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mardi 19 mars 2024
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Agriculture – Avec le GDS 976, l’élevage sort les pattes de la gadoue

L’agriculture est vivrière à Mayotte, et l’élevage ne fait pas exception, ce qui contraint l’ambition d’un abattoir. La mort de la COOPADEM a obligé à une restructuration de la filière, qui envisage désormais un avenir plus serein.

Ce 21 octobre 2022, le tribunal prononçait la cessation définitive de paiement de la COOPADEM, et transmettait une publication à destination des éventuels créanciers. Dès 2020, l’existence d’un passif important, notamment lié à l’absence de paiement des charges sociales, avait fait plonger la Coopérative agricole des éleveurs mahorais présidée par Mohamed Boinahery. Elle avait comme mission la gestion de conseiller les éleveurs, d’effectuer un suivi sanitaire et de gérer les négoces des produits issus de l’élevage.

Difficile de se passer d’une telle structure donc, il a été décidé de monter un Groupement de Défense sanitaire (GDS), à l’image de ce qui se fait ailleurs en France. Il reprend les missions de conseil et de formation de feue la COOPADEM, avec notamment une épidémiosurveillance, appuyée par les vétérinaires, sur les maladies de la Fièvre de la vallée du Rift, la tuberculose, le suivi de la vaccination contre le charbon*, le travail sur l’insémination artificielle, ou l’accompagnement des vétérinaires dans le suivi des cheptels. Et selon Philippe Gout, directeur de la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF), on est sur le bon chemin, « la structure fonctionne bien. L’Etat leur délègue des enveloppes pour des missions bien précises, comme la déclaration PAC, elles sont correctement menées ».

Prise de température sur un veau dans le cadre du suivi vétérinaire

Aller chercher des puces sur la tête

Premier président du GDS 976, Mohamed Boinahery a laissé les manettes à Ahmad Abdou Madi. Fort de 298 adhérents, ce dernier nous explique ses objectifs : « Outre assurer la continuité de mon prédécesseur, je cible la structuration de l’élevage, qui n’en est qu’à ses balbutiements. » En dehors des cotisations des éleveurs membres, il peut compter sur un accompagnement du conseil départemental à hauteur de 200.000 euros par an. Une maison qu’il connaît bien pour avoir été conseiller général de Tsingoni de 1994 à 2008. Il évoque deux de ses axes prioritaires.

Sans surprise, le vol dans les exploitations est la première préoccupation, et il en sait quelque chose : « J’avais 13 têtes dans mon exploitation, je n’en ai plus que 9, les autres ont été volées. Pour l’instant, rien n’est mis en place pour contrer ça. Nous réfléchissons à mettre des puces au bétail comme pour les baleines. J’ai demandé au conseil départemental un appui de leurs gardes et aux maires d’exiger que celui qui veut vendre ou égorger un zébu, se fasse connaître auprès de la municipalité. » Il appelle les éleveurs à déposer plainte systématiquement.

Deuxième objectif, se doter d’un abattoir : « Les abattages se font un peu partout sans que les éleveurs sachent ou jeter les déchets. Il faut répondre à de meilleures règles sanitaires. »

Des mini-élevages

Découpe de zébu pour l’Aïd sur le bord de route faute de mieux (Photo JDM)

Cela fait partie des chimères de l’île, un équipement compliqué à mettre en place en l’état, nous confie Philippe Gout : « Un abattoir doit être proportionnel au cheptel. Or, en métropole, seuls les gros s’en sortent, les petits sont tous déficitaires. Aujourd’hui, avec 500 tonnes par an à abattre à Mayotte, c’est insuffisant. » A l’image du tissu entrepreneurial, les élevages de bovins sont de petite taille sur l’île, « le plus gros élevage compte environ une quarantaine de têtes, la moyenne est de 3 ou 4 animaux. » Le prix d’un bovin se situe entre 5.000 et 6.000 euros, c’est très cher.

Les élevages restent destinés à la consommation familiale, voire du village, mais de là à nourrir l’île, il y a un grand pas : « L’abattoir doit être adapté au territoire. Nous continuerons donc de toute façon à importer de la viande fraîche. » L’abattoir idéal pourrait être mobile, une idée qui fait son chemin, mais qui dépend là encore de la vision qu’a le territoire de son agriculture. Pour l’élevage par exemple, et étant donné la préservation du foncier pour les aménagements, il est difficilement envisageable de couvrir le petit territoire de champs de plantes fourragères destinées à nourrir des exploitations intensives de bovins.

Et quand on sait que la structuration récente de la filière volaille permet de couvrir 2,5% de la consommation seulement, on a une petite idée de l’effort qui attend les zébus pour se reproduire.

Surtout qu’il faut d’abord dénouer les contraintes touchant au vol du bétail, comme l’évoquait Ahmad Abdou Madi.

Avec le redressement de la Chambre d’agriculture qui n’est plus sous tutelle lui permettant de commencer à émerger aux fonds européens, la structuration des éleveurs en GDS ouvre des perspectives pour les éleveurs, et c’est l’Etat à travers la DAAF qui le dit : « Nous sommes optimistes pour l’agriculture mahoraise, nous avons des interlocuteurs qui montent en capacité, et les jeunes commencent à s’installer. »

Anne Perzo-Lafond

* Le charbon est une maladie d’origine bactérienne qui touche principalement le bétail mais qui peut se transmettre à l’homme

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