Ils sévissaient un peu partout dans l’île et s’attaquaient principalement aux magasins possédant des coffres forts comme les Doukabé, les Sodicash ou encore les Sodifram. Les membres du gang des coffres forts ont terrorisé bon nombre de personnes au cours de l’année 2016 à Mayotte. En février 2022, pas moins de onze individus ont été condamnés par la cour d’assises de Mamoudzou à de lourdes peines de prison allant de trois ans d’emprisonnement pour le moins actif de la bande à dix-huit ans de réclusion criminelle pour les donneurs d’ordres.
Un groupe organisé, structuré et hiérarchisé
Le président du tribunal, Cyril Ozoux, commence à rappeler les faits pour lequel l’accusé va être jugé, à savoir vol avec arme commis en bande organisée et séquestration. Il encourt pour cela la peine maximum de 30 ans de réclusion criminelle. Il est reproché au prévenu d’avoir participer à des vols à cinq reprises, de mars à juin 2016, dans les communes de Tsingoni par deux fois, de Bandrélé, de Mtsamboro et de Bandraboua.
Ces malfaiteurs étaient méthodiques puisque comme le rappelle le président du tribunal, ils procédaient régulièrement à des repérages en amont avant de dévaliser les magasins. « Quand vous n’arriviez pas à prendre le coffre ou à l’ouvrir, que faisiez-vous ? On prenait de la nourriture, de l’alcool et parfois des cosmétiques, répond l’accusé ». Mais souvent ils repartaient avec le coffre et se partageaient le butin. Plusieurs dizaines de milliers d’euros ont ainsi été dérobés en quelques mois durant l’année 2016 au détriment de commerçants. De plus, non contents de voler ils s’attaquaient aux victimes présentes sur les lieux comme les gardiens par exemple. Ils les molestaient, les menaçaient de mort et les ligotaient. Ils leur arrivaient même d’abattre un arbre à l’aide d’une tronçonneuse pour barrer la route et ralentir l’intervention des forces de l’ordre.
Cette bande procédait à chaque fois un peu près de la même manière. Cagoulés, gantés et armés de pieds de biche et de barres à mine, ils arrachaient les rideaux métalliques de la devanture des magasins et ensuite poussaient ou cassaient les portes en verre. Leurs défauts ? Sans doute trop gourmands et un peu pieds nickelés, comme à laisser des t-shirts sur place ou d’autres indices permettant de faire des relevés d’empreintes ou d’ADN. Parfois certains n’étaient même pas masqués et donc possiblement reconnaissables sur les images de vidéo-surveillance.
Le mis en cause reconnaît l’ensemble des faits qui lui sont reprochés
La difficulté à juger cet individu tient notamment dans le fait qu’il est dans un procès à part que celui de ses comparses, mais aussi il s’agit de savoir quel était exactement son rôle lors de ces cambriolages. De plus, les faits s’étant déroulés près de sept ans auparavant, les accusés ont souvent du mal à se souvenir ou feignent de ne plus se rappeler. L’accusé pour le coup ne nie pas les faits et répond autant que possible aux questions du président. « Quel était votre rôle exactement ? demande Cyril Ozoux. Je n’étais pas à l’intérieur, je restais dehors pour faire le guet et avertir si quelqu’un arrivait. Vous reconnaissez donc votre participation ? oui monsieur le président ».
Par ailleurs, l’ensemble des accusés l’avaient mis en cause et il était également identifié dans les vidéos des caméras extérieures. « C’était vous le chef ? non ce n’était pas moi mais « Oasis ». On apprend que ce dernier préparait minutieusement les cambriolages en amont en attribuant un rôle à chacun, choisissait les cibles, préparait le matériel nécessaire pour prendre ou ouvrir les coffres comme une disqueuse. Le président essaie d’en savoir un peu plus, notamment sur le nombre de donneurs d’ordres et savoir s’il était parmi ceux-là. Au vu des éléments de l’enquête, il apparait qu’il n’y avait pas qu’« Oasis » comme chef mais ils étaient « quatre ou cinq cerveaux ».
Le tribunal et les jurés devront donc déterminer quel était véritablement le rôle de l’accusé dans les différents cambriolages auxquels il a participé et de le condamner ou non à la peine maximale. Ils ont jusqu’à vendredi pour écouter l’ensemble déclarations des différents protagonistes et se faire une opinion.
B.J.