Sans eau rage et eau désespoir

Alors que la saison des pluies a débuté maintenant depuis plusieurs mois, les niveaux des retenues collinaires de Combani et Dzoumogné sont dramatiquement bas pour la saison. Cela laisse-t-il entrevoir de nombreuses coupures d’eau en cascade ?

Plus les semaines passent et plus le constat est alarmant : il ne pleut pas assez actuellement pour remplir convenablement les retenues collinaires, alors que c’est justement à cette saison qu’elles devraient accumuler de l’eau pour faire face à la prochaine saison sèche. La dépression Cheneso dont on avait beaucoup espéré ne nous a finalement que peu arrosé au regard de la moyenne attendue.

En saison des pluies, on ne pompe pas dans les retenues pour alimenter la population, mais dans les nappes aquifères. Elles servent de réserve en saison sèche.

La retenue de Combani qui avait bénéficié d’un aménagement de rehaussement d’un mètre en 2021, permettant d’accumuler près de 250.000 m3 supplémentaires, est à un niveau rarement vu par le passé puisque l’on peut voir des bancs de terre tout autour.

En effet, le taux de remplissage de Combani est de seulement 30% alors qu’il était de 58% l’année dernière à la même période. Idem pour Dzoumogné, il était de 36% en 2022 et n’est que de 25% actuellement. Cela contraste avec mars 2021 où la retenue de 1,5 million de m3 était pleine à 100% et celle de Dzoumogné avec ses 2 millions de m3 l’était également.

Météo France avait prédit une saison des pluies déficitaire en eau

Les mois d’octobre et novembre 2022 ont été plus secs que d’habitude. Floriane Ben Hassen, responsable du centre de météo France à Mayotte avait alors annoncé à la mi-décembre 2022, « Les modèles de météo France pour les trois prochains mois prévoient une tendance plutôt sèche. Les pluies vont être déficitaires, notamment dans la zone Nord du canal du Mozambique. Il faut s’attendre à des mois plutôt secs. Il va pleuvoir mais un peu moins qu’à l’accoutumé. La tendance pour le début de l’année 2023 est une saison des pluies inférieure à la normale ».

S’il ne pleut pas les prochains jours les coupures d’eau risquent de se multiplier

Quid de l’usine de dessalement et de ses travaux d’extension ?

Il y a de cela bientôt cinq ans, un comité de ressource s’était réuni et avait décidé de mettre en service une nouvelle unité de dessalement le plus tôt possible, suite à un incendie survenu dans l’usine. L’objectif était d’augmenter sa capacité de production et surtout de distribution à 4000 m3 pour pouvoir anticiper les besoins de la population en période de saison sèche. Même si cela revenait très cher c’était la seule solution pour alimenter une partie de l’île en eau potable. Sauf qu’après de nombreuses avaries la production était bien inférieure à 4000 m3 et avoisinait plus les 800 m3.

L’usine de dessalement de Petite Terre (Image d’archives)

Par ailleurs, le plan d’urgence eau concernant l’extension de l’usine prévoyait une capacité de production pouvant aller jusqu’à 5300 m3 par jour. La réalité fut tout autre puisque ce n’était finalement que 2000 m3 par jour. En cause, la forte concentration de sédiments dans l’eau « venant endommager les équipements » et empêchant « une production optimale ».  En effet, un rapport datant de 2021 concluait que pour améliorer la qualité de l’eau le rajout d’un décanteur était nécessaire…

A l’été 2022, l’État a conventionné la SMAE pour la prise en charge financière des travaux de remise à niveau de l’usine et surtout de son extension pour 4,1 millions d’euros, permettant d’atteindre une capacité de production journalière de 4700 m3. Une livraison très attendue par la population et prévue normalement à la fin de cette année.

Nous n’avons pas réussi à contacter les autorités du syndicat des Eaux de Mayotte pouvant confirmer ou infirmer la bonne avancée des travaux et les solutions à apporter au regard du déficit des retenues.

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