« Merci de croire en nous ». La sincérité prédomine dans les remerciements de ses jeunes volontaires, regroupés devant l’aéroport Marcel Henri, à quelques heures de prendre l’avion pour le Kenya. Pendant cinq semaines, les 8 personnes vont se former en immersion dans des hôtels 4 et 5 étoiles et évoluer dans un environnement entièrement anglophone. Il s’agit pour eux de s’approprier les gestes de l’hôtellerie et de la restauration de luxe. Une étape à franchir afin d’être employable d’ici mars 2023 et ainsi espérer participer au « Salon de recrutement équipage Yachting », à l’occasion de la semaine de l’emploi maritime de mars 2023.
Un projet indéniablement ambitieux
Stéphane Gouy, conseiller Pôle emploi chargé du secteur économie bleue et maritime et initiateur du projet, les accompagne pour un dernier briefing : « ça ne va pas être évident pour celles et ceux qui n’ont jamais bougé de Mayotte, je ne vous le cache pas. Mais il faudra être costaud, il va falloir s’entraider », avertit-il. L’enjeu est de taille à l’instar du projet. Soutenu financièrement par L’Agence De l’Outre-mer pour la Mobilité (LADOM) et le Conseil départemental, il ambitionne de former des stewards et stewardess, spécialisés afin de travailler sur des bateaux de plaisance luxueux, les yachts tout en faisant de Mayotte une référence reconnu depuis la métropole dans ce domaine.
Le yachting, un secteur d’une exigence rare
Depuis la crise sanitaire, ce secteur de niche hautement élitiste peine à recruter des candidats alors que la demande, elle, ne faiblit pas. « On a eu une réflexion avec des collègues de métropole qui cherchaient à embaucher mais qui ne trouvaient pas. Je leur ai dit qu’à Mayotte nous avions des personnes de qualité et motivées », témoigne Stéphane Gouy.
Une fois de retour à Mayotte, les membres du groupe passeront le « certificat de formation de base à la sécurité leur conférant le droit d’exercer leur métier de stewards sur un bateau », renseigne le conseiller Pôle emploi. Une fois la certification en main, les volontaires prendront la direction de la faculté des métiers hôteliers de Cannes. Cette dernière dispense un certificat de qualification professionnelle pour l’hôtellerie embarquée « reconnue par la Fédération des industries nautiques ainsi que par les professionnels du yachting ».
« Tout a été conçu pour avoir des échappatoires »
Néanmoins partir au Kenya, ou recevoir le certificat de l’école maritime de Mayotte ne sera pas automatiquement synonyme d’intégration de la faculté de Cannes. Sur ce point, Stéphane Gouy se montre intransigeant : « je fais un point très précis après chaque étape pour valider qui peut continuer ou pas ». Une nécessité, selon lui, au regard de « l’exigence du secteur du yachting » mais aussi du ballon d’essai que constitue cette première promotion. Il s’explique : « je préfère envoyer cinq personnes et avoir une réussite conséquente plutôt que d’envoyer tout le monde et que l’on se plante ».
Néanmoins, ceux et celles qui ne se verraient pas poursuivre l’aventure bénéficieront de la montée en compétence acquise durant la formation. « Tout a été conçu pour avoir des échappatoires », rassure le père du projet. Les personnes pourront également repostuler l’année prochaine où tout simplement s’orienter vers le secteur des croisières classiques.
Ce projet inédit est loin d’être le seul. Dans l’avenir, Stéphane Gouy souhaiterait développer des formations de pêcheurs en lien avec la Bretagne afin de professionnaliser la filière à Mayotte. Tout l’enjeu est de favoriser le retour d’expérience et de contribuer à « l’économie bleue à être la locomotive du développement de Mayotte ».
Pierre Mouysset