Si la problématique de la collecte des déchets en outre-mer s’apparente à un véritable casse-tête, à tel point que la délégation sénatoriale aux Outre-mer s’est emparée du sujet dans le cadre de la rédaction d’un rapport dont les conclusions sont attendues d’ici novembre prochain, elle est indissociable de la qualité de vie et de la santé publique des habitants.
Un recyclage visant un public spécifique
A ce titre, la gestion des déchets perforants, liés aux activités de soins à risques infectieux et assimilés (DASRI) utilisés par les particuliers, font l’objet d’un canal de collecte distinct de celui des professionnels de la santé. Dans ce cadre, la DASTRI, en tant qu’éco organisme national de collecte et de traitement, récupère ces déchets spécifiques afin de les traiter. Deux catégories de bénéficiaires sont ainsi concernées qu’il s’agisse des « patients en auto-traitement et les utilisateurs d’autotests de diagnostic des maladies infectieuses transmissibles », renseigne le site internet de l’organisme. Pour assurer cette collecte, le patient s’oriente vers sa pharmacie qui lui fournira une boite spécifique afin de jeter ses DASRI. Une fois pleine, le patient la retourne à la pharmacie qui se charge du stockage jusqu’à ce que la DASTRI organise les collectes.
Le stockage à la charge des pharmacies
Ce stockage a pu se révéler problématique pour certains praticiens de l’île en immobilisant une partie de leur surface d’exploitation, au profit de déchets se révélant dangereux pour les employés des officines. Leurs proportions ont été d’autant plus conséquentes qu’à titre exceptionnel, la DASTRI a pris en charge, à la demande du ministère de la Santé, les déchets liés aux tests de dépistage et aux vaccins Covid réalisés par les pharmacies. Ainsi, certaines officines de l’île se sont retrouvées à stocker plus d’une dizaine de cartons, ou de poubelles de déchets, en raison de la perturbation de la collecte durant la pandémie.
Toutefois, depuis le 31 août de cette année, ce dispositif de collecte spécifique lié au test de dépistage et au vaccin Covid a pris fin avec les pharmacies ; ces dernières devront organiser elles-mêmes la collecte et le traitement de ces déchets spécifiques. Néanmoins au regard de la situation, l’éco-organisme a proposé une prestation jusqu’à la fin de l’année, des discussions étant en cours au niveau national avec les représentants des pharmaciens.
Un taux de collecte de DASRI anormalement élevé
A Mayotte, la société TILT prévoit deux campagnes de collecte pour le compte de l’éco-organisme. Cette rotation est, selon une responsable de la DASTRI, en accord avec la réglementation du code de la Santé prévoyant une collecte semestrielle en dessous de 180 kg de déchets générés, par an, par pharmacie. Si dans le 101e département, le gisement de référence, correspondant au poids de l’ensemble des dispositifs médicaux perforants – avec ou sans électronique – représente 550 kilos, le taux de collecte atteint les 200 % soit une tonne nette de DASRI, c’est-à-dire sans la prise en compte des emballages, est ainsi récupérée.
Pour la responsable de l’éco-organisme interrogée, cette situation s’explique par la présence de déchets médicaux autres que ceux utilisés dans le cadre d’une pratique d’auto-traitement. Une problématique, selon elle, dans la mesure où la DASTRI n’a pas la responsabilité de gérer les déchets des professionnels de santé. Cette situation s’explique par le coût économique, un professionnel de santé devant s’assurer lui-même de la collecte de ses déchets et de leurs éliminations. Ainsi, la seringue d’insuline réalisée sur un patient à son domicile par un professionnel de santé ne devrait pas, en pratique, terminer sa course dans la boîte de récupération à destination du particulier.
Un traitement des déchets hors du département
N’ayant pas de possibilité de traitement local, les déchets collectés à Mayotte sont envoyés à La Réunion. Ces derniers subissent alors un prétraitement par désinfection avant d’être stockés en enfouissement. Concernant les déchets d’activité de soins à risques infectieux incluant des composants électroniques, tels que les capteurs de glucose en continu, un nouveau circuit de traitement spécifique, prévoyant des boites de collecte de couleur violette pour les différencier des autres résidus, est en passe de voir le jour. Cette démarche permettra, selon la responsable, d’assurer leur recyclage distinctif. Si pour certains pharmaciens ce système de collecte tend à être amélioré, chacun s’accorde pour affirmer que la récupération de ces déchets répond à un enjeu sanitaire pour la population en évitant qu’il ne se retrouve dans des conteneurs en bord de route.
Pierre Mouysset