En décidant d’installer une « Maison du retour », les élus martiniquais ont décidé de prendre leur destin en main, en visant deux objectifs : favoriser le retour des jeunes actifs sur l’île, et endiguer le déclin démographique, dans une politique d’enrayement de « l’hémorragie démographique ».
L’île des Petites Antilles perd prés de 1% depuis 2013 selon l’INSEE, qui l’explique par « des départs du territoire plus nombreux que les arrivées (…) vers la France métropolitaine essentiellement, concernent en grande partie les jeunes qui poursuivent des études ou cherchent un emploi ». S’ajoute un « plus grand nombre de décès », d’une population âgée, et au « recul des naissances ».
Une des deux problématiques colle à Mayotte : « 26.000 natifs de Mayotte sont partis s’installer ailleurs en France entre 2012 et 2017 », indiquait l’INSEE. Pour contrer le phénomène, des politiques incitatives ont été mises en place par le conseil départemental : bourses valorisant les études dans les métiers en tension, séminaire de prise de contact avec les diplômés locaux exerçants en métropole organisé par la Délégation départementale de Mayotte à Paris, etc. Des initiatives sporadiques qui doivent être structurées et pérennisées, sur le mode martiniquais.
Une « désincitation » à la natalité
La Maison du retour repose sur trois piliers : un pôle de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEEC) pour l’ile à l’horizon des six prochaines années, un autre dédié à la Migration Retour pour apporter une assistance technique et financière afin de faciliter l’installation au pays des jeunes martiniquais de moins de 40 ans, enfin un pôle politique de la famille et d’incitation à la natalité avec notamment une prime à la natalité de 2000 euros pour le 2ème enfant et de 3000euros pour le 3ème sous conditions de ressources. Bien entendu, en supplément des allocations familiales déjà incitatives.
Les deux premiers points doivent servir de guide, et même le 3ème qui doit inciter à prendre des mesures totalement contraire à Mayotte. Depuis des années, les intellectuels du cru réclament une politique de régulation des naissances sur le même schéma que le « 1, 2, 3, bass » (pas plus de trois enfants), qui avait prévalu il y a plus de 20 ans, et qui avait donné de bons résultats. Mais la politique de santé qui s’est considérablement améliorée depuis la mise en place d’une ARS en nom propre conserve des lacunes, notamment en terme de prévention, et celle-ci en est une. A croire qu’on craint la fuite des budgets et l’amoindrissement des moyens en cas de diminution des naissances.
Un slogan « 1, 2, 3, bass », qui date cependant et qu’il faut adapter au contexte puisque, s’il s’adresse à l’ensemble de la population de l’île, il doit faire un focus à destination des jeunes femmes comoriennes au taux de fécondité le plus élevé, selon l’INSEE, et les toucher avant et après qu’elles aient accosté sur le territoire. Il suffit d’utiliser des créneaux qui vont bien, les jeunes savent faire.
Point n’est besoin de se sentir pousser des ailes autonomistes comme semblent le vouloir certains martiniquais, pour pouvoir adopter des mesures incitatives ou désincitatives, c’est cela s’approprier la destinée de son territoire, les élus départementaux doivent en avoir l’ambition.
A.P-L.