Bibi Chanfi, vice-présidente du Conseil départemental, chargée du Développement économique et de la coopération décentralisée a tout d’abord rappelé la situation d’urgence agricole dans laquelle se trouve le 101e département français. « Il est nécessaire de moderniser l’agriculture locale. Pour cela il faut agir vite et maintenant », déclare-t-elle. En effet, même si les priorités du département sont d’abord la lutte contre les habitats insalubres ou encore la construction d’infrastructures pour la jeunesse, il ne faut pas oublier que le développement de Mayotte doit passer aussi par l’essor du secteur primaire.
Mettre en avant l’agriculture mahoraise
« Le développement rural et agricole de Mayotte est essentiel. Le changement climatique affecte notre agriculture, nous devons agir pour aider nos petits exploitants. La signature de cette convention avec le Crédit Agricole va permettre de mettre en place des mécanismes plus simples pour aider nos agriculteurs en élargissant l’accès au financement. Cela devrait permettre, à terme, de transformer le secteur agricole dans l’île en accélérant l’accession aux prêts. C’est un changement de conception de l’agriculture. Car c’est devenu une activité commerciale créatrice de richesse ».
Ainsi, le rôle du Conseil départemental est d’une part de se porter garant pour les exploitants auprès de la banque, mais également être source de financement pour les porteurs de projets en leur permettant de contracter des prêts plus facilement mais surtout dans un délai plus rapide.
Une nouvelle identité pour la caisse régionale du Crédit agricole
Cette convention de coopération fut aussi l’occasion pour Pascal Quineau, président du Crédit Agricole Mutuel de La Réunion, d’annoncer un nouveau nom pour la caisse régionale de la banque. Elle va s’appeler désormais Crédit Agricole La Réunion-Mayotte. « C’est un acte fondateur, explique-t-il, qui a été voté en conseil il y a 15 jours. Dorénavant nous allons regarder l’avenir pour les deux îles. Pour cela nous allons mener des actions responsables sur le long terme ».
Plusieurs engagements vont ainsi être pris. Tout d’abord il va s’agir de « Financer tous les types d’exploitations agricoles qu’elles soient modestes ou beaucoup plus importantes. De plus, nous souhaitons également créer du lien entre les différents acteurs que sont les agriculteurs, les organisations professionnelles, etc. Enfin nous voulons mobiliser un maximum de personnes pour accompagner la transition agricole dans l’île de Mayotte », complète Pascal Quineau.
En effet, le territoire est à la traine et doit rapidement rattraper son retard pour se développer. « Malgré le décalage, il y a dans cette île de l’ardeur au travail et de la bonne volonté, constate le président du Crédit Agricole Mutuel de La Réunion. Aussi l’association entre le Conseil départemental et le Crédit Agricole est une nouvelle forme de coopération, innovante et ambitieuse, elle va permettre de monter en puissance et d’accélérer le développement de l’île ».
Structurer la filière et recruter des interlocuteurs
Pour cela il va falloir professionnaliser la filière agricole, développer des compétences mais aussi valoriser fortement le territoire. Ce partenariat est un acte fondateur de l’agriculture mahoraise et cette convention est unique. Aussi le fait d’unifier les compétences présentes dans l’île devrait être bénéfique pour l’ensemble des acteurs afin de structurer l’agriculture mahoraise.
« Nous sommes arrivés à un seuil je pense, notamment dans l’évolution de la société mahoraise qui a besoin d’une agriculture plus structurée notamment dans les filières en forte demande comme le secteur avicole par exemple. Il n’y a pas de représentants dédiés à l’agriculture dans ce département. La convention va permettre, entre autres, de recruter des conseillers pour orienter et informer les acteurs de la filière. Par ailleurs, les financements vont s’accélérer et s’amplifier. Les prêts relais, courts ou longs termes vont ainsi être faciliter afin que les exploitants puissent investir et acheter les machines dont ils ont besoin comme des tracteurs ou bien des serres… ».
Le Crédit Agricole s’engage ainsi à venir sur le territoire et à s’inscrire dans la durée en mettant en place des dispositifs de soutien au secteur rural local.
Au travers de cette convention de partenariat, le Conseil départemental et l’organisme bancaire montrent ainsi leur attachement et leur implication pour le développement de l’agriculture mahoraise.
B.J.