Rancœur, vengeance et rivalité entre bandes semblent être à l’origine du cocktail explosif ayant conduit à la tentative d’assassinat du jeune Dayane, alias « Pilou ». En mai 2016, l’élève a été violemment pris à partie par deux individus pénétrant de force dans le bus scolaire à l’arrêt Croix Rouge de Passamainty.
Un déchaînement de violence
Alors que le premier agresseur s’acharnait sur lui à coup de couteau visant la partie supérieure de son corps, notamment le thorax, le second n’a pas hésité à faire usage de son bâton pour le frapper ; les autres membres du groupe d’agresseurs faisant le guet autour du véhicule. Malgré la violence de l’agression, la victime parviendra à s’en sortir après une prise en charge par le service réanimation du Centre Hospitalier de Mayotte. Aussi, c’est au titre du chef d’accusation de « tentative d’assassinat » que comparait le présumé Pablo tandis que ces prétendus complices le sont au titre de « complicité de tentative d’assassinat ».
Au commencement de ce déchaînement de violence, un différend en marge de l’événement « Battle of the year » de mai 2016. Une irrémédiable logique de vendetta s’est peu à peu instillée chez le futur assaillant de Dayane. Lors de l’audience du jour, la salle apprendra qu’il y avait eu « des tentatives d’approche » de Pilou avant son agression.
Flou et imprécision à la barre
Si les dépositions de certains des prévenus, lors de leur passage devant le juge d’instruction, fourmillent de détails, devant le président la confusion domine sans partage. D’ailleurs, il ne manque pas de le faire remarquer à l’un des individus à la barre: « comment peut-on être aussi précis devant le juge d’instruction et être aussi flou aujourd’hui ? ». Pour d’autres, les propos restent des plus lapidaires pour décrire la scène à l’instar de ce témoignage : « c’était un mercredi après la sortie de l’école. On est allé à Passamainty. Le bus est arrivé. Je me suis caché dans le banga à côté de l’arrêt Croix Rouge et ensuite je me suis directement enfui ». Pourtant, lors de son passage devant le juge d’instruction, l’individu avait révélé que « Pablo voulait tuer Pilou », indiquant que ce dernier « avait indiqué que le mieux serait de le sortir du bus et de l’amener dans la forêt ».
Mais, à la barre, la mémoire flanche. A tel point que pour l’un des avocats, la question se pose de savoir « si le poids du groupe n’atténue pas la liberté de [sa] parole ». « D’une manière ou d’une autre, êtes-vous sous pression ? », questionne l’avocate. La réponse est pour le moins confuse : « je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu’eux pensent. Je ne sais pas s’ils me traiteront de balance ». Pour l’heure, difficile d’entrapercevoir le rôle de chacun tant les eaux profondes de la responsabilité restent troubles. Le tribunal a néanmoins jusqu’à jeudi pour sonder la vérité et en faire jaillir la lumière.
Pierre Mouysset