« Vous l’avez compris, le second hôpital se fait à Combani, il n’y a aucun doute là-dessus ». L’annonce du ministre de la santé, coupant court aux différentes préconisations, a été suivie d’applaudissements vigoureux dans l’assistance, dont le maire de la commune de Tsingoni ou encore le président du Conseil départemental. Quelques instants avant, le premier édile Mohamed Bacar avait tenu à souligner la nécessité de la construction de « ce projet ambitieux » devant permettre « d’améliorer la qualité et la sécurité des prises en charge » de la population ainsi que sa fierté de son emplacement à Combani, « ville dynamique, en plein essor économique […] lieu de rencontre privilégié par l’ensemble des acteurs et de la population ».
Le futur écosystème de Combani en gestation
Au regard de l’écosystème spécifique sur le point d’émerger dans le village, qu’il s’agisse du futur centre commercial, d’une école primaire d’une capacité d’accueil de plus de 1200 places ou encore la construction de plus de 500 logements, François Braun s’est dit « impressionné mais pas surpris ». « Vous intégrez l’hôpital dans une politique de la ville […] avec la scolarisation, des logements qui vont permettre de créer cette attractivité encore plus forte », s’est exprimé l’ancien patron du syndicat SAMU-Urgences de France. Concernant les problématiques récurrentes de l’île en matière de foncier, le ministre a rappelé que « comme l’a dit M. le préfet, la préfecture coordonne les réflexions autour de ce foncier, de ce qu’il va y avoir autour de cet hôpital », avant de poursuivre, « le foncier c’est aussi le rôle des communes, du Conseil départemental de le fournir », et d’ajouter que chacun « participe à cette réorganisation ou cette organisation du système de santé à Mayotte ».
La territorialisation de l’offre de soins
Le ministre a par ailleurs assisté à la présentation conjointe du directeur général du Centre Hospitalier de Mayotte, Jean-Mathieu Defour, ainsi que du directeur de l’Agence Régionale de Santé, Olivier Brahic, concernant le renforcement de l’offre hospitalière et la territorialisation du système de santé Mahorais. A terme, le 101e département sera constitué de cinq bassins de santé (secteurs de Petite-Terre, Est, Nord, Centre-Ouest, Sud) ayant chacun sa propre communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Cette structure vise à aider les professionnels de santé à mieux structurer leurs relations et mieux se coordonner afin de répondre aux enjeux de santé de la population. Par ailleurs, dans chaque bassin de santé, les associations de santé seront fédérées pour apporter de la cohérence à l’ensemble. Outre la construction du second hôpital, l’offre de soins à Mayotte sera également complétée par la création de deux cliniques privées à Chirongui et à Sada. Le ministre, à ce titre, a salué la « complémentarité entre le public et le privé ».
« La santé de la femme, la périnatalité, les enfants sont un sujet important sur l’île »
Certes des inquiétudes subsistent quant à l’évolution du contexte migratoire à Mayotte ainsi que des besoins de la population « un peu en totale opposition avec ce qui se passe sur le reste du territoire national où on est plutôt à travailler sur les personnes âgées, les EPHAD ». Si une structure d’accueil des personnes âgées est prévue sur le site du second hôpital, il a précisé « que la santé de la femme, la périnatalité, les enfants sont un sujet important sur l’île ». Rappelant que les territoires ont chacun des exigences qui leurs sont propres, « c’est pour cela que je veux aller sur le terrain pour voir leurs spécificités puis adapter les réponses », le ministre a précisé qu’au regard du contexte de l’île, la priorité à Mayotte est de « construire cette organisation de la santé qui vient de nous être indiqué, avec une organisation qui répond aux besoins de santé territoriale sous la supervision du CHM en associant le public et le privé ». Vaste programme.
Pierre Mouysset