Le jeudi 21 juillet, c’est en présence des services de la DAAF (Direction de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts) et du Conseil départemental que s’est tenue la première assemblée générale du groupement des producteurs bovins de Mayotte.
« Cet évènement est un peu l’aboutissement d’un travail programmé antérieurement, puisque prévu dans le contrat objectif et performance que la Chambre signe avec le Conseil départemental et l’Etat » explique Bastien Chalagiraud, directeur-adjoint de la DAAF.
L’initiative fait ainsi partie des orientations définies pour « mieux structurer la filière bovine sur le territoire, qui est un peu à l’abandon pour l’instant avec les difficultés de la COPADEM » explique le directeur-adjoint, évoquant la coopérative d’éleveur en difficulté financière et liquidée il y a quelques années.
« Il y avait un besoin que les éleveurs bovins se concertent, se regroupent pour discuter de ce qu’ils souhaitent faire ou apporter à la filière reprend Bastien Chalagiraud. » Il va falloir qu’ils définissent eux-mêmes une stratégie et un programme d’actions. Plusieurs axes pourraient être portés » explique-t-il. La question des abattoirs bovins, encore inexistants sur le territoire à ce jour, devra être abordée. S’il existe différents projets, à l’instar de celui porté par la Communauté de Communes du Sud, il faudra que la filière bovine soit structurée : l’organisation est de mise en ce qui concerne les collectes d’animaux, les conditions d’abattage, le modèle économique, etc…
Autre axe potentiel : la question de l’identification des animaux. M. Chalagiraud explique que face à ces difficultés, la CAPAM n’assurait plus cette mission, reprise temporairement par l’Etat à la suite d’un audit. « On arrive à la fin de ce processus et l’année 2023 va voir le transfert progressif de cette mission à la Chambre. Donc regrouper les éleveurs bovins au sein d’une association pourra aider au mieux à définir les modalités d’identification et de délivrance des passeports ». Il s’agira également de tenir compte des contraintes locales : déplacement des animaux, accès aux parcelles agricoles morcelées et parsemées sur le territoire, etc.
Le directeur-adjoint de la DAAF reprend : « le groupement peut aussi faire la promotion auprès de la population de l’importance de l’identification, et indiquer aux consommateurs de ne pas acheter des animaux non élevés par les éleveurs identifiés ». Le groupement des producteurs bovins peut ainsi s’attribuer un rôle d’interface avec le public, une mission de sensibilisation.
Préserver les zébus de Mayotte
Autre volet évoqué : la conservation de la race zébus. Celle-ci fait l’objet d’un programme en lien avec le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Le groupement des producteurs pourra ainsi, selon notre interlocuteur, contribuer à l’identification des zébus (dont les caractéristiques précises étaient établies lors de la reconnaissance de la race en 2018), et permettre, en cas de besoin, la mise en place de dispositifs pour préserver la race. « On ne peut pas avoir de défense d’une race animale s’il n’y a pas d’implication des éleveurs » explique Bastien Chalagiraud. L’appui du CIRAD est scientifique et technique, celui des pouvoirs publics est financier, mais la démarche de conservation implique nécessairement des éleveurs au cœur du processus.
Enfin, en termes de retombées économiques pour la filière, il s’agit également de travailler sur les débouchés suite à la mise en place des abattoirs. Le marché de la de viande de zébus est très spécifique sur l’île au lagon, avec une consommation liées aux festivités, mariages, cérémonies, etc. » Il faudra avoir des réflexions qui permettraient d’aboutir à ce que ces modes de consommation soient fait dans un cadre règlementaire qui correspond aux normes ». Une avancée pour tout le monde qui permet aussi de lutter contre les vols, avec des viandes tracées et suivies.
Le groupement des producteurs bovins s’impose ainsi en une première phase, avec l’idée latente que plus d’éleveurs viennent s’inscrire dans cette dynamique, ce qui s’avère être dans leur intérêt : « se regrouper permet d’avoir plus de poids pour discuter avec les institutions et autres partenaires » conclut le directeur-adjoint de la DAAF.
Mathieu Janvier