tant que président du groupe centriste européen a quel objectif ?
SS : J’ai créé au sein du groupe Renew Europe un « réflexe ultramarin » pour pouvoir différencier nos politiques européennes et faire de ces territoires européens de véritables atouts, et leur donner les moyens de leur développement. On n’a pas besoin des mêmes investissements à Nantes qu’à Mamoudzou : c’est une évidence mais je le rappelle souvent à Strasbourg et à Bruxelles.
Ce département doit être fier d’être français mais aussi fier d’être européen ! C’est aussi un des messages que je suis venu adresser.
JDM : Comment s’est préparée votre arrivée en ce 101ème département des plus singuliers ? Quels sont vos soutiens locaux et surtout challenges ?
SS : J’observe un décalage entre les moyens investis ici, notre capacité à répondre aux problèmes…et nos résultats électoraux. 14 élus mahorais ont parrainé le Président de la République mais nous avons encore des résultats décevants aux élections nationales. Je veux donner davantage de moyens aux instances départementales du parti. J’ai pleine confiance en Roukia LAHADJI qui vient d’être élue présidente de Renaissance Mayotte pour créer avec son équipe et notamment Mohamadi Madi Ousseni les conditions de nos futures réussites électorales et renforcer les liens tissés avec les élus locaux et les forces vives du département.
Stéphane Séjourné sera donc en conférence et déplacement ces mercredi 22 et jeudi 23 février 2023 sur Mayotte; l’occasion d’échanger au regard des perspectives d’avenir du parti Renaissance en notre département mais également de s’imprégner du tissu local sur le plan économique, social, environnemental tout comme infractructrurel et sécuritaire. Il poursuivra sa tournée politique océan Indien, dès le vendredi suivant, destination La Réunion.
MLG