« Nous sommes réunis ce jour pour une cause noble : assurer l’accompagnement des personnes atteintes du cancer ». Des propos introductifs, de la part du traducteur du Grand Cadi, qui n’ont pas manqué de rappeler l’objectif de la signature de la convention avec l’Association des Soignants contre le Cancer (ASCA) et l’Association Mahoraise pour la Lutte contre le Cancer (AMALCA) : mutualiser les ressources respectives des différents acteurs et agir suivant leurs compétences.
Accroître la résilience du malade face au cancer
Certes, si la population de l’île est musulmane pour une très grande majorité, le Grand Cadi a souligné dans sa prise de parole que toute les confessions seraient prises en considération à partir du moment où un patient atteint de la maladie en ferait la demande. L’aumônier régional Said Ali Mondroba, dans sa prise de parole, a ainsi explicité son rôle d’interface entre le corps médical et les patients atteints de la maladie et qui souhaiteraient faire appel à la spiritualité. Grâce au partenariat avec le Conseil Cadial, les présidentes des deux associations espèrent améliorer le relais auprès des malades.
« Quand le malade est écouté et qu’il a la possibilité de parler, cela améliore l’acceptation de la maladie tout en permettant aussi de le rassurer sur les modalités du traitement », explique Nadjilat Attoumani, présidente d’AMALCA. En effet, selon elle, « il peut y avoir un décalage entre les mots utilisés par les médecins et la réalité vécue par les patients ». Démystifier la chimiothérapie, apporter des réponses aux peurs et angoissent mais aussi lutter contre la dépression des patients sont autant d’actions menées par les deux associations signataires sachant que pour beaucoup de ces personnes, « la religion devient un refuge ». Les familles des malades, bien souvent démunis ou désemparées face à la maladie bénéficient aussi d’une écoute, où l’empathie est au cœur de la démarche.
Lutter contre la dépression des patients
Concernant la lutte contre la dépression, Anrifia Ali Hamadi présidente d’ASCA abonde : « nous distribuons des kits de voyage pour les patients partant en EVASAN composés d’affaires de toilette mais aussi de vêtements et de livres ». Un réconfort, selon elle, pour les personnes devant quitter leur famille souvent dans la précipitation et sans forcément connaître leur date de retour. Avec cette convention, le Conseil Cadial s’est engagé à apporter son aide pour l’acquisition et le stockage du matériel composant ces kits de voyages ; un renfort logistique de taille.
Cette convention contribue à faire apparaître un large champ d’espoir. « Avec cette convention, on attend un meilleur accompagnement des malades, une libération de la prise de parole afin de briser les tabous liés à la maladie », escompte Nadjilat Attoumani. A ce titre, la pédagogie tient une place prépondérante notamment dans la rationalisation du cancer. « Certains patients vont voir les marabouts car ils pensent que la maladie provient d’un mauvais sort », constate Anrifia Ali Hamadi, présidente d’ASCA. Une pratique pouvant détourner les malades des spécialistes à même de véritablement les guérir. Sur ce point, le Grand Cadi Mahamoudou Hamada Saanda a insisté, comme le rapporte son traducteur, sur la nécessité « pour les malades atteints du cancer d’aller chez les spécialistes pour se soigner » et de « ne pas aller voir les marabouts ».
Pierre Mouysset