C’est une première dans les salles de classe de Mayotte, puisque 144 d’entre elles parmi 48 établissements de la CADEMA se verront bientôt dotées de capteurs, et feront l’objet de prélèvement. L’objectif ? Tester l’air ambiant pour y détecter la présence de trois polluants : le CO2, le Benzène et le Formaldéhyde. 432 échantillons seront prélevés, au cours de deux années de campagne de mesure. C’est là le sujet de la convention signée entre Hawa Mayotte et la Communauté d’agglomération Dembéni Mamoudzou ce lundi. Et ce, avec deux objectifs distincts.
Le premier s’inscrit dans la lignée de la volonté de la CADEMA de répondre à l’un des objectifs fixés par son Plan Climat Air Energie Territoire (PCAET). Celui-ci vise ainsi à garantir une bonne qualité de l’air à Mayotte, à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments publics de la Communauté d’agglomération.
Le second objectif relève d’une mise en conformité légale. Depuis la loi du 12 juillet 2010, il est désormais obligatoire de surveiller périodiquement la qualité de l’air dans certains établissements recevant du public, tout particulièrement ceux accueillant des populations sensibles ou exposées sur de longues périodes comme les écoles maternelles et élémentaires.
Une conformisation bien tardive, face à une problématique rarement prioritaire dans les politiques publiques. Comme l’explique Bruno Brouard Foster, directeur de Hawa Mayotte, « avant 2015, la question de la qualité de l’air était peu connue, d’autant plus dans les politiques publiques ».
Mieux vaut tard que jamais donc, pour cette convention qui aura de plus eut le mérite de mettre en lumière le manque de conformité des autres établissements de l’île. Un élément déclencheur pour les autres intercommunalités ? A noter toutefois que face au manque récurrent de salles de classe et leurs aménagements parfois spartiates sur le territoire, il semble compréhensible que la problématique de l’air ne s’impose, à Mayotte, pas en priorité.
Pourtant, sur le plan sanitaire, la question reste fondamentale. Hawa Mayotte et la CADEMA rappellent que « la qualité de l’air que nous respirons peut avoir des effets sur la santé et le bien-être, depuis la simple gêne (olfactive, somnolence, irritation des yeux et de la peau) jusqu’à l’apparition ou l’aggravation de pathologies aigues ou chroniques : allergie respiratoire, asthme, cancer, intoxication mortelle ou invalidante, etc. ».
Dans son rapport de 2021, Santé Publique France conclut « que la mortalité liée à la pollution de l’air ambiant reste un risque conséquent en France avec 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines (PM2,5) ». Des chiffres qui, l’air de rien, font réfléchir.
Mathieu Janvier