Il fut l’un des thèmes forts de la campagne, et avec l’inflation tenace, il va falloir des mesures adaptées pour que ce pouvoir d’achat qui fait l’objet d’un projet de loi, soit maintenu de façon équitable pour tous les citoyens. Arrivant au calendrier de l’Assemblée nationale le 18 juillet, il va être le premier à tester la pugnacité des nouveaux – et anciens- députés.
Issa Issa Abdou avait postulé, il n’a pas été retenu par la vox populi, il n’en est pas moins force de proposition et écrit à la 1ère ministre en tant qu’ancien VP du conseil départemental et membre du Mouvement pour le Développement de Mayotte (MDM).
Avec ses 5% de hausse des prix sur ces 12 derniers mois, Mayotte voit les produits essentiels de moins en moins abordables pour une population au taux de pauvreté de 77%, avec des allocations à 50% du national. C’est cette situation que détaille l’ancien vice-président chargé de l’Action sociale, qui rappelle que le niveau de retraites moyennes à Mayotte est de 270 euros par mois, et nous pourrions rajouter qu’après une carrière complète et quelque soit le niveau de rémunération, elle n’excède pas 700 euros.
En rappelant que les prix de l’alimentation se sont envolés de 6,4%, dont les produits frais, +19,6%, que la hausse de ceux de l’énergie caracole en tête des régions de France, +26,5%, et ceux du transport aérien, +30%, l’ancien élu interpelle Elisabeth Borne, « Il est Urgent que Mayotte fasse l’objet de mesures spécifiques dans le projet de loi « pouvoir d’achat » actuellement en cours d’élaboration ».
L’heure de la retraite a sonné
Il vise ainsi 7 mesures. La première porte sur « une indemnité carburant pour tous les Mahorais qui sont obligés d’utiliser leur voiture pour aller travailler », faisant ainsi écho à l’annonce ce lundi par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire d’une indemnité carburant pour ceux qui vont travailler en voiture.
Vient ensuite un taux d’octroi de mer à zéro pour les produits de première nécessité, « ceux figurant sur le bouclier tarifaire actuel, gaz de cuisine, huile, riz, poulet et viande rouge importés ». Rajoutons qu’une validation des maires sera évidemment indispensable, qui bénéficient de cette recette. D’autre part, on a vu que sans contrôle de son impact, la mesure ne sert qu’a accroitre les bénéfices des distributeurs.
Il s’agit aussi de « revaloriser les petites retraites, « à hauteur de 1 200 euros dans l’esprit de l’engagement du Président de la république lors de la dernière l’élection présidentielle au nom de la solidarité nationale ». Les retraites doivent devenir un sujet central à Mayotte, les jeunes rechignant à s’investir sur le territoire notamment pour cette raison.
Un projet de loi peut en absorber un autre
Dans la même veine, un calendrier précis de l’alignement des prestations sociales et du salaire minimum de croissance net servis à Mayotte est demandé dans le projet de loi « pouvoir d’achat », « le SMIC brut à Mayotte est inférieur de 20% à celui de Métropole et la plupart des prestations sociales sont minorées de 50% par rapport aux autres départements français alors même que le cout de la vie et le plus élevé ».
Il demande également « la majoration du futur chèque alimentation pour Mayotte compte tenu du violent impact de l’inflation sur le cout de la vie ».
Issa Abdou invite aussi à programmer une trajectoire de dépenses pour restructurer les filières pêches et agricoles de Mayotte « pour que, in fine, notre île tende vers l’autosuffisance alimentaire ». On a vu les difficultés rencontrées par la section pêche maintenue par dérogation au sein de la CAPAM.
Dernière mesure, sur laquelle plusieurs acteurs travaillent sur le territoire, « créer les conditions d’un co-développement gagnant-gagnant avec la région dans le cadre de fonds INTERREG orienté vers les produits agricoles ».
Ce courrier reste un acte isolé. Comme par le passé, un mémorandum signé par l’ensemble des élus et force de proposition en vue de l’examen de ce projet de loi serait le bienvenu, au regard des défis susnommés.
En résumé, ce projet de loi « Pouvoir d’achat » pourrait intégrer avantageusement le volet économique de feu le projet de loi Mayotte…
Anne Perzo-Lafond