C’est dans la grande salle de réunion de la CSSM que les différents protagonistes se sont réunis vendredi matin pour élaborer ensemble la mise en place des conventions territoriales globales (CTG). Pas moins d’une trentaine de représentants de plusieurs communes de l’île (maires, DGS, …) avaient fait le déplacement, ainsi que Vincent Nicolle, directeur du département gestion et financement de l’action sociale de la branche famille de la CNAF. Pour le Président du conseil de la CSSM, Nourdine Dahalani, « Ces premières conventions territoriales globales doivent être une boussole de la politique sociale territorialisée. La caisse peut faire beaucoup mais pas tout pour les communes », a-t-il indiqué dans son propos d’introduction.
En effet, depuis 2022, la CSSM a souhaité soutenir sous forme de partenariat avec les communes, le fonctionnement des services aux familles comme les crèches, les accueils de loisirs, les centres sociaux, etc. Pour Vincent Nicolle, les CTG sont un outil pertinent « puisqu’elles permettent de donner des ressources aux différents projets permettant le développement du territoire. A Mayotte il y a une forte demande sociale, les CTG peuvent permettre de répondre favorablement à ces enjeux », explique-t-il.
Un cabinet de conseil a été mandaté pour faire un état lieux
Pour mettre en place les CTG, la CSSM a fait un appel à un cabinet de conseil « Plénitudes » qui a étudié le territoire afin de proposer des solutions pertinentes pour accompagner les différentes communes à développer l’accès aux services, aux droits, … et d’apporter des réponses aux besoins des habitants. On apprend ainsi qu’à Mayotte le taux de pauvreté monétaire est de 42%, alors qu’il est de 14% en métropole. De plus, le niveau de vie moyen dans le 101e département français est de 10 000 euros, tandis qu’il est de 32 000 euros dans l’hexagone et de 2000 euros aux Comores.
Par ailleurs, l’Indicateur de Développement Humain (IDH), qui permet d’évaluer le taux de développement humain des pays du monde en se fondant principalement sur trois critères : le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants de 17 ans et plus, n’est que 0,54 à Mayotte alors que la moyenne mondiale est de 0,68 et qu’en France il est de 0,87. C’est dire le chemin qu’il reste encore à parcourir. Ainsi, pour Laurent Dumonteil du cabinet de conseil « Plénitudes », les projections démographiques pour Mayotte à l’horizon 2050 se situent entre 440 000 et 760 000 habitants. « Il va falloir sécuriser socialement les gens en développant des équipements et des services au plus près du public. L’enjeu est d’avoir un plan territorialisé afin d’améliorer les conditions de vie des Mahorais et leur sécurité sociale », explique-t-il.
La mise en place des CTG se fera en plusieurs phases
Le déploiement des CTG sur Mayotte va s’effectuer en trois vagues comme l’indique la Directrice Générale de la CSSM, Ymane Alihamidi-Chanfi, en prenant en compte les structures existantes, la densité de population ou encore l’urgence des besoins sociaux, mais aussi au travers de plusieurs critères comme l’existence d’un établissement d’accueil du jeune enfant ou avoir un agrément d’animation de la vie sociale, entre autres exemples. Les communes de Pamandzi, Bouéni et Mtsamboro vont ainsi s’engager et signer la CTG au cours de cette semaine, puis il y aura une deuxième vague en 2023-2024 qui concernera les villes de Kani-Kéli, Dzaoudzi-Labattoir, Tsingoni, Chirongui, Dembéni, Koungou et Ouangani. La troisième vague se terminera par les collectivités de Mtsangamouji, d’Acoua, de Bandraboua et de Chiconi. L’objectif étant une couverture en CTG du territoire à 100% en 2025.
Comme le rappelle la directrice générale de la CSSM, « Notre rôle est de proposer une offre de services qui corresponde à chaque territoire, de faire un accompagnement adapté et individualisé afin d’améliorer les conditions de vie des Mahorais. Ainsi, à titre d’exemple pour 40 304 enfants de 0 à 4 ans en 2022, c’est moins de 18 crèches offrant 378 places et 50 assistantes maternelles agréées, dont seulement 6 en activité. Il est donc urgent d’agir ».
B.J.