Violences : les collectifs et le RN continuent à interpeller, sans véritable succès

C'est à la fois une critique de l'absence de réactions des autorités après les violences de ce week-end et à la fois un appel à l'aide, que lance le Collectig Ré-MaA dans un communiqué "Stop à l'indifférence face à la crise sécuritaire". Un énième appel à l'aide. Le RN est sur le même registre.

Le dernier communiqué du collectif Ré-MaA, dont l’objectif affiché est d’œuvrer dans l’intérêt des mahorais « afin de lutter contre les inégalités, les injustices, l’insécurité » et autres, illustre l’écart que nous évoquions lors de la visite du ministre de l’Intérieur : l’écart entre les annonces d’effectifs supplémentaires sur le mode « on en fait beaucoup », et le quotidien de la population dont les sorties sont régulièrement menacées par des caillasseurs et autres barragistes pyromanes.

Ce lundi, c’est en journée que les violences étaient perpétrées à Koungou.

Encore une fois, les collectifs, dont l’un écrit depuis La Réunion, en appellent « aux autorités », qui « continuent de minimiser la situation tandis que des drames que cela soit du côté de la population ou des forces de l’ordre ont lieu tous les jours », commis par des « terroristes récidivistes » qui « n’hésitent plus à brûler des voitures et des maisons ». Ce week-end, les policiers ont reçu des salves de cailloux en intervention, huit ont été blessés, sans gravité heureusement.

Les habitants qui n’ont pas pu sortir ce samedi soir, nous interpellent, « pourquoi laisse-t-on pourrir la situation ? »

A chaque évènement son lot de réactions, et de demandes de mesures coercitives. Réagissant aux violences du week-end, le Rassemblement national reprend la terminologie du Ré-MaA, et évoque « un département français laissé aux mains des terroristes », et fustige l’absence de réactions des autorités parisiennes ou préfectorales « suite à ce chaos »: « Au lieu d’agir pour sauver les outremers, Emmanuel Macron préfère organiser un « diner de travail » en invitant les élus ultramarins pour blablater et finir par les endormir encore une fois, pendant ce temps et au même moment Mayotte est en feu. »

Darmanin, Mayotte
Le ras-le-bol de la violence s’était exprimé dans la rue à Mayotte en 2020

Le Rassemblement National lance lui aussi « un appel » à aux ministres Carenco et à son référent Darmanin, « pour leur rappeler que le mahorais ont droit comme tous ceux des départements Français à la sécurité, à circuler librement et de dormir paisiblement. »

Douze revendications, dont la plupart figuraient déjà à la synthèse des Etats généraux de la Sécurité, avaient été remises à l’ex-ministre des Outre-mer par les collectifs de citoyens, et sont rappelées dan un communiqué post violences de ce week-end. Certaines sont en réflexion, comme le déploiement de base militaires afin de prévenir les arrivées de kwassa, comme à l’îlot Mtsamboro, l’installation d’un Palais de justice, la mise en place d’un Centre éducatif fermé pour les mineurs délinquants, le renforcement des patrouilles notamment nocturnes et l’éclairage public, renforcer les forces de l’ordre. Il faut déjà boucler celles-ci.

D’autres n’ont pas reçu l’approbation du gouvernement comme la fin des séjours spécifiques à Mayotte, sous prétexte d’un appel d’air supplémentaire, ou l’adhésion à l’espace Schengen.

La mise en place d’une coopération juridique avec les Comores touche à un autre domaine, celui d’un plan de développement plus vaste en faveur des îles voisines, 150 millions sur 3 ans, en cours depuis 2020, dont il faudrait faire un point d’étape.

Pas de solutions en local dans cette liste. Pas un mot sur la parentalité ou le déficit d’éducation des personnes qui ont accepté de prendre en charge des enfants quand les parents ont été expulsés. Si on compte sur des forces de l’ordre opérationnelles et en nombre, car il est inacceptable que des habitants restent terrés dans une maison en flammes, attendre tout du gouvernement serait cependant une erreur, et surtout un échec, le constat est là. Il faut donc être force de proposition de prise en charge de jeunes errants dans chaque quartier. C’est notamment l’objectif de la toute jeune prévention spécialisée du conseil départemental qui n’a pas encore porté ses fruits. Le maire de Mamoudzou est en train de réfléchir à des solutions appropriées, cela doit être le lot de chaque commune.

A.P-L.

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Semaine mondiale de l’allaitement maternel du 1er au 7 août 2025 à Mayotte

Une mobilisation pour sensibiliser à l’importance de l’allaitement maternel.

Port de Longoni : une nouvelle couche avec la décision de l’Autorité de la concurrence ?

Après la résiliation de la Délégation de Service Public ordonnée dans un an par la justice, l’Autorité de la concurrence doit se prononcer "d'ici la fin de l'année" après que son rapporteur a notifié deux griefs : l’abus de position dominante, et des conditions « inéquitables » d’exercice imposées aux importateurs mahorais

Passamaïnty : aux Manguiers II, la violence s’installe, les habitants s’effondrent

Dimanche 20 juillet, des hommes armés ont forcé le mur d’un particulier, déclenchant une vague de peur dans cette résidence déjà marquée par l’insécurité.

Après Chido, le Jardin d’Imany reprend vie avec le retour des visiteurs

À Combani, le Jardin d'Imany, réputé pour sa production et sa distillation artisanale d’ylang-ylang, a rouvert ses portes aux visiteurs le 5 juillet, après avoir traversé des mois difficiles suite au cyclone Chido. Le site a fortement souffert, avec des dégâts importants sur ses plantations, ses arbres fruitiers, ses ylangs, ainsi que sur l’abri qui offrait de l’ombre aux visiteurs. Son gérant, Anwar Soumaila Moeva, compte sur la reprise des visites pour maintenir son activité, malgré une saison de récolte écourtée.